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Rétrospectives à Kankan : 2021 n’aura pas été un long fleuve tranquille

L’année 2021 qui vient de s’achever, a été très riche en actualités. En effet, plusieurs faits ont marqué le quotidien des habitants de Kankan.  Cela va de la chute de l’ancien président Alpha Condé, à la ruée de centaines de jeunes gens vers les nouvelles mines d’or de Gaoual en passant par la recrudescence spectaculaire des cas de viols, notamment sur des mineures. 2021 n’aura pas du tout été un long fleuve tranquille pour les citoyens du Nabaya.

Célébration de la chute d’Alpha Condé

Sans aucun doute, l’événement qui aura volé la vedette au Coronavirus cette année en Guinée, est le renversement de l’ancien chef d’État Alpha Condé par le commandant de l’unité des forces spéciales, le colonel Mamadi Doumbouya le dimanche 05 septembre.

A Kankan, fief traditionnel du RPG, contre toute attente, on a eu à assister à une scène de liesse, suite à ce coup de force perpétré contre Alpha Condé. « Doumbouya Prési!  Doumbouya Prési». C’est avec ce slogan que des manifestants ont célébré le tombeur d’Alpha, le colonel Mamadi Doumbouya, natif du plus vieux quartier de la commune urbaine, Banankoroda.

Retour d’exil de l’ancien président de la transition Sékouba Konaté

Le deuxième fait marquant de l’année à Kankan relève encore de l’ordre du politique. Il s’agit du retour au bercail du général Sékouba Konaté. Exilé depuis plus de 10 ans sous le régime Condé, l’ancien président de la transition et par ailleurs général d’armée à la retraite, Sékouba Konaté est rentré par voie terrestre à Kankan, le samedi 18 décembre 2021, en provenance de Bamako.

Il a mis son séjour à profit pour se rendre tout d’abord au domicile du doyen de la notabilité et chez la mère du colonel Doumbouya. Pour des salutations d’usage et des remerciements à l’endroit de celle dont le fils lui aura permis ce retour au bercail.

Des ravages causés par des incendies

L’année 2021 a été aussi marquée par plusieurs types de calamités à Kankan. Où durant la période de février-mars, on a assisté à une spirale d’incendies mystérieux. Le phénomène était devenu récurrent un peu partout dans la région.

En l’espace de ces deux mois, pas moins de 10 cas avaient été notifiés notamment dans les préfectures de Kankan, Kérouané et Faranah.

Tous ces incendies qui ont sévi un peu partout en Haute Guinée, ont tous eu le même dénominateur commun : source inconnue.

Le cas le plus grave s’est produit le 1er février 2021 dans la sous-préfecture de Tokonou, située à plus de 100 kilomètres de la ville de Kankan, plus précisément dans le district de Sansanbaya.

Il n’y a certes pas eu de perte en vie humaine. Mais les dommages matériels ont été inestimables.  Un total de 117 cases et leurs contenus, ont tous été réduits en cendres, laissant les habitants dans le désespoir, sans toits encore moins de nourritures. En outre plus de 200 millions de GNF en liquide sont aussi partis en fumée.

Selon les victimes, le feu serait venu de la brousse pour attaquer les cases du village. Mais personne ne sait ce qui a déclenché l’incendie.

Compte tenu de la distance qui sépare le village de la ville, aucune intervention des sapeurs-pompiers n’a pu avoir lieu. Les sinistrés s’en sont remis à l’aide des autorités et des personnes de bonne volonté pour leur apporter assistance.

Un exode massif des jeunes de la région vers les mines d’or de Gaoual

La découverte des nouvelles mines d’or de Gaoual au mois de juin, a donné lieu à une véritable ruée des jeunes de la région de Kankan, notamment ceux des zones aurifères comme Mandiana vers cette préfecture de la Moyenne Guinée.

Chaque jour, ils n’étaient pas moins d’un millier, à quitter tout pour mettre le cap sur le nouvel eldorado aurifère se trouvant dans la région administrative de Boké, plus précisément dans la sous-préfecture de Kounsitel.

En ce mois de juin, les gares routières de Mandiana étaient chaque jour pleines à craquer. Presque tous les véhicules furent affrétés pour cette nouvelle destination.

En provenance de toutes les sous-préfectures de la contrée, des différents secteurs de la commune urbaine voire aussi de certaines localités frontalières du Mali voisin, munis de leurs arsenaux d’orpaillage, certains y allaient en motos, tandis que d’autres s’entassent dans des véhicules personnels ou encore affrétant des transports publics.

