« Il faut qu’on arrête de parler que de football »
Né à Labé, Thierno Souleymane Diallo a grandi à Conakry où il a véritablement commencé une carrière de cycliste amateur. Carrière, qui l’a mené à l’équipe nationale avant d’aboutir à la création de l’union des cyclistes de Guinée dont il est jusque-là le président fondateur. Très bien intégré dans le secteur du cyclisme, Souleymane Diallo à bien voulut accorder un entretien exclusif à la rédaction régionale de Guinéenews basée à Labé sur ce sport qui vraisemblablement est entrain de mourir à petit feu en république de Guinée. Lisez !
Guinéenews© : comment avez-vous eu l’amour pour le vélo ?
Souleymane : Le vélo, très tôt ça été une passion pour moi c’est tout comme la natation et le football. Donc, le vélo c’est depuis Labé ou pratiquement tous mes déplacements c’était sur le vélo. Arrivée à Conakry, j’ai vu d’autres cyclistes qui étaient en équipe, je me suis dit pourquoi ne pas intégrer ce groupe. Alors, c’est comme ça que c’est parti, pour moi le vélo a toujours été une passion.
Guinéenews© : aujourd’hui vous êtes cycliste confirmé, comment avez-vous développé votre carrière ?
Souleymane : bon, j’ai commencé très tôt ; j’ai intégré l’équipe nationale à l’âge de 15 ans avec laquelle j’ai participé à plusieurs compétitions dans la sous-région et aussi à l’internationale. J’ai fait 10 ans à l’équipe nationale avant d’atterrir dans un petit club au Portugal.
Guinéenews© : avez-vous compéti ici à Labé, avant d’aller à Conakry ?
Souleymane : non ça n’existait pas. Mon père avait acheté un vélo Peugeot, je me rappelle bien qui était venu de la France avec lequel je me débrouillais ici dans mes petites courses. Mais il n’y avait pas de compétition en ce moment à Labé, y avait rien. C’est quand je suis arrivé à Conakry que tout a commencé.
Guinéenews© : et c’était comment à Conakry, parlez-nous de vos débuts ?
Souleymane : j’ai été recruté par le secrétaire général de la fédération Guinéenne de cyclisme qui était un grand frère, un voisin de Dixinn. C’était dans les années 1992. Donc, depuis lors j’ai intégré l’équipe nationale avec laquelle j’ai fais beaucoup de compétition comme le grand prix de Conakry, le tour de Guinée, … On a été au Burkina, au Mali ; on a participé à pas mal de compétitions. Regardez, il y a le tour du Faso qui démarre et on n’a pas pu représenter la Guinée, c’est vraiment dommage et inadmissible. Ça a démarré le 28 du mois passé (octobre). Donc, on a assisté au Burkina au tour du Faso, le tour du Mali, le tour du Sénégal, au Cameroun, … mais cela n’est plus d’actualité faute de moyens.
Guinéenews© : avez-vous personnellement été décoré lors de ces compétitions ?
Souleymane : oui, j’ai eu pas mal de trophées étant le meilleur jeune coureur, et tant d’autres à Conakry. A vrai dire la Guinée a toujours été bien placée dans ces compétitions. Pas sur le podium parce qu’il y a toujours eu un problème de matériel comme toujours ; mais à chaque fois on a été bien placé mais pas sur le podium. Et c’est ce qu’on cherche à corriger maintenant.
Guinéenews© : c’était comment au sein de l’équipe nationale qui, j’estime était à ses débuts ?
Souleymane : Non pas du tout. La Guinée a toujours eu une équipe cycliste qui était à Conakry, Kindia, il y a tant d’autres coureurs. Mon intégration dans l’équipe nationale a été facile parce que je connaissais déjà le milieu et je venais d’un quartier populaire. Donc, ça n’a pas été trop difficile pour moi car j’avais déjà une potentialité qui a favorisé mon recrutement.
Guinéenews© : après l’équipe nationale, vous êtes devenu quoi ?
