A Télimélé, une préfecture située à cheval entre la Basse Guinée et les contreforts du Fouta Djallon, la prolifération des tronçonneuses ainsi que les pratiques agricoles intensives ont conduit à la quasi éradication des gros arbres, même dans les zones normalement protégées telles que les têtes de sources et les berges des rivières, sous le regard impuissant des défenseurs de la nature, pourtant présents sur place.
Outre ces pratiques néfastes, les feux de brousse répétés en pleine saison sèche ont considérablement réduit les espaces verts laissant place à des bosquets et des zones brûlées s’étendant sur des vastes superficies.
A cela s’ajoutent la production de charbon de bois et de briques, ainsi que l’exploitation des carrières, devenues des activités très répandues parmi les citoyens qui y trouvent leur moyen de subsistance.
A ce sujet, Mamadou Atigou Baldé en service à la direction préfectorale de l’environnement et du développement durable a tiré la sonnette d’alarme et interpelle chacun sur la nécessité de sauver ce patrimoine d’une importance incalculable : <<Aujourd’hui nous contribuons à notre propre perte en détruisant l’environnement sans retenue. Autrefois les têtes de sources et les berges des rivières étaient des lieux protégés, mais maintenant bien que la loi l’interdisent les citoyens se permettent tout. Lorsqu’ils sont interpellés, ils vous demandent si c’est vous qui avez planté ou arrosé telle plante. En fin de compte, ils qualifient l’agent de méchant ou tentent de se défendre de diverses manières>>, a-t-il déclaré, pointant également du doigt certains agents qui traitent frauduleusement certains dossiers et qui ont élu domicile en ville malgré leurs obligations professionnelles.
Par ailleurs, l’explosion démographique, accompagnée de l’émergence des unités de production d’eau minérale en ville et de l’exploitation minière dans les zones de Missira, Daramagnaki et Kawessi, contribuent énormément à la pollution des rivières et des points d’eau locaux.
Interrogé pour savoir sa vision des faits, Mody Abdoulaye Bah, éleveur de profession résidant à Kounna dans le quartier mindia se plaint de l’utilisation des emballages en plastique et appelle à une action citoyenne pour la santé du cheptel :<< Nos animaux domestiques ne font que consommer des emballages en plastique et des habits jetés au bord des rivières. Comme conséquences, ils sont victimes de maladies surtout en saison sèche et une perte de poids énorme. Des journées d’action citoyenne doivent être menées pour curer les caniveaux et lutter contre la pollution à ciel ouvert>>, a-t-il dit en substance.
Face à toutes ces activités humaines qui affectent la nature au quotidien, il convient de souligner que les conséquences sont énormes : la disparition de certaines espèces végétales et animales, l’assèchement des cours d’eau, le dérèglement climatique, la sécheresse prolongée avec des températures anormalement élevées(cette année jusqu’à 42°C), la dégradation des sols, la famine et la cohabitation difficile entre certains animaux et les humains dans certaines localités comme le village de goubera dans le district de goulgoul relevant de la commune urbaine où un citoyen a été agressé par un chimpanzé qui avait fini par amputer un de ses doigts l’année dernière.
Il est donc grand temps d’appliquer le code forestier avec toute sa rigueur pour sauver l’environnement à Télimélé.