Kankan privée d’eau avec une desserte de courant acceptable

A Kankan les années se succèdent, mais les éternels problèmes des citoyens demeurent. On retiendra encore en cette année 2021, le faible niveau de la desserte en eau de la ville. La situation en cette année 2021 aura été pire. Le calvaire notamment supporté par de nombreuses ménagères, pour avoir de l’eau potable était à son comble. Elles étaient même à deux doigts de sortir dans les rues pour manifester leur ras le bol. Pour cause, cela faisait près de six mois qu’aucune goutte d’eau ne suintait des robinets de la Société des Eaux de Guinée (SEG).

Munies de leurs bassines, seaux et bidons, on les voyait faire la queue du matin jusqu’au soir aux divers points de forage qu’on retrouve par endroit dans certains quartiers de la ville pour se procurer quelques quantités d’eau.

Cette pénurie d’eau prolongée n’avait qu’une seule explication selon la direction locale de la Société des eaux de Guinée SEG : le manque de carburant dans les moteurs qui alimentent la desserte de la ville.  

La desserte d’électricité a connu quant à elle une petite marge d’amélioration. Sous la pression et les menaces des jeunes, une importante délégation du gouvernement avec à sa tête la ministre de l’Energie d’alors, Bountouraby Yattara, avait effectué une visite de terrain à Kankan, le dimanche 13 juin 2021.

Après les sites de Fomi et de Kogbèdou, c’est la centrale thermique de la société Energie de Guinée (EDG) qui avait été la dernière étape de cette tournée.

Au terme de cette dernière visite, 14 nouveaux groupes électrogènes avaient été offerts aux responsables de ladite centrale. Avec ces 14 nouveaux groupes électrogènes, la centrale a pu booster ses capacités qui n’étaient que de 4 mégawatts en 2010, pour en avoir 14. Selon les responsables en tout, la centrale électrique de la ville de Kankan, dispose aujourd’hui d’une puissance totale de 20 mégawatts.

Depuis leur installation, la desserte quotidienne qui était en rotation de 18 heures 40 minutes à 00 heures s’est prolongée de près de deux (2) heures supplémentaires, c’est-à-dire de 18 heures 45 minutes à 02 heures du matin. Et le cycle de rotation n’est plus qu’un lointain souvenir.

Cependant en ce qui concerne les projets de construction de barrage hydro-électrique sur les sites de Kogbèdou et Fomi, (qui tiennent il faut le signaler beaucoup plus à cœur des citoyens du Nabaya qui aspirent à une couverture électrique 24 heure sur 24 et 7 jours sur 7), Eh ben, elles n’ont pas bougé d’un seul iota.

De nombreux cas de viols sur mineures enregistrés

Parmi tant de phénomènes d’insécurité, au cours de cette année 2021, sans aucun doute le viol aura été celui, qui a le plus prospéré dans la grande cité religieuse d’Alpha Kabinè Kaba. Près d’une centaine de cas furent ainsi répertoriés par les services spéciaux.

Les victimes n’ont été, pour la presque totalité, que des mineurs sans défense. Tenez, en guise d’illustration, il y a cette fillette âgée de deux ans qui a été abusée sexuellement le 11 février dernier par un homme d’une quarantaine d’années, dans la commune urbaine de Kouroussa.

S.K, ce sont ses initiales, après avoir subi la salle besogne de son bourreau un mécanicien, avait été admise dans un état critique à l’hôpital. Tous les témoignages concouraient qu’étant ivre, le bourreau a enfermé la petite dans sa chambre pour la violer. Elle était à deux doigts de mourir lorsqu’on la récupérait pour la conduire à l’hôpital.

Quelques jours seulement après le viol de cette fillette de deux ans à Kouroussa, un nouveau cas avait été aussi notifié le mercredi 17 février. Cette fois-ci, les faits se sont produits dans la commune urbaine de Kankan plus précisément dans le quartier Bordeaux, secteur cimenterie.

La victime, une élève, aurait été abusée sexuellement par son propre professeur de philosophie.

Le énième cas qui nous a été notifié en cette fin d’année, plus précisément le lundi 4 octobre, Alpha Sadou Diané, âgé de la cinquantaine, marié, avait été accusé de viol et tentative de viol, sur ses propres fillettes.

Auditionnées à la direction régionale de la police, les victimes ont témoigné contre leur père.

Suite à ces graves accusations d’inceste, la direction régionale de la police avait interpellé le sieur Alpha Sadou Diané, un marabout de profession. Ce présumé père incestueux avait nié les faits.

Cette affaire ne fut pas la seule du genre toujours en cours de traitement au tribunal de première instance de Kankan. Mais sur les 64 cas de viol répertoriés cette année sur les mineurs à Kankan, plus de la moitié des présumés auteurs avaient pris la clé des champs.

Décès de l’évêque de la cathédrale de Kankan

L’année 2021, aura été également une année de grand deuil pour la communauté chrétienne du Nabaya. L’évêque du diocèse de Kankan Monseigneur Emmanuel Félémou ayant tiré sa révérence le 1er Mars 2021 à Conakry des suites de COVID19.

