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Tournée du CNRD en Forêt : des leaders de la région se désolidarisent et dénoncent une  »initiative sans mandat communautaire »

« On peut prendre l’exemple du Rwanda. On peut même prendre l’exemple de la France avec le général de Gaulle. Ce sont les militaires qui ont tiré le pays de l’ornière pour le mettre sur les rails afin que les peuples voient l’émergence dont ils ont besoin. Cela voudrait dire que nous, les Guinéens, considérons le général Mamadi Doumbouya comme notre candidat après l’adoption de cette Constitution. C’est le message. Il n’y a même pas d’ambiguïté. Il n’y a pas d’équivoque. Nous, les jeunes, toutes les personnes réfléchies, demandons à ce que le général Doumbouya reste au pouvoir à travers cette élection pour faire avancer la Guinée. »

Tel est le message porté par une délégation de cadres ressortissants de la Guinée forestière auprès des sages de Nzérékoré, au nom du Général Amara Camara, porte-parole de la Présidence de la République, qui les aurait mandatés pour faire passer ce message.

Au lendemain de cette déclaration, des personnalités influentes de la région forestière ont réagi à ces propos transmis aux sages de Nzérékoré en leur nom. Parmi elles, Diabaty Doré, président du RPR, et Abdoulaye Kourouma, président du RRD, ont exprimé leur désapprobation et ont mis en garde ces individus, leur demandant d’arrêter « immédiatement » leur démarche.

« En tant que personnalités influentes, nous ne sommes associés ni de près ni de loin à ces individus, qui n’ont pas reçu de mandat de la part des structures représentatives de notre communauté. La communauté est bien organisée : il y a le bureau des sages, le bureau de coordination et le bureau de la coordination nationale de la jeunesse. Tous ont affirmé aujourd’hui qu’ils n’ont pas été informés ni associés à cette mission qui parcourt actuellement notre région pour parler de politique, pour évoquer une candidature, je ne sais de qui ou de quoi. »

« Nous ne pouvons pas rester indifférents face à cela en tant que personnalités influentes. Nous désapprouvons cette démarche et leur demandons d’arrêter immédiatement, car ce n’est pas dans l’intérêt du pays. Ce n’est pas la communauté qui les a envoyés, ce n’est pas la région qui les a mandatés ; ils agissent en leur propre nom ou au nom de je ne sais qui », a martelé Diabaty Doré.

De son côté, Abdoulaye Kourouma a déclaré que la région forestière a d’autres préoccupations, notamment la libération de ses fils emprisonnés depuis des années.

« Certaines personnes, à la quête de leur pain quotidien, sont instrumentalisées par ceux qui cherchent à conserver leur position dans l’administration. Ils se prêtent à tout. Je pense que la forêt, en général, a d’autres préoccupations que le soutien à qui que ce soit. La forêt a des préoccupations concernant bon nombre de ses fils. Et la Guinée a des préoccupations par rapport à ce qui se passe dans le pays aujourd’hui. Nous, le peuple résilient, pensons que le moment n’est pas propice pour se prêter à ce jeu d’intérêts personnels. Nous voulons rassurer, en tant que personnalités influentes et leaders d’opinion, que la forêt compte au moins six communautés. »

« Il y a les Kissis, qui ont leurs préoccupations, différentes d’un mouvement de soutien. Il y a les Tomas, les Konias, les Pkpèlès, les Konos et les Manos. C’est cela qui compose la forêt, en plus d’autres communautés de Guinée qui y vivent. Chacune de ces communautés a d’autres priorités, notamment concernant leurs enfants, dont certains sont en exil, d’autres en prison depuis deux ou trois ans, sans justice. Si nous avons des priorités aujourd’hui, c’est bien de soutenir nos enfants dans leur situation. Pour l’instant, ce n’est pas un débat. »

« Ce que je peux dire à l’autorité actuelle, c’est que si vous acceptez de marcher avec n’importe qui, n’importe quoi peut vous arriver », a averti Abdoulaye Kourouma.

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