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Sextennat d’Alpha Condé : la Guinée ouvre une nouvelle page de son Histoire avec de nombreux défis

Le président Alpha Condé réélu pour un nouveau mandat de six ans à la tête de la Guinée, a été investi mardi 15 décembre au palais Mohamed V. C’était en présence d’un parterre de Chefs d’Etat et de gouvernement, des personnalités étrangères, venus assister à cette consécration.

Ainsi, le locataire du palais Sékhoutoureya entame un nouveau mandat avec d’immenses défis à relever pour pouvoir respecter les promesses électorales sur la base desquelles il a été réélu avec près de 60%.

Comme au lendemain des élections présidentielles de 2010 et de 2015, l’opposition continue de contester sa victoire et se prépare à organiser des manifestations qui n’encourageront pas les investisseurs à venir à Conakry.  Pourtant, le pays en a tellement besoin pour sortir de son actuelle torpeur et amorcer un développement socioéconomique à l’image des autres pays de la sous-région.

Un nouveau mandat, de nouveaux défis

L’un des premiers défis dont le futur chef de gouvernement aura la lourde tâche de résoudre sous les auspices du président de la République, ce sera la relance du dialogue politique afin de décrisper la tension sociopolitique.

Dans son discours au Palais Mohamed VI, le président Alpha Condé a promis de ne laisser aucun Guinéen sur le banc de touche. Ajoutant qu’il veut gouverner avec tout le monde sans exception et qu’aucune partie du territoire national ne sera oubliée. Au-delà, le président Condé doit pouvoir impérativement matérialiser au plus vite cette déclaration de bonne intention. Car, les Guinéens en ont nécessairement besoin aujourd’hui.

C’est pour cela que le futur chef du gouvernement doit avec beaucoup d’intelligence, gérer cette crise sociopolitique. Pour ce faire, le pouvoir doit faire le premier pas en acceptant de libérer tous les prisonniers politiques pour donner une chance au dialogue inclusif que souhaitent toutes les couches sociales. Cette libération permettra à coût sûr d’engager non seulement le dialogue avec les adversaires politiques mais aussi de préparer en amont les différents points susceptibles d’être inscrits à l’agenda dudit dialogue afin de trouver un éventuel compromis.

L’autre défi majeur sera, sans doute, l’amélioration des conditions de vie des Guinéens. Il faut du ressenti au niveau du panier de la ménagère qui est très souvent source des contestations majeures dans de nombreux pays. En Guinée, le besoin d’un allègement du panier de ménagère est plus que pressant. L’Etat peut envisager des réformes sectorielles qui pourront avoir des incidences positives sur la vie des citoyens.

Par exemple, la suppression des taxes sur les produits de grande consommation (le riz, le sucre, la farine, l’huile, etc.) pourrait engendrer une réduction drastique sur leur prix de vente. Mais cela y va de l’intérêt de l’Etat qui ne souhaite se mettre tout le peuple à dos.

Les exemples de l’Algérie et du Soudan ne sont pas à minimiser. Car tout régime qui néglige cet aspect de la vie nationale finit la plupart du temps par subir des contestations populaires. D’où l’importance d’y accorder une place primordiale.

En plus de ces deux défis, il y a aussi le déficit énergétique, le manque d’eau, le manque d’infrastructures routières, etc. qui restent à combler.

S’agissant du premier aspect, il faut dire que la Guinée souffre d’un grand déficit énergétique, comparé bien-sûr à de nombreux pays de la sous-région. Mais la finalisation du barrage de Souapiti qui se situe en amont de Kaléta pourrait améliorer nettement la desserte à Conakry et dans certaines villes de l’intérieur du pays.

Mais l’un des défis non des moindres, ce sont les infrastructures routières qui sont des voies de développement indispensables à tout pays. Le futur gouvernement aura cette lourde tâche de désenclaver davantage de zones difficiles d’accès pour favoriser leur développement. Ce qui permettra de développer l’agriculture et de créer des emplois générateurs de revenus. C’est aussi une façon de lutter contre la pauvreté endémique.

A ces nombreux défis, il faut ajouter la réforme de la justice, de la santé, de l’éducation, la fourniture des services sociaux de base -comme mentionné ci-haut-, la création de l’auto-emploi, la valorisation de la pension des retraités et enfin la lutte contre la corruption effrénée et l’enrichissement illicite insolant des hauts commis de l’Etat.

D’ailleurs, le président de la Cour constitutionnelle a prévenu le président Alpha Condé que “gouverner autrement (…) n’est pas un slogan [mais il] veut dire aucune tolérance à la corruption, au copinage, à l’ethnocentrisme et au clientélisme. Une épée de Damoclès doit rester suspendue et prête à trancher le nœud gordien de la mal gouvernance incarnée par certains grands commis de l’Etat. Gouverner autrement, c’est mettre fin à l’impunité, à l’incivisme et à l’incivilité. (…) c’est davantage de rigueur, d’efficacité, d’efficience dans l’action gouvernementale. C’est choisir des compétences, c’est plus de transparence et de responsabilité…”

Avec ce premier mandat de la quatrième République, le président Alpha Condé saura-t-il imposer la rupture d’avec les pratiques de gouvernance peu orthodoxes de ses deux précédents mandats ? Il a promis mais désormais, il lui revient de prouver au peuple que rien ne sera plus comme avant.

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