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Que sont-ils devenus ? : de l’ingénieur à la sportive, Mamy Lucrèce Camara, gère sa retraite en douceur

Mme Lucrèce Camara, communément appelée ‘’Mamy’’ est née en 1957 en France, elle est fille de feu Sékou Menton Camara, et de Madame Camara née Apelbaum Esther. Mère de 4 enfants, Mme Lucrèce Camara a fréquenté l’école primaire de la corniche à Kaloum, le collège au CER 14 mai, puis la 13ème année au 2 octobre. Pour ensuite être orientée à la faculté des sciences techniques de Conakry (ENAM), option Travaux publics. C’est de là qu’elle obtient en 1977 sa bourse pour les études d’Ingénieur en Union Soviétique (Moscou).

Mme Lucrèce Camara est diplômée et ingénieur Génie-civil. A la retraite depuis 2022, elle a servi dans plusieurs secteurs de l’administration guinéenne relevant de son domaine. Du poste de chef de bureau aux études techniques, de chef de division un peu partout dans le pays. Avant d’être finalement nommée Chef de cabinet du département de l’Urbanisme et de l’Habitat.

Ex- membre de la sélection nationale de natation, Mme Lucrèce Camara s’est retrouvée par amour et passion, à l’âge de 13 ans au sein de l’équipe nationale de tennis de table de Guinée.

Votre quotidien d’information en ligne Guinéenews, a rencontré cette championne de Guinée à son domicile sis au quartier Gbessia port, où elle a bien voulu se prêter à nos questions sur le tennis de table, et sur sa passion pour l’art dénommé ‘’Macramé’’.

Lisez l’interview !

Guinéenews : Mme Lucrèce Camara, vous avez été pongiste de haut niveau en Guinée, mais avant vous aviez pratiqué la natation. Racontez-nous d’un saut ou plongeon, ou le papillon en natation, comment vous vous êtes retrouvée autour du tennis de table ? 

Mme Lucrèce Camara : Effectivement au début, je pratiquais la natation. Et c’est par le biais de feu Malick Youla, capitaine d’alors de la sélection nationale de tennis de table et qui pratiquait aussi la natation, que j’ai intégré cet autre sport. La piscine olympique n’était pas loin de la salle d’entraînement du tennis de table. Il m’a conviée à venir faire un tour. Auparavant, ce sport me plaisait beaucoup. Par amour et par passion, je me suis donné et forgé à ce noble sport. Je suis venue à très bas âge dans ce sport.

Guinéenews : Vous avez eu certainement une idole au niveau de ce sport ?

Mme Lucrèce Camara : Oui c’est bien feu Malick Youla, ex-capitaine de l’équipe nationale qui fut mon idole. C’était un excellent pongiste, doté d’excellentes qualités techniques et d’une sagesse qui ne dit pas son nom.

Guinéenews : Vous aviez eu un parcours national et international au niveau du tennis de table. Expliquez-nous-en bref, ces quelques itinéraires vécus ?

Mme Lucrèce Camara : Sur le plan national, je peux confirmer que pendant 7 ans, j’ai conservé le titre de championne de Guinée. C’est ma bourse d’études pour l’extérieur qui a stoppé ma carrière de pongiste.

Sur le plan international, très tôt, j’ai été cooptée par la sélection nationale pour participer à des compétitions internationales. Je peux citer, les années 1971, 1973, 1975 et 1977. Je n’avais que 14 ans quand j’ai commencé à assister aux compétitions sur le plan international.

Guinéenews : Aviez-vous pu acquérir sur le plan international des trophées ou autres distinctions honorifiques ?

Mme Lucrèce Camara : Sur le plan international, je me rappelle avoir ramené par 2 fois, 2 médailles pour les troisièmes places (médailles de bronze) au Nigéria.

Guinéenews : Conservez-vous encore vos souvenirs ?

Mme Lucrèce Camara : Je regrette de ne pas avoir ces médailles aujourd’hui. Au retour des compétitions, ces distinctions nous étaient retirées et je ne sais vous dire, quelles furent leurs destinations. Cela allait me faire un grand plaisir si je les détenais en ce moment, pour garnir mes collections.

Guinéenews : Pour nos lecteurs, pouvez-vous nous énumérer d’autres beaux ou mauvais souvenirs qui vous reviennent dans le parcours ?

