Depuis quelques jours, de forts soupçons pèsent sur le directeur de l’hôpital régional de Kindia et son équipe au sujet d’un détournement de la dernière tranche de la subvention destinée à cette institution sanitaire.
Selon Bassy Sangaré, le responsable du service ophtalmologie de Kindia, le directeur général, Dr Youssouf Kpogomou et son équipe ont supprimé certains services à l’hôpital. Dans l’optique d’orienter le fonds vers d’autres projets qui n’ont rien à voir avec le fonctionnement de l’hôpital, chose qui est contraire à la loi, dit-il.
650 millions de francs guinéens, c’est le montant qui pollue depuis quelques temps l’atmosphère à l’hôpital régional de Kindia. Cette somme représente la dernière tranche de la subvention versée par l’État en faveur de l’hôpital pour son bon fonctionnement.
Mais selon certains responsables de service de cet hôpital, ce montant n’a pas été utilisé de façon rationnelle par le directeur et son équipe.
« Ils ont supprimé certains éléments de contrôle et d’appui qui ont été élaborés par le directeur régional de la santé de Kindia, à savoir le CMC qui avait des composantes comme la commission médicaments, la commission finances et la commission hygiène. Ces éléments avaient été expressément supprimés par la direction et le pôle financier uniquement parce qu’il y’a de l’argent qui vient. Donc si ces éléments existent, ils (le directeur de l’hôpital et son équipe, ndlr) ne peuvent pas manger tout cet argent. Sinon l’hôpital fait au moins un million par jour. Avec la subvention de l’État et des ONG, on n’achète rien. Ils nous envoient des médicaments et nous appuient énormément. Mais aujourd’hui, il est même impossible d’acheter 5 litres pour les mettre dans le groupe électrogène. Regardez cet hôpital régional, il est en manque de courant et d’autres services sont à l’abandon par le fait que la subvention de l’État soit orientée à d’autres fins », accuse le médecin Ophtalmologue, Bassy Sangaré.
En termes de recettes, l’hôpital régional de Kindia peut mobiliser un million par jour, mais au regard de toutes ces avancées, les responsables peinent toujours à faire face aux problèmes réels de l’hôpital. A savoir l’insalubrité, le manque criard de courant électrique, mais aussi et surtout la non-incinération des objets souillés déjà utilisés par les médecins sur les patients. Pour Bassy Sangaré, le directeur général est pleinement impliqué dans ce détournement et si l’Etat ne prend pas ses responsabilités, on risque de fermer cet établissement hospitalier un jour à cause de la mauvaise gestion de sa subvention.
« Les 650 millions de francs guinéens de subvention qui sont venus… mais je vous assure que cet argent est alloué par l’Etat pour faire face aux besoins des populations pour ne pas qu’on les rançonne en faisant des ordonnances kilométriques, pour qu’elles puissent se prendre en charge en payant des médicaments. Mais si cet argent va ailleurs, c’est vraiment une désolation.
Nous avons un incinérateur qui ne fonctionne pas. Présentement, les aiguilles contaminées ne sont pas brulées sous prétexte qu’il n’y a pas d’argent. Hors nous faisons ici au moins un million de francs guinéens par jour. Donc, il faut que le gouvernement sache que la subvention que le ministère de la Santé envoie à l’hôpital, est détournée par certains de ses responsables », a-t-il accusé.
Par ailleurs, interrogé sur ces faits, le principal mis en cause a catégoriquement rejeté toutes ces accusations du responsable du service ophtalmologie de l’hôpital régional de Kindia.
« La seconde tranche de la subvention que le département nous a envoyée, c’est-à-dire les 650 millions, a été accompagnée avec une clef de répartition signée par le ministre de la Santé. Quand la subvention vient, il y a des lignes auxquelles vous devrez obligatoirement obéir. Nous, nous avons respecté la procédure. D’abord pour son utilisation, j’ai commencé par nettoyer l’hôpital, après j’ai payé les médicaments et les produits lessiviers. Ensuite, on a payé les réactifs de la radiologie et des laboratoires. Le reste, on a payé des documents administratifs tels que les carnets de consultation, des registres de consultation et tout ce qui concerne le fonctionnement de l’administration », a expliqué Dr Youssouf Kpogomou, le directeur général de l’hôpital et d’ajouter : « J’ai été surpris des réactions de certains de mes collaborateurs qui disent que j’ai sorti les 650 millions pour les bouffer. Il y a une plainte contre mon comptable. Les directeurs régionaux et préfectoraux de la santé ont été mis en copie, le contrôleur financier préfectoral et l’inspecteur régional de l’économie et des finances ont été mis en copie. Une commission a été constitué à cet effet et qui est venu rencontrée l’administration de l’hôpital après une séance de travail de deux avec le pool financier, tous les documents ont été revus jusqu’au compte bancaire. Après donc ce travail un rapport a été dressé par ces inspecteurs et rien n’a filtré. Concernant cette accusation de détournement, il faut dire qu’aujourd’hui, ces agents qui me reprochent de détournement, travaillent pour eux-mêmes et non pour l’hôpital de Kindia. Parce que l’argent issus des prestations qu’ils font chaque jour, est empoché par eux-mêmes et sans compte rendu. Donc, ce sont des allégations pure et simple à mon égard. Je les enjoins de montrer la preuve. »
Cet hôpital est doté d’un grand groupe électrogène mais qui, en réalité, n’est toujours pas opérationnel, les responsables affirment qu’ils ne peuvent pas supporter la charge devant alimenter l’hôpital en courant électrique. Selon eux, son fonctionnement demande énormément de moyens.