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Que sont-ils devenus ? Falilou Sock revient sur son parcours d’artiste musicien et de diplomate (1ère Partie)

Sock Falilou est artiste, chanteur guitariste, il fut membre de l’orchestre fédéral le Syli Authentique de Conakry 3, de l’orchestre de l’université Gamal Abdel Nasser (Les fils du Rais), acteur de la troupe universitaire et du théâtre national de Guinée. Il finit sa carrière professionnelle en qualité de diplomate, et garde toujours par amour et passion cette fibre artistique, qu’il ne compte pas lâcher.

Sock Falilou est né le 29 janvier 1955 à Dabola. Il est fils de feu Ibahima et de feue Hadja Fatoumata Bah. Marié, il est père de 4 enfants dont 2 filles.

Il a fait ses études primaire et secondaire à Dinguiraye. Transféré à Conakry au lycée du CER (Centre d’Etudes Révolutionnaire) de Coléah et c’est de là, après les examens d’entrée qui s’en sont suivis, qu’il intégrera la faculté des Sciences Administratives et Juridiques de Donka, option Economie et Finances publiques, et ensuite l’Université Gamal Abdel Nasser de Conakry dans la même option. Il terminera ses études et fut affecté en 1980 au ministère des Affaires Etrangères, et titularisé en 1981. 

Sur le plan de la diplomatie, il a effectué plusieurs fonctions dans nombreux pays au compte de la Guinée et de plusieurs institutions internationales. 

Sock Falilou a fait valoir sa retraite en janvier 2022. 

Au ministère des Affaires Etrangères, Sock Falilou a servi au bureau d’études et de stratégie, chargé des études prospectives. Il fut aussi chef de la division Afrique Asie et moyen Orient, conseiller économique à la mission permanente de la République de Guinée, auprès des nations unies à New York. Revenu en Guinée, il a encore été recruté pour servir en qualité de conseiller politique en mission des nations unies en Somalie. Sock Falilou fut aussi affecté à Moscou comme ministre plénipotentiaire de l’ambassade de la République de Guinée en Russie et auprès des Etats de la communauté économique des Etats indépendants.

Arrivée au ministère des Affaires Etrangères, diplômé en économie et finances publiques, pour se perfectionner dans ce dit domaine de la diplomatie, moins outillé, il s’est intéressé aux bourses d’études. 

Il est passé par l’Institut diplomatique du Caire en Egypte, l’Institut sous régional des relations internationales du Cameroun. En Suisse, il a fait des hautes études à l’université international de Genève, où il a obtenu un diplôme d’études diplomatiques. Il avait au préalable fait des cours d’études en anglais au pays et au compte de l’USAID. Affecté à New York, il s’est payé des cours d’anglais intensifs, pour mieux maitriser la langue. A Moscou, il s’est inscrit à travers son cursus pour obtenir un PHD en études diplomatiques et stratégiques, au centre stratégique et diplomatique de Paris (France). 

Cet artiste diplomate reçoit Guinéenews dans sa rubrique ‘’Que sont-ils devenus’’, à son domicile sis au quartier Dar-es-salam pour parler de sa vie artistique et celle diplomatique.

Lisez ! 

Guinéenews : dites-nous comment vous vous êtes retrouvé dans la musique et au théâtre ?

Sock Falilou :  La musique m’a intéressé depuis ma tendre enfance et c’est précisément à Dinguiraye, là où j’ai grandi. Pratiquement, c’est quand je suis arrivé à Conakry, et que je me suis retrouvé avec mon neveu feu Boubacar Bah, ex soliste de l’orchestre le Syli Authentique, avec qui j’habitais à Mafanco, que j’ai commencé à côtoyer cet ensemble. Et finalement, j’ai intégré le Syli Authentique.

Sur mon parcours artistique, j’ai appartenu à ‘’la troupe universitaire’’, ainsi qu’au ‘’Théâtre national de Guinée’’ où, j’ai été acteur dans les pièces ‘’Chaka Zulu’’ et ‘’Thiaroye ou l’Aube sanglante’’.  