Souleymane : comme je te le disais, ce n’était pas seulement le cyclisme qui était dans mon agenda. Donc, je faisais de la natation aussi domaine dans lequel j’étais l’un des meilleurs jeunes nageurs de la Guinée à l’époque et puis le football. Du coup, quand je suis parti à l’étranger pour mes essais c’était dans le cadre du football. Mais en même temps j’ai intégré une équipe de cycliste comme c’était déjà une passion pour moi et c’était à Lisbonne en 1984.
Guinéenews© : alors, comment vous vous êtes retrouvé comme président de l’union des cyclistes de Guinée ?
Souleymane : Le vélo a toujours été une passion pour moi ; ça a toujours été quelque chose que j’ai voulu développer et trouver des moyens surtout. On ne devient pas président du jour au lendemain, ça commence quelque part. Donc, depuis bas âge j’ai décidé de mettre en place une équipe digne parce que jusqu’à maintenant les moyens ne nous permettent pas de représenter dignement la Guinée. Donc, j’ai dégagé beaucoup de moyens pour qu’on se retrouve avec une équipe digne qui pourra répondre à tous les critères nationaux et internationaux.
Guinéenews© : comment ça s’est passé pour la mise en place de cette union ?
Souleymane : bon, c’est depuis les Etats-Unis que j’ai commencé à travailler dessus comme c’était un projet à moi. Donc, j’ai travaillé ainsi jusqu’à venir m’implanter à Conakry.
Guinéenews© : c’est quoi la composition de cette union de cyclistes ?
Souleymane : l’union des cyclistes de Guinée qui est basée à Conakry dispose de plus de 25 coureurs qui sont à Conakry, Kindia quelques-uns, Labé on a je crois à peu près 20 coureurs. Donc, on essaye d’élargir autant que possible pour qu’on puisse recruter de bons cyclistes qui pourraient représenter la Guinée.
Guinéenews© : et dans les autres régions et préfectures de la Guinée ?
Souleymane : En ce qui concerne les autres villes, je suis en train de travailler sur un projet pour la haute Guinée et pourquoi pas la Guinée Forestière.
Guinéenews© : comment les activités évoluent au sein de l’union ? Vous faites des compétitions ; c’est quoi la dernière ?
Souleymane : on s’entraîne pratiquement les 3 à 4 jours de la semaine et on organise pas mal de compétitions à Conakry. Mais compte tenu de cette pandémie, on n’arrive pas à réunir tous les moyens pour en faire quelque chose de grandiose pour l’instant.
Guinéenews© : c’était quoi la dernière activité ?
Souleymane : ça remonte à moins de 7 mois maintenant, c’était un critérium au stade de Nongo.
Guinéenews©: c’est comme s’il y a un désintéressement total sur ce secteur. Les gens accordent peu ou pas d’intérêt au cyclisme ; comment les appréciez-vous?
Souleymane : bon, il y a la visibilité déjà ; c’est quelque chose qui existait parce que je me rappelle à l’enfance ici à Labé le vélo était pratiqué, en haute Guinée on n’en parle pas, en basse-côte, … c’est quelque chose qui existait déjà. Mais ça commence à disparaître petit à petit parce que tant qu’on ne relance pas les clubs afin qu’il y ait une visibilité pour encourager la population ; au niveau santé aussi comme vous le savez, on aura des difficultés à revenir comme avant.
Guinéenews© : selon vous, qu’est-ce qu’il faut pour relancer le cyclisme en Guinée ?
Souleymane : à mon avis, ça n’engage que moi; je crois qu’il faut qu’on arrête de parler que de football. Il y a d’autres sports, même pas que le cyclisme qui est enterré vivant ; et c’est des sports qui existaient avant. Je demanderais à tous les gens de bonne foi d’aider des clubs qui existent surtout la fédération Guinéenne de cyclisme afin de relancer la discipline.
Guinéenews© : enterré vivant, à qui la faute ?
Souleymane : on parlera du ministère, c’est tout parce que c’est eux qui s’occupent des sports à mon avis. Donc, je demande à tout le monde de s’intéresser au cyclisme afin qu’il y ait plus de visibilité.