Site icon Guinéenews©

Que sont-ils devenus ? Plus de 40 ans de musique, Abdoulaye ‘’Breveté’’ lance un cri de cœur !

Un embonpoint qui ne dit pas son nom au vu du physique de l’artiste, malgré ces plaintes pour abandon de la part des autorités en charge de la chose musicale. Abdoulaye ‘’breveté’’ Diallo, plus de 40 ans de carrière musicale, continue d’égailler le public mélomane de la capitale.

A la recherche de nos acteurs qui soient inconnus par cette nouvelle génération et qui, par prouesse, ont orné notre culture de grandiose valeur, votre quotidien électronique Guineenews, a rencontré l’artiste, auteur compositeur Abdoulaye ‘’Breveté’’ Diallo, chanteur de l’orchestre fédéral, le Télé Jazz de Télimélé.

L’artiste est né le 5 février 1952 à Télémélé. Il est le fils de feu El Hadj Ibrahima Sory et de feue Aissatou Diallo. Marié, il est père de 4 enfants (1 fille et 3 garçons).

Des études primaires et secondaires passées dans son Télimélé natal, très tôt, il s’est orienté à l’école normale des instituteurs de Koba en 1970. Après 3 ans de formation, il obtint son diplôme et fut affecté à Télimélé en qualité d’enseignant.

Comment Abdoulaye ‘’Breveté’’ est-il venu à la musique ?

Il raconte : « J’ai aimé tout court la musique à travers les grands artistes africains dont j’écoutais régulièrement. La musique guinéenne m’a fasciné à travers le Dragon de la chanson africaine, feu Aboubacar Demba Camara, qui fut mon idole. En Afrique, je fus séduit par la musique congolaise notamment l’orchestre African fiesta et singulièrement le grand chanteur de la Rumba feu Rochero Tabuley. Tous ces grands musiciens africains ont été mes références. C’est en 8ème année au secondaire à l’âge de 16 ans précisément en 1968, que j’ai été recruté au sein du Télé Jazz de Télémélé. Dans cette formation orchestrale fédérale, ma formation de base fut assurée par feu Aly Kania Bangoura. J’étais le troisième chanteur après Sékou Kanté et feu Mamadou Oury Barry. Personnellement tout au début, j’étais plutôt choriste et progressivement, j’ai conquis la première place pour être premier chanteur lors d’une quinzaine artistique organisée à Kindia ».

Pourtant, il ne fut pas aisé pour Abdoulaye ‘’Breveté’’ d’embrasser le métier d’artiste face à l’opposition ferme de son père, qui interdisait à sa progéniture d’emprunter un tel chemin qui n’est pas recommandé au sein de la grande famille. C’est ainsi, celui qu’on surnomme ‘’Breveté’’ nous plonge dans les méandres de ses différentes tractations, qui l’ont finalement laissé libre cours d’évoluer dans le métier d’artiste.

Il dira : « Mon père était un ancien combattant, Adjudant-Chef de l’armée coloniale. Assez rigoureux sur les principes, fervent religieux, il s’était catégoriquement opposé à mon désir de pratiquer la musique. Plus draconienne fut la décision de chasser ma mère du foyer au cas où je désobéissais à ses instructions. Etant dans l’orchestre fédéral et c’est bien au temps de la Révolution, le Secrétaire fédéral de Télimélé d’alors, El hadj Abdoulaye Camara, va s’interposer en convoquant mon père, et lui intimer l’ordre au nom de la Révolution de mettre à disposition le militant artiste pour défendre les causes de la Révolution. Le contraire verrait mon père être considéré comme contre révolutionnaire. Imaginez le reste ! L’ancien combattant s’est plié et j’ai pu continuer la musique ».

Abdoulaye ‘’Breveté’’,  dans la poursuite du chemin dévolu, s’est investi  en compagnie de cet ensemble orchestral fédéral de Télémélé, pour exploiter ce riche folklore pastoral guinéen.

Un disque de cet ensemble orchestral, produit par la seule mère de notre patrimoine culturel Syliphone, dénommé ‘’ La fête au Foutah’’, prouve à suffisance, les qualités artistiques et aptitudes au chant de notre ‘’Breveté national’’.

A l’écoute des titres du Télé Jazz tels : Senenko, Midho Falaama, Beere modya, Ko tooli, Dyarama, Dyamaa, mi lumbay dyooni, soyons redevables à ces artistes du peuple ou musiciens de devoir, qui ont tout mis à contribution pour rehausser la culture guinéenne.