Avant tout cela, je vous signale, que ma mère m’avait offert une guitare, par le biais du père de Ahmadou Dieng, qui était membre du comité national de la JRDA (Jeunesse de la Révolution Démocratique Africaine). C’était juste un bon de commande, qui m’avait permis de récupérer la guitare à DIVERMA. Depuis, j’ai continué à être initié par feu Bouba ‘’Solo’’, et nous étions nombreux en compagnie de son jeune frère Ibrahima Bah et de Jean Claude, qui fut chanteur plus tard du Syli Authentique. Au fait, j’étais le seul qui m’intéressait à la guitare, et c’est ainsi qu’il me donnait les notes d’accompagnements, et il assurait le solo. En sa compagnie et chaque fois qu’un élément était absent, je remplaçais tantôt le bassiste, l’accompagnateur et je chantais même. Finalement, j’ai été retenu au sein du Syli Authentique.

Guinéenews : peut-on affirmer que feu Boubacar Bah ou ‘’Bouba Solo’’, fut votre maitre à la guitare ? 

Falilou Sock : Oui, il a été un de mes maitres à la guitare car, il m’a appris beaucoup d’accompagnements. Je me débrouillais aussi tout seul. Depuis Dinguiraye, Lamine Sy, qui était ex-gardien de l’équipe fédérale, bassiste de l’orchestre, m’avait aussi initié aux premières notes de la guitare basse. J’ai côtoyé feu Aguibou Barry, accompagnateur du Syli authentique, feu Réné Bénis bassiste du même ensemble et Alpha Oumar Doumbouya. Je fréquentais beaucoup de musiciens dans le temps, et j’apprenais avec tout le monde. Il faut que je mentionne le nom de Pop Tall (paix à son âme), qui m’a beaucoup impressionné et inspiré. Dans la pratique de la guitare d’accompagnement, je me suis spécialisé dans les accords, et penché vers ce genre à travers feu Pop Tall, qui avait une façon toute particulière de jouer à la guitare, il faisait de la pop musique avec des accords, et des frappes qui m’ont réellement séduit. C’est ainsi que j’ai décidé d’intégrer les frappes au folklore. Je vous dirai aussi que Bob Marley et son style de reggae m’avait aussi ébloui.  

Guinéenews : à part le Syli Authentique, aviez-vous joué dans d’autres formations orchestrales ?

Falilou Sock : Oui quand j’étais à l’université Gamal Abdel Nasser, j’ai participé à la formation et à la création du groupe, qu’on appelait ‘’les fils du Rais’’. Au début, c’est la faculté de Médecine, sous la houlette de Gunter, qui avait initié la création de cet embryon de formation musicale, dénommée le ‘’Bistouri ambiance’’. Finalement, le CA d’alors (Conseil d’Administration), avait décidé d’élargir cet ensemble au niveau de toute l’université Gamal Abdel Nasser. Plusieurs musiciens qui étaient à l’université en ce moment, s’étaient réunis pour constituer l‘orchestre de cette université. Grace à la bienveillance de Mohamed Touré (fils du feu Président Ahmed SékouTouré), nous avions pu obtenir un ensemble musical tout neuf.

Au niveau des orchestres nationaux, j’ai le plus souvent joué avec eux à titre volontaire. Je peux citer ici l’orchestre ‘’Kèlètigui et ses tambourinis’’ à la paillote, le ‘’Kaloum star’’ et le ‘’Gombo jazz’’ en compagnie de feu maitre Barry et de Kova Bavogui, qui est un grand guitariste. 

Guinéenews : guitariste-chanteur, comment aviez-vous pu jumelé et maitrisé parfaitement ces deux rôles ?

Falilou Sock : Oui je pense un peu que c’est un don. Sinon, j’ai commencé par le chant surtout en écoutant l’émission ‘’ les disques des auditeurs’’ de la Radio de Mali Bamako tous les dimanches. Je vais vous raconter une anecdote car, c’est à travers cette émission que j’ai écouté la chanson ‘’Anciens combattants’’ de l’orchestre des aveugles du Mali, d’où sont sortis le couple aveugle Amadou et Mariam, et qui sont aujourd’hui très célèbres. Je jouais et je chantais avant même d’être à proximité de feu Boubacar Bah. Naturellement, il m’arrivait de combiner les deux, donc franchement, je dirais que c’est un don.

Guinéenews : aviez-vous produit un album ou participer à l’enregistrement d’autres en compagnie d’artistes vedettes ou d’ensembles musicaux ?

