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Scandale du riz pourri : l’Union des consommateurs réclame des sanctions exemplaires contre les auteurs (entretien)

Le 26 août dernier, l’Office National de Contrôle de Qualité a annoncé avoir saisi près de 10 000 sacs de riz impropres à la consommation humaine. Cette cargaison était en cours de reconditionnement dans une ferme à Bentourayah, préfecture de Coyah. Consécutivement à ce gros coup de filet, Guinéenews est allé recueillir les réactions du président de l’Union pour la Défense des Consommateurs de Guinée (UDCG).

A la faveur de cet entretien qu’il nous accordé, M’Bany Sidibé a exprimé ses inquiétudes quant aux conséquences sanitaires de ces riz avariés pour les consommateurs. Il a, en outre, exigé que justice soit faite pour que de tels actes criminels ne se reproduisent plus dans le pays. Lisez !

Guinéenews : récemment, l’Office National de Contrôle de Qualité a procédé à la saisie d’une importante quantité de riz avarié à Coyah. En tant que président de l’Union pour la Défense des Consommateurs de Guinée, comment réagissez-vous à cette saisie ?

M’Bany Sidibé : c’est avec une profonde préoccupation et une grande inquiétude que nous avons suivi le travail de l’Office National de Contrôle de Qualité. Ce que nous avons constaté, c’est que certaines personnes sont en train de reconditionner du riz qui ne devrait pas être mis sur le marché. Mais, malheureusement, il y a beaucoup d’explications à fournir à ce niveau. De notre côté, nous pensons que l’Office devrait communiquer de manière claire sur la saisie de ces sacs de riz, en organisant une conférence de presse à ce sujet. Si on ne prend pas en compte la qualité des aliments, on n’aura pas la santé, et la santé publique sera menacée. Nous interpellons la vigilance de tous les consommateurs. Les gens doivent désormais vérifier le riz qu’ils achètent, c’est-à-dire contrôler l’emballage des sacs.

Guinéenews : ce n’est pas la première fois que des aliments reconditionnés soient introduits sur le marché. Êtes-vous inquiet pour la santé des consommateurs ?

M’Bany Sidibé : oui, évidemment ! Notre première inquiétude, c’est de savoir si certains sacs de riz avarié saisis là-bas ne sont pas déjà sur le marché. Il faut reconnaître qu’il y a déjà des personnes malintentionnées qui revendent du riz pourri dans notre pays. C’est très grave pour la vie des citoyens. On ne peut pas se permettre de vendre aux humains des aliments destinés aux animaux. Nous demandons aux consommateurs de vérifier les emballages de riz pour préserver leur santé. Si possible, ils doivent demander aux vendeurs où ils ont obtenu ce riz. Quand tu entends que tu es en bonne santé, cela signifie que ce qui se trouve dans ton assiette est sain.

Guinéenews : que demandez-vous aux autorités par rapport au sort du propriétaire du riz avarié de Coyah qui est mis aux arrêts ?

M’Bany Sidibé : nous suivons de près les efforts des autorités judiciaires. Il faut que tous ceux qui se livrent à ce reconditionnement d’aliments soient traqués, interpellés et traduits devant la justice pour que cela puisse servir d’exemple. Nous demandons justice. Il faut que tous ceux qui sont impliqués dans ce reconditionnement pour vendre sur nos marchés soient jugés. Je sais déjà que le Procureur de Coyah a ouvert une information judiciaire. Nous nous assurons que la justice sera rendue, car ils doivent être sanctionnés. Nous avons vu qu’il y a eu plusieurs arrestations, et nous attendons la suite.

Guinéenews : que peut-on faire pour éviter que de telles choses se reproduisent dans le pays ?

M’Bany Sidibé : à notre niveau, nous demandons au Ministère du Commerce de renforcer les contrôles en amont. C’est-à-dire, s’il y a une structure claire de distribution et qu’on peut retracer tout ce qui se passe, je pense que tout ira bien. Tout le monde doit faire un effort pour identifier ces personnes qui font ces sales boulots. Que chaque importateur fasse des publicités autour de ses produits pour expliquer aux consommateurs comment identifier leurs produits originaux. Dans ce cas, si les consommateurs voient une autre marque sur l’emballage, ils refuseront d’acheter. L’État doit interdire carrément le reconditionnement du riz. Nous n’avons pas besoin de faire cela chez nous. L’État doit veiller à ce que les contrôles soient stricts. Si cela n’est pas fait, ce sont les consommateurs qui risquent d’être exposés à de nombreux dangers.

Guinéenews : soupçonnez-vous une main noire derrière cette affaire?

M’Bany Sidibé : il ne faut pas que cela soit une campagne de sabotage ou de concurrence déloyale. Il ne faut pas que cette situation soit utilisée pour nuire à certains importateurs. Certains importateurs nous ont montré des certificats de contrôle de l’Office National de Contrôle de Qualité, qui attestent que leurs produits ont été certifiés et autorisés par l’Office en amont. Il faut que tout soit clair d’abord. C’est pourquoi nous nous réjouissons que la justice soit saisie pour situer les responsabilités.

Entretien réalisé par Mohamed Doré

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