Ce sommet, qui a coïncidé cette année à la 46ème session du Conseil de Médiation et de Sécurité de l’institution, a permis à ses dirigeants d’examiner la situation politique, sécuritaire et humanitaire de la sous-région.
La crise politique au Mali tout comme la montée du terrorisme, la piraterie maritime dans le golfe de Guinée, les progrès des réformes, la vision de la CEDEAO 2050, l’état de mise en œuvre des recommandations de la 85e session ordinaire du Conseil des ministres, étaient, entre autres, préoccupations sur lesquelles ils se sont également penchés.
Le président de la République du Ghana, en sa qualité de président de la Conférence des Chefs d’Etat et de gouvernement de la CEDEAO et hôte de ce double sommet, a, avant de clôturer les travaux, mis à profit l’occasion pour faire signer à la Guinée et au Sénégal un mémorandum devant faciliter très prochainement la réouverture des frontières et la reprise des trafics bloqués depuis septembre 2020 entre les deux pays.
Il n’en fallait plus que cette cérémonie de signature pour faire déborder la coupe déjà pleine de ‘’l’insoumis’’ général Umaru Sissoko Embalo de Guinée-Bissau qui est entré aussitôt dans une colère vive contre son ‘’grand et intraitable’’ voisin Alpha Condé ainsi que la CEDEAO qui a parrainé le processus.
Dans des diatribes enflammées, le président bissau-guinéen a vigoureusement dénoncé cet accord entre Guinéens et Sénégalais avant de rouspéter contre le rôle joué par la CEDEAO à cet effet.
Verbatim :
« Merci beaucoup Monsieur le président Nana. Je regarde ici mais personne ne comprend. Parce qu’il n’y a pas de guerre entre le Sénégal et la République de la Guinée. L’esprit d’amitié de la CEDEAO, nous devons dire la vérité au président Alpha. Il n’avait pas le droit de fermer les frontières avec le Sénégal, la Guinée-Bissau et la Sierra Leone. Je n’enverrai jamais des ministres pour signer ces types d’accord. »
Surpris par la véhémence des propos tenus par Embalo et les éventuelles conséquences fâcheuses que cela aurait pu avoir sur le cours des événements, le président Nana Akufo-Addo a eu la sagesse de lui retirer illico presto la parole en ces termes : « s’il vous plaît Monsieur le président, nous n’allons pas revenir sur ça. Je vais devoir vous retirer la parole… Ça nous prendra 5 minutes pour clore notre cérémonie d’ouverture… »
Ce coup de gueule du général Embaló, désormais viral sur la toile, est sans doute l’incident qui aura le plus cristallisé les attentions lors de cette 59ème session ordinaire de la CEDEAO à Accra. Une crise de rage de Embaló que nombre d’analystes décrivent, à tort ou à raison, légitime de la part d’un homme qui se sent de plus en plus isolé et trahi. A la fois par ses deux autres pairs présidents (Macky Sall et Maada Bio) dont les pays étaient tous directement concernés par cette fermeture unilatérale des frontières avec la Guinée. Mais aussi par la CEDEAO qu’il considérait comme son dernier rempart face à Alpha Condé qui semble résolu à le mettre au pas.
Après donc la Sierra Léone, c’est maintenant le tour du Sénégal de rapidement vider ces différends nés du blocus frontalier imposé par les autorités guinéennes à la veille de la tenue de la présidentielle de 2020. En tout cas, la signature de ce protocole d’accord militaire entre Conakry et Dakar qui permettrait d’organiser le long de leur frontière commune des patrouilles mixtes, fera sauter après ratification par leurs parlements respectifs, le principal verrou vers la reprise normale des trafics routiers entre la Guinée et le Sénégal.
Pendant ce temps, le président Embaló et son pays, la Guinée-Bissau devront continuer à vivre comme ils le peuvent et aussi longtemps que durera ce blocus de son voisin de Conakry. En tout cas, l’homme fort de Bissau n’entend jamais plier l’échine devant les désidérata de son ‘’puissant’’ voisin Alpha Condé.
Faut-il enfin rappeler qu’à part sa façade Atlantique, la Guinée-Bissau ne dispose que deux frontières terrestres. Celles avec la Guinée et le Sénégal.