La nouvelle qui fut transmise le lendemain très tôt dans l’enceinte de la cathédrale notre dame des victoires et de la paix de Kankan, avait fait fondre en larmes quasiment tout le monde.

L’évêque avait semble-t-il contracté la COVID-19 lors d’une tournée qu’il venait de boucler en fin février dans la région forestière. Ce fut une perte immense pour toute la communauté religieuse de la ville. Plongée dans la consternation ces coreligionnaires n’avaient cessé de le pleurer plusieurs jours durant, même après son inhumation qui a eu lieu le 9 mars à la rentrée principale de la paroisse, qu’il aura fait bâtir ainsi que plusieurs autres à travers la région.

Maxime Douo Guilavogui, un supporter inconditionnel du Syli succombe à une crise cardiaque

La qualification du Syli national A’ aux quarts de finale du Championnat Africain des Nations (CHAN) Cameroun 2021 n’aura pas fait que des heureux en Guinée. A Kankan, Maxime Douo Guilavogui, un homme âgé de 76 ans, avait été victime d’une crise qui l’a malheureusement emporté.

Après le travail, il (le défunt) est rentré à la maison dans la soirée. Il était revenu ensuite suivre le match du Syli contre la Tanzanie dans un bar-café. Tout se passait bien jusqu’au moment où le Syli, mené 2 buts à 1, égalisait dans les ultimes moments du match. Il a explosé de joie comme tout le monde et soudain, il piqua une crise. Transporté à l’hôpital d’urgence, il rendra l’âme dans la matinée du jeudi 28 janvier 2021.

Marié à une femme et père de 6 enfants, le défunt Maxime Douo Guilavogui, souffrait de complication artérielle, selon son épouse Pauline Koivogui.

A préciser que cet inconditionnel supporter de l’équipe national fut inhumé par ses proches le vendredi 29 janvier 2021, aux environs de 16 heures au cimetière catholique de Bordo.

À Kouroussa, des affrontements entre orpailleurs et militaires fait 2 morts et plusieurs blessés

 De violentes altercations avaient opposé des agents des forces de l’ordre à une meute d’orpailleurs en colère samedi 17 avril dans la circonscription de Kouroussa. Les manifestants après avoir barricadé la route nationale Kouroussa-Kankan, s’étaient livrés à des jets de pierres contre les agents des forces de défense et de sécurité dont certains étaient venus en renfort de Kankan.  A l’origine de cette manifestation, un site aurifère de la localité qui avait été concédé à la société Kouroussa Mining. Après les barricades, les brûlures de pneus et les jets de pierre, les manifestants en colère s’étaient dirigés au domicile du maire et de celui du préfet. Ils y ont tout saccagé. Alors que des rumeurs sur la toile disaient qu’il avait fui de la localité, le préfet d’alors Souleymane Keita, nous avait assuré qu’il était bel et bien présent sur place.

Après deux jours d’échauffourées, le bilan établi était de deux morts et 10 blessés par balles. Un bilan qui fut confirmé par plusieurs sources concordantes. Plusieurs renforts de militaires bérets rouges furent encore dépêchés depuis Kankan pour rétablir le calme dans la cité du Hamana.

Report de la Grande Mamaya et retour en ligue 1 du Milo FC de Kankan

Cette année pour la deuxième fois de suite, les habitants du Nabaya n’ont pas pu esquisser les majestueux pas de la sublime Mamaya. Cette grande cérémonie culturelle annuelle qui se tient au lendemain de chaque fête de Tabaski à Kankan, n’a pas eu lieu encore à cause de la pandémie du Coronavirus.

La nouvelle a été annoncée officiellement dans la nuit du mercredi 14 au jeudi 15 juillet 2021 par la notabilité de Kankan.

Vieille de plusieurs décennies, la Mamaya de Kankan a été déclarée en 2018 par les autorités guinéennes « patrimoine culturel national ».

Enfin on aura gardé le meilleur pour la fin. Cette année 2021, n’aura été de bon augure que pour les amateurs du ballon rond à Kankan. L’équipe préfectorale, le Milo FC, après 3 années d’échec, a obtenu son sésame pour le championnat national de ligue 1.

 Un exploit qu’elle a réalisé le 4 juin dernier après avoir étrillé 4-1 à domicile le Mandén FC de Siguiri au compte de la 23ème de Ligue 2 guinéenne.

C’est donc cette large victoire qui aura permis au Milo FC de Kankan de retrouver l’élite du football guinéen. Une sacrée performance qui a suscité la joie des supporters, des joueurs et du staff technique.

Faut-il rappeler que les hommes de l’opérateur économique Sory Doumbouya alias Sorel, ont terminé en tête du classement de la ligue 2 avec 50 points.

Voilà ce que nous avons pu concocter pour vous au compte de la rétrospective de l’an 2021.

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