La détérioration poussée de l’axe Lola-Tounkarata contraint les résidents de la sous-préfecture de Tounkarata et tous les villages environnants à se rendre en Côte d’Ivoire voisine pour vendre leurs produits agricoles, a-t-on constaté sur place.
« Ce que j’aimerais dire, c’est que nous, les femmes, souffrons beaucoup à cause de l’état de la route. Je prends comme exemple mon village Drita Nana, situé à trois kilomètres de Sipilou, en République de Côte d’Ivoire et à 14 kilomètres de Tounkarata. Mais, la route est en mauvais état. En Guinée, tout le monde sait que ce sont les femmes qui aident les maris au foyer. On travaille dans la brousse pour faire du maraîchage et on produit des choses qui sont très chères à Conakry. Les marchands viennent acheter en gros ici pour les distribuer partout en Guinée, même jusqu’à Conakry. C’est très difficile de se déplacer. L’aubergine que les femmes ont récoltée cette semaine, les sacs d’aubergines sont entassés à Drita par manque de route. Les motards qui vont là-bas demandent 25 000 francs pour envoyer un sac à Lola. Les camions et les taxis-brousse ne viennent plus. Maintenant, nous envoyons nos produits en Côte d’Ivoire pour éviter la pourriture ou la perte. Si tu envoies là-bas, tu penses aux habitants de la Guinée qui ont besoin de ces produits à un prix raisonnable. Si ce n’était pas à cause de l’état de la route, pourquoi ne pas servir la population de ton pays ? », a-t-elle déploré.
En parlant des difficultés de sa communauté à Drita, la conseillère ajoute : « il n’y a pas d’infirmier, mais il existe un poste de santé qui a été construit par une association du village. Si tu as un malade et que tu veux l’emmener à Tounkarata, les motards vont te demander un prix exorbitant. Comment vas-tu payer les médicaments si on prend tout ce que tu as ? Ce sont les effets collatéraux de l’enclavement », interpelle-elle. Puis de conclure : « actuellement, les Ivoiriens viennent ici et nous allons là-bas, même à pied. Drita est à trois kilomètres. On se ravitaille en Côte d’Ivoire. De Drita à Sipilou, c’est trois kilomètres à pied, tu vends et tu reviens paisiblement. Il y a une très bonne relation transfrontalière entre nous et les Ivoiriens. C’est le respect mutuel qui existe entre nous dans la paix et l’harmonie. »