Pour de beaux ou mauvais souvenirs à en extraire sur son parcours, Abdoulaye ‘’Breveté’’ y va de pleins et le cœur chargé : « Pour de beaux souvenances, la liste est indéchiffrable. Je retiens cet avant dernier festival des arts et de la culture au temps de la première république. Le Télé Jazz fut exæquo au classement général avec le Nimba Jazz de N’zérékoré. Une délégation composée de 3 ministres se sont déployés pour convoyer le mérite obtenu à Télémélé. Ce jour, nous avions fait une soirée exceptionnelle et ce fut un évènement historique pour moi et le Télé Jazz dans l’ensemble. Quant au mauvais souvenir, Il restera gravé dans ma mémoire et c’est bien indépendamment de nous tous, le rappel à Dieu de plusieurs sociétaires de l’orchestre. C’est avec tous ceux-ci, j’ai connu le succès sur tous les podiums du pays et de la sous-région. Paix aux âmes de Aly Kania Bangoura (Guitare solo et clavier), Mamadou Oury Barry (chant), Souleymane Zito Sylla (Guitare accompagnement), Sambou Yaya (Guitare accompagnement), Justin Fodé Camara (Saxo alto-ténor et clarinette), Dyéli Moussa Diabaté (Balafon). 

Un instant douloureux que nous partageons en compagnie du grand ‘’Breveté’’.

’Breveté’’, pour ce pseudonyme qui colle jusque-là et qui fait couler assez d’interprétations, est-ce vrai aviez-vous passé neuf (9) fois le brevet pour que ce surnom demeure toujours ?

Des éclats de rires ont accompagné la réponse de notre ‘’Breveté’’ : « Comment peut-on comprendre qu’un élève puisse passer neuf ans dans une même classe. C’est de l’utopie. Pour la vraie histoire, c’est au cours moyen CM2, que ce pseudonyme me fut apprêté par mon professeur du nom d’Alpha Chimie. Simplement puisque je portais une bague sur laquelle était imprimé ‘’Breveté’’. Et à chaque fois qu’il m’interrogeait en classe, et au vu de cet anneau, ce n’était ni le nom et moins le prénom Diallo Abdoulaye. ‘’Breveté’’ était celui qui devait répondre aux questions du professeur. A 68 ans, je ne me lasse plus de ces affabulations ».

Plus de 40 ans de musique, Abdoulaye ‘’Breveté’’ compte à son actif 3 albums et deux autres en compilation.  Il s’agit entre autres de ‘’Super étoile du Foutah’’ en 1988, ‘’Noto lan’’ en 2000, ‘’Faalè mokoba’’ en 2004 et les compilations ‘’Top stars 1’’ et ‘’Top stars 2’’. Dans un parfait état de santé, ‘’Béréveté’’ est un fonctionnaire à la retraite.

Quelles sont les sources de revenus de Abdoulaye Breveté Diallo 

« Je vis grâce aux amis et aux rétributions que j’obtiens au cours de quelques prestations car, je continue toujours la musique. Ce que je gagne au compte du BGDA est insignifiant ainsi que la pension que je perçois », regrette-t-il.

Semblable à un cri de cœur, face à la vie actuelle que mène bon nombre d’artistes de sa génération, Abdoulaye ‘’Breveté’’ lance un appel aux autorités : « Il faut que les dirigeants de ce pays puissent se pencher sur la situation des artistes. Reconnaitre ce que nous avions fait pour ce pays. Nous ne devrions pas être là où nous sommes aujourd’hui compte tenu de tous les efforts et sacrifices consentis pour la culture guinéenne. Certes nous résistons et nombreux parmi nous vivent dans une totale déchéance et beaucoup meurent avec un regret d’avoir servi ce pays. En tant que croyant, nous comptons toujours sur les autorités afin qu’ils puissent s’occuper de nous et reconnaitre nos actes posés en faveur de la culture guinéenne. Nous nous sentons réellement abandonnés ».

Certes que le Ministère des Sports, de la Culture et du Patrimoine historique est en train présentement de poser des jalons en vue de récompenser nos artistes en guise de reconnaissance.  Cela n’empêche point de ne pas tenir compte des points de vue ou de l’état d’âme qu’affichent quelques icônes de la musique guinéenne.

Quitter la version mobile