La journée du lundi restera longtemps gravée dans la mémoire des habitants du quartier Nassouroulaye, commune de Ratoma. Un évènement inhabituel est venu rompre le train-train quotidien que vivent les riverains de la nouvelle route qui borde les rails de Friguia. Nous sommes dans le périmètre du PK 17 du chemin de fer. Pour la première fois, les habitants de ce secteur se retrouvent en face d’un véritable lac qui s’est formé sur la route. Plus de passage pour les piétons. A moins qu’ils se résignent à tremper les pieds dans l’eau et à mouiller leurs vêtements. A certains niveaux, la hauteur d’eau atteint le dessus des tibias et remonte au fur et à mesure qu’on se rapproche du centre. Il a suffi qu’une forte pluie accompagnée d’un vent violent s’abatte quelque temps sur une partie de la capitale, pour remplir cette partie de la route qui forme un entonnoir. Les conséquences de cette situation ont été nombreuses. Seuls les véhicules 4×4 pouvaient passer. De nombreux élèves de l’école primaire Africof située non loin de là et qui empruntent ce chemin pour rentrer à la maison à 13 heures, ont dû attendre longtemps, que la situation s’améliore. Il fallait vider le lac à tout prix. C’est alors que les populations ont dû se résoudre à faire tomber une des glissières en béton armé qui bordent la route. Au même moment, d’autres ont dégagé les ordures.
Sur les lieux, nous avons rencontré un citoyen, parfait connaisseur de la zone. Il nous a fait le descriptif le plus complet que nous pouvions espérer. D’après lui, « ce qui est arrivé là ne nous a pas surpris. Cet endroit est très encaissé et c’est là où convergent trois grands fossés qui drainent des eaux de ruissellement, d’un fort débit, accentué par la pente qui va du sud vers le nord, pour aboutir à Démoudoula, une vallée profonde, située en contrebas.
« Depuis l’époque coloniale, cette situation est connue des ingénieurs. C’est ce qui explique le remblai de cette partie par les bâtisseurs du chemin de fer de Fria. Ils ont tenu compte de la convergence des eaux de ruissellement que charrient les fossés. Mieux, ils ont construit deux grosses buses sous le remblai, pour le passage des eaux. C’est ce que les constructeurs chinois ont omis de prendre en compte dans les travaux entrepris. Beaucoup parmi nous ont pourtant attiré leur attention là-dessus. On a même interpellé les personnels africains qui travaillent avec eux, pensant qu’ils ne nous comprenaient pas, vu le problème de langue. Des traducteurs ont également été mis à contribution. C’était au lancement des travaux de construction de cette nouvelle route. Bien avant la saison des pluies actuelle. Mais nos multiples avis ont été royalement ignorés. Peut-être, parce qu’ils nous ont pris pour des gens qui se mêlent de ce qui ne les regarde pas ou qui ne savent rien des questions techniques de haut niveau. Ainsi, les travaux ont continué. La partie n’a pas été remblayée et les fossés ont été ignorés. Pour faire passer les fortes quantités d’eau de ruissellement, on a mis des petits trous comme des narines pour un nez et créé des contournements de petit calibre pour l’eau. En plus, on n’a pas pris en compte la grande quantité d’ordures et de sédiments qui se mêlent à ces eaux, empêchant leur écoulement normal. Et celles-ci, étouffées, débordent forcément de leur lit et forment l’étang dans la partie basse de la route. C’est ça la vraie explication de ce phénomène. Certes, nous ne sommes pas des ingénieurs des TP, mais notre conviction tient au simple fait de l’observation du terrain. Ainsi, de notre avis, tant que le problème de ces fossés et de leur traversée de la route ne sera pas réglé, on n’aura guère de solution définitive à ce problème. Il faut que les fossés là rejoignent les buses sous le remblai du chemin de fer. Et si cette inondation se répète une ou deux fois encore, nous allons dire adieu à cette belle route, que tout le monde applaudit aujourd’hui.
Nous prions les autorités de venir voir cette situation, pour ne pas gaspiller l’argent investi pour la construction d’ infrastructures qui se dégradent prématurément. »
Attendons de voir ce qu’on en dira ou fera !