Falilou Sock : Des albums en tant que tels, je n’en ai pas produit personnellement. Avec le Syli authentique, j’ai enregistré au temps du PDG, plusieurs morceaux en compagnie du grand guitariste feu N’Fanly Kouyaté ‘’Dyéliba’’ au niveau du studio de la RTG. 

J’ai mis mon empreinte à la basse dans le titre ABD (Aly Badara Diakité) de Ibro Diabaté. C’était une coïncidence car, j’étais venu pour les funérailles de mon père décédé en Côte d’Ivoire. A l’époque, j’étais ministre, plénipotentiaire à l’ambassade de Guinée à Moscou. C’est après les funérailles de mon père, que Ibro Diabaté m’a trainé en studio. A la recherche d’une basse, des mains de feu maitre Kèlètigui Traoré, Ibro a arraché la guitare pour me la donner. Du coup, j’ai proposé une basse, qui a plu et fut retenu dans ce titre ABD.

Guinéenews : vous avez fait tant d’années en dehors de cette passion qu’est la musique pour vous. Comptez-vous revenir dans ce cercle ou aviez-vous définitivement raccroché ?

Falilou Sock : Disons que j’ai eu toujours l’âme artistique et que je l’ai toujours gardée. D’ailleurs, cela n’était pas difficile parce que de mes fonctions diplomatiques, je me suis surtout occupé de questions politique et culturelle. A Addis Abeba, le dernier poste occupé, donc j’agissais dans le domaine aussi bien de la politique, de la diplomatie que de la culture. Au fait de la promotion de la culture africaine, guinéenne particulièrement. J’ai toujours la fibre musicale et il m’arrive souvent quand cela se réveille, je participe aux soirées de plusieurs formations de la capitale. Je ne pourrais dire que j’ai raccroché, puisque l’âme y est toujours. J’ai encore ma belle guitare qui m’a été offerte par mon épouse aux USA, lors de mon quarantième anniversaire. Je l’ai toujours gardé durant toutes mes fonctions.

Guinéenews : de la musique au théâtre, peut-on savoir comment aviez-vous intégré la troupe universitaire ? 

Falilou Sock : J’ai intégré cette troupe à partir de l’Université sous l’égide de Moussa Célestin Camara, actuel Directeur du Ballet national Djoliba. Cette étape a été une très belle aventure. Nos répétitions se passaientt à l’Imprimerie nationale Patrice Lumumba, où nous répétions avec l’ensemble instrumental national, dirigé par feu Sory Kandia Kouyaté. Avec cette troupe, nous avions participé à beaucoup d’évènements, notamment celui de Dakar en compagnie de feu Président Ahmed Sékou Touré, après la brouille entre la Guinée, le Sénégal et la Cote d’Ivoire. Nous avions aussi participé au festival de Lagos en 1977, au festival mondial de la jeunesse et des étudiants à Cuba. Et d’ailleurs, c’est dans ce paquebot russe dénommé’’ Admiral Nakimof’’, que j’ai découvert pleins de musiciens et d’artistes. J’ai connu Pamélo Monka, qui était avec les Bantous de la capitale. J’ai aussi connu Zao à qui, j’affirme dans cette interview, avoir donné le titre ‘’Anciens combattants’’ de l’ensemble des ‘’ Aveugles du Mali’’. A ma grande surprise, j’ai compris que ce titre a été un tube, et il avait mis ses propres empreintes. 

C’est donc à partir de l’université, que j’ai intégré cette troupe qui m’a donné du goût pour l’art.

Guinéenews : de la musique au théâtre, vous avez foulé de nombreuses scènes tant sur le plan national qu’international. Racontez-nous un plus beau et un mauvais souvenir vécus bien qu’il y en a pleins dans le parcours ?

Falilou Sock : Comme vous le dites, il y en a pleins de beaux et mauvais souvenirs. Avec l’âge, les souvenirs s’étiolent dès fois. Le plus beau qui m’a marqué, c’était le 11ème festival mondial de la jeunesse et des étudiants à Cuba. Nous avions participé à ce festival et c’était vraiment un événement grandiose, d’une dimension internationale et j’étais avec la troupe universitaire.

Des mauvais souvenirs, il y en a pas eu beaucoup, et je préfère garder certaines choses, parce que cela implique certaines personnes et je n’aimerai pas qu’on dise que j’ai diffamé les gens.

Entretien réalisé par LY Abdoul pour Guinéenews.

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