« Franchement, le football guinéen est en baisse considérable de valeur et en perte de repères »
Ex-International gardien de but guinéen, Fofana Sinè est né le 17 janvier 1955 à Siguiri. Il est fils de Bakary et de M’mah Traoré. Marié à une femme, il est père de 5 enfants dont 2 filles et 3 garçons.
Fofana Sinè va effectuer son cycle primaire, secondaire et le lycée Kankou Moussa de Siguiri entre 1962 – 1974.
Après l’obtention du baccalauréat, il sera orienté à la faculté des sciences administratives et juridiques de Donka, où il sera titulaire de son diplôme d’études supérieures en option Economie finances.
Actuellement chef de bureau Fiscalité Professionnelle aux impôts de Kouroussa, cet international guinéen certainement moins connu et qui fait partie des 15 membres vivants du Hafia 77, une liste fournie par le consultant sportif Tino Diakité, a accepté de recevoir par mail les questionnaires de la rubrique ‘’Que sont-ils devenus’’ de votre site électronique Guinéenews.
Guineenews : Merci pour votre disponibilité pour cet entretien. Ancien gardien de but, comment avez-vous embrassé le football ?
Fofana Sinè : Mon père n’a jamais joué au ballon, mais sa passion a toujours favorisé le sport. J’ai partagé toutes ses joies et tristesses en qualité de supporters face aux résultats de ses clubs de préférences, surtout le Manden Football club de Siguiri.
Le fumet du football qui m’a envahi et provenant du papa, m’a incité. Il me donnera les instructions d’associer et le football et les études qui sont des activités compatibles. C’est ainsi que le papa avait tout mis à disposition pour l’atteinte de l’objectif commun.Dieu merci le rêve est devenu une réalité et j’ai pu pendant cet exercice assumer dignement mes responsabilités.
Guineenews : Dans ce domaine du football, peut-être moins connu par cette nouvelle génération, décrivez-nous votre parcours ?
Fofana Sinè : « Aux âmes bien nées, la valeur n’attend point le nombre d’année. » J’ai été vite repéré à l’intérieur à partir de la base. De mon établissement dans les compétitions inter-écoles, quartiers, arrondissements, préfectorales avec le Manden FC de Siguiri qui a été une fois champion,en coupe PDG en 1976.J’ai été aussi champion inter régions avec la sélection de la Haute Guinée.
J’ai signé ma première licence au compte du Manden FC de Siguiri à l’âge de15 ans. Mon premier match contre l’équipe fédérale de Dinguiraye fut un essai et un coup de maitre. C’était lors des phases éliminatoires de la coupe PDG, saison 1970.
Je fus sélectionné au sein du Hafia et du Syli plus tard, certes grâce à mes compétences et surtout par la bienveillance du Responsable suprême de la révolution feu Président Ahmed Sékou Touré, lors d’une conférence nationale au palais du peuple.
C’est l’occasion pour moi à travers cette interview de rendre hommage à ces formateurs qui m’ont, à tout point de vue, rendu service. A Sory Oularé depuis mon Siguiri natal, Maître Naby et feu Aboubacar Fofana ‘’Garrincha’’ qui ont reçu ce gardien venant de l’intérieur et qui lui ont remis en confiance.
Guineenews : Pourquoi ce choix de la garde des perches dont vous aviez constamment sauvé au sein de toutes ces équipes fréquentées ?
Fofana Sinè :Je suis parmi les footballeurs, les plus rares de ma génération, qui soit un joueur polyvalent.
J’ai toujours sauvé avec honneur et au besoin à tous les postes toutes les équipes fréquentées.
Mon choix d’être gardien de but n’est pas fortuit. C’est une matérialisation concrète de réflexions et d’analyses faites par mon entraineur Sory Oularé du Manden FC de Siguiri. Il a été appuyé dans cette lancée, par mon capitaine d’équipe Moussa Sacko, communément appelé ‘’Petit Moussa’’. Tous ont senti en moi et détecté les qualités d’un bon gardien de but à savoir : le bon sens de placement, le sang-froid, la sureté de main, le bon gabarit, la détente exceptionnelle et autoritaire.
Guineenews : Retenez-vous des moments de joies ou de peines qui vous restent collés sur la peau ?
Fofana Sinè : Au compte des meilleurs souvenirs, je retiens plusieurs. Le faite de faire partie de la sélection des victorieux du trophée du Hafia 77 est un plaisir dont je savoure tous les jours. S’il y en a un autre souvenir qui retient l’attention parmi tant d’autres, est bien le jour où nous fumes champion de Guinée en compagnie du Manden FC de Siguiri. La liste de beaux souvenirs est longue et imaginez après la victoire en coupe PDG contre le 7ème arrondissement et suite à ma brillante prestation, le feu Président Ahmed Sékou Touré exigea ma sélection au sein du Hafia.
Au compte des mauvais souvenirs, bien que n’étant pas titulaire, les défaites du Hafia contre le Mouloudia d’Alger en 1976 et contre le Canon de Yaoundé 1978 resteront encrés dans la mémoire.
