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Tourisme : L’avenir du secteur au menu d’une conférence-débat à Conakry

« Tourisme en Guinée : un levier de développement inexploité », c’est le thème d’une conférence-débat qui s’est tenue mercredi 27 février 2019 à Conakry. Elle a réuni autour des experts du domaine plusieurs personnalités dont les anciens Premiers ministres Lansana Komara et Mamady Youla, avec au menu des sous-thèmes comme le secteur touristique en Afrique et en Guinée : défis et enjeux, ainsi que les opportunités qu’offre le domaine et les stratégies à mener pour sa promotion.

Dans sa communication, le ministre d’Etat, ministre du Tourisme, de l’Hôtellerie et de l’Artisanat a indiqué que la Guinée est la synthèse touristique de l’Afrique de l’Ouest avec la présence de toutes les attractions au pays. Se félicitant de la floraison des hôtels tant à Conakry qu’en provinces, Thierno Ousmane Diallo a reconnu que de nombreux efforts ont été consentis dans ce domaine et que l’Etat ne cesse de susciter l’attrait des partenaires à investir en Guinée. Tout en avouant que la destination Guinée reste très chère. Une situation qui ne favorise pas la meilleure promotion du tourisme.

« Il est plus facile de quitter Paris aller à New York ou à Casablanca que de quitter Bamako et venir en Guinée, parce qu’on est obligé de faire un détour. Et ça coûte extrêmement cher. Tout ça contribue à ralentir le flux touristique », a fait noter le ministre d’Etat en charge du Tourisme.

Aux yeux du ministre des Travaux publics, le thème retenu est paru tout tendancieux et à charge. Mais en tant qu’acteur politique et membre du gouvernement, Moustapha Naïté a jugé utile d’être de la partie et d’étaler son appréhension du sujet. Pour lui, la promotion du tourisme passe nécessairement par la stabilité politique qui en reste le préalable incontesté. C’est pourquoi le ministre Naïté en a appelé à la mise en avant de l’intérêt national et d’œuvrer à vanter les mérites du secteur du tourisme en Guinée.

Investissant en Guinée dans le cadre de la construction d’un hôtel sur le site de l’ancien abattoir de Coleah, Mossadeck Bally, PDG de la chaine hôtelière panafricaine Azalai Hôtel, soutiendra que la Guinée a d’énormes atouts. Tout en regrettant le fait que tout l’espoir du pays soit plutôt reposé sur les ressources minières alors qu’il y a des secteurs importants dont fait partie le tourisme, le conférencier a enseigné que ce secteur reste la première industrie qui emploie plus de personnes dans le monde.

« Le tourisme mondial fait 1,3 milliards de visiteurs par an. Toute l’Afrique n’a attiré que 70 millions en 2017, selon l’Organisation Mondiale du Tourisme. Imaginez un peu le progrès qu’on peut faire. La France, à elle seule, attire chaque année 80 millions de visiteurs. C’est une industrie transversale qui fait travailler toutes les autres industries et dont la matière première provient du pays. Notamment les agences de voyage, les aéroports, les compagnies aériennes, le commerce, l’hôtellerie », a-t-il entre autres cité.

Tout comme le ministre d’Etat en charge du Tourisme, Mossadeck Bally a dit que le billet Bamako-Conakry ne se négocie pas à moins de 300.000 FCFA ( 500 euros). Ayant récemment séjourné à Barcelone via Paris, avec deux heures de vol, l’orateur dit avoir payé 80 euros pour un aller-retour.

« Alors, le touriste qui a un petit budget, il va partir en Tunisie ou en Turquie où il peut passer une semaine pour 300 à 400 euros. Puisque ces 400 euros lui n’achètent pas le billet pour venir à Conakry. Donc, c’est vraiment une politique d’ensemble que le pays doit mener. Car, il y a certains pays africains qui sont des modèles qui l’ont réussi, comme le Maroc qui se trouve aujourd’hui à 12 millions de visiteurs même si l’objectif, c’est d’atteindre 20 millions. Le Kenya l’a réussi. L’Egypte et le Rwanda aussi. Donc, si on veut développer le tourisme, il faut que ça soit une volonté politique au plus haut niveau et que tous les acteurs soient impliqués dans la définition des politiques », a-t-il préconisé.

Par sa part, Ibrahima Dieng du groupe Easy Tours appréhende la thématique sous un angle socioéconomique soumis à la problématique de l’offre et de la demande. Sauf que la mise en valeur des potentialités touristiques se heurte à plusieurs difficultés, dont le manque d’infrastructures routières pour rallier les sites touristiques se trouvant notamment à l’intérieur du pays. D’où sa perception selon laquelle la promotion du tourisme résulte de la volonté de la puissance publique.

Dans l’actuelle Loi des finances, sur 22 000 milliards, le Tourisme n’a que 34 milliards, soit 2%, a fait remarquer Kobélé Keita, vice-président de l’Association patronale du Tourisme, avant de s’interroger sur quels moyens peut-on donner à un ministère du Tourisme d’élaborer et de mettre en œuvre une politique de développement allant dans le sens véritable de la promotion de ce secteur?

Pour un meilleur développement du secteur du tourisme, nombreuses recommandations ont été faites à l’issue des échanges, notamment la réactivité de l’Etat face aux problèmes posés, l’assainissement de l’environnement des affaires et l’aptitude du gouvernement à savoir attirer les investisseurs et les touristes. Une initiative troisième du genre de Guinean Young Professionals Club (GYPC).

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