Victime d’une blessure à la cuisse droite lors du match Guinée-Maroc en junior, match lors duquel le Maroc a gagné sur le score 2 à 1, est un autre mauvais souvenir. C’était le premier match international où je devais prouver mes qualités de bon gardien.
Guineenews : Chef de bureau de la fiscalité professionnelle de Kouroussa. Quelle aubaine vous disposez par rapport à plusieurs de vos sociétaires qui tirent le diable par la queue. Quelles sont réellement vos sources de revenus ?
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Fofana Sinè :Mes sources de revenus sont principalement mon salaire et cette motivation de reconnaissance de 5.000.000 FG accordée aux anciens sociétaires du Hafia football club par le gouvernement guinéen. Il faut signaler, que je trouve aussi mon compte dans l’agriculture à travers les produits d’exploitation agricole.
Guineenews : Aujourd’hui en service dans l’administration à l’intérieur du pays. Participez-vous au développement du football dans cette contrée ?
Fofana Sinè :Oui, notre association dénommée USAS (Union des Sportifs et Amis de Siguiri), assure le suivi, la formation, la motivation et l’encadrement d’un club de jeunes talents à Siguiri, sous le contrôle de Issa Koita alias ‘’Flèche’’, ancien sociétaire du Manden FC 76.Ce Monsieur affiche 5 titres de champion de Siguiri.
Guineenews :Aviez-vous des projets pour le compte du football guinéen ?
Fofana Sinè :Oui surtout sur l’évaluation et le suivi permanent du club de l’association espoir du futur.
Guineenews : Aviez-vous des relations avec le Ministère des Sports, de la Culture et du Patrimoine Historique ?
Fofana Sinè :Oui et je suis loin de la capitale et à travers cette association des anciens footballeurs, je suis collé à la peau de tous. Je remercie mes ainés à travers ce département qui pense à nous.
Guineenews : Quel est votre regard sur le football guinéen et particulièrement ceux qui sauvent aujourd’hui les buts guinéens ?
Fofana Sinè :On ment par lâcheté, par malhonnêteté, il est parfois plus difficile de dire la vérité qu’un mensonge. Cependant, il faut toujours s’efforcer de dire la vérité car, elle finit toujours par triompher sur le mensonge.
Franchement, le football guinéen est en baisse considérable de valeur et commence à perdre ses repères, notamment, l’honneur, le gout de l’effort, la dignité, la culture de l’amour altruiste, le respect mutuel, la collaboration sincère. Tous ces critères sont des maillons forts pour toute réussite.
Les maillots ne sont plus mouillés au profit de ces vertus mais plutôt pour l’intérêt immédiat. Si le Hafia 77 a triomphé sur toute l’Afrique, c’est par sa bravoure, son patriotisme et sa sincérité pour servir la nation. Dieu merci que ces grands champions du Hafia sont entrain de récolter ce qu’ils ont semé.
Par rapport à ceux qui sont entrain de sauver les buts guinéens, ils s’investissent à donner le meilleur d’eux-mêmes. Un gardien de but ne vaut que ce que vaut ses coéquipiers. L’expérience, la compétence s’acquièrent dans la pratique. Ils n’ont qu’à s’efforcer à travailler dur car, la réussite se trouve au bout de l’effort.
Guineenews : Venant de l’intérieur du pays du club Manden FC de Siguiri, vous aviez pu imposer un moment donné votre marque pour être sélectionné au plus haut niveau. Quel fut votre secret ?
Fofana Sinè : Produit du centre ou de l’intérieur n’a que peu de significations pour un joueur d’imposer sa marque pour être titulaire. Il faut rendre plus, travailler dur, convaincre l’entraineur pour avoir ce statut.
La patience, la persévérance et la foi en Dieu ont été mes meilleursgardes. Durant toute ma carrière, je n’ai jamais pratiqué un fétiche de quelque nature ou provenance que soit. Malgré tout, certains journalistes m’appelait ‘’ le gardien fétiche de Siguiri’’.
La sourate ‘’goulhou allahou’’ était mon secret et c’est mon père qui me l’a confié. Je récitais cette sourate à la hauteur du possible avant et pendant tous mes matchs.
Guineenews : Nous assistons aujourd’hui à la sélection des gardiens qui viennent de l’extérieur. Qu’est ce qui s’est passé depuis pour soutenir cette nouvelle donne ?
Fofana Sinè :Ce changement est purement et simplement psychique. Si l’entraineur est importé ou négocié, il ne peut reconnaitre que sa provenance (l’extérieur), ce qui réellement lui fait suggérer que ceux qui sont avec lui de l’autre bout du monde sont plus aptes pour jouer sa carte.
A part les gardiens de buts, analysez bien l’ossature de toutes nos sélections nationales. Les 95% sont où et viennent d’où ?
Jetons un coup d’œil sur le rétroviseur et notre grande Guinée dans son passé légendaire.
Entretien réalisé par LY Abdoul pour Guineenews.