Mme Lucrèce Camara : Il y en a pleins (rires) qui sont encore vivants.

L’un des plus beaux est bien le jour où je me suis vue sur le podium pour recevoir la médaille de la troisième place. Mes larmes ont coulé quand j’ai aperçu le drapeau guinéen flotter. C’était un honneur pour moi, pour ma famille, et surtout pour le peuple de Guinée.

Dans le même cadre, c’est lors de la demi-finale disputée au Nigéria contre la performante joueuse togolaise. J’étais rassurée qu’elle était au-dessus de moi. (Attendez, je vais parler à voix basse car ma mère est à côté). Ce jour, consciente de l’enjeu et très jeune, j’ai attiré le public nigérian par la plasticité de mon accoutrement, très sexy. Ce public ne faisait que m’applaudir. Et à la fin du match, vainqueur cela n’a pas empêché, l’entraîneur Ly Alimou de dire ceci « je vais informer ton papa… ». Je n’avais eu pour réponses que de dire, qu’à la conquête d’une victoire, tous les moyens sont bons. Ce sont des anecdotes qui sont liées aux beaux souvenirs.

Les plus mauvais souvenirs sont aussi nombreux. Bon je crois que ce n’est pas la peine d’en parler.

Guinéenews : Dans cette pratique du tennis de table, quels étaient vos points forts ?

Mme Lucrèce Camara : J’avais un revers très fort et je liftais très bien aussi les balles. Mon point fort c’était le fait d’être gauchère. Je n’étais pas différente des autres et jouer avec la main gauche, déstabilisait mes adversaires, et j’en profitais suffisamment.

Guinéenews : Quels sentiments ressentez-vous derrière une table de tennis de table, une balle en main, une raquette prête à servir ?

Mme Lucrèce Camara : Vous m’aviez vu à l’œuvre et vous connaissez mon tempérament en phase de jeu. J’aimais toucher la balle, le son de rebondissement et la matière à travers laquelle elle a été fabriquée. Sans compter, que toucher la raquette était une partie de moi, et j’ai toujours eu l’impression que c’était le prolongement de ma main.

Tout cela ne m’a jamais empêché d’étudier. J’étais toujours major de ma faculté. Et ayant vécu dans une famille d’intellectuels, j’ai eu beaucoup plus d’ouverture d’esprit et le sport était un point nodal de la famille. Chacun de nous pratiquait de son côté son sport favori et nous avons toujours eu l’accompagnement des parents. Par ailleurs, une note particulière pour nos entraîneurs, qui nous ont entourés de tous les soins et ont supporté tous nos caprices, car nous n’étions que des gamins.

Guinéenews : Actuellement est-ce que vous vous intéressez encore au tennis de table ?

Mme Lucrèce Camara : Quand je vois une table, je suis attirée vers elle, quand je vois une raquette il faut que je la tienne. Quand je vois une balle, il y a toujours cet engouement là, mais je ne joue plus comme avant et c’est fini. Je m’intéresse aussi à travers des vidéos que mes enfants m’envoient.

Guinéenews : Aujourd’hui à la retraite, de quoi vivez-vous ou peut-on savoir vos sources de revenus ?

Mme Lucrèce Camara : J’attends ma pension et puis je fais de l’art et je commercialise.

Guinéenews: Quel type d’art faites-vous présentement, et pouvez-vous nous parler brièvement de cette autre passion ?

Guinéenews : Il s’agit du ‘’Macramé’’ qui est un art ancestral connu depuis l’Egypte antique. Il s’agit de faire des nœuds à partir des fils. Le macramé a eu beaucoup de noms différents à travers le temps. A travers cet art, on peut apporter n’importe quel contenu, on peut faire ce que l’on veut à travers la créativité. Actuellement c’est la grande tendance à travers le monde. C’est un art que j’ai appris tout bêtement, quand j’avais 18 ans, auprès d’une cousine venue de Chicago. En bref, c’est un art qui te captive non seulement l’esprit et tous les sens et tu es perpétuellement dans la création. Donc depuis un moment, je vis dans mon art et ce n’est pas seulement l’aspect pécuniaire, mais c’est le côté aussi qui ôte le stress. On l’utilise même sur le plan médical pour les personnes qui sont inquiétées. Présentementc’est mon activité principale et qui m’occupe à plus d’un titre.

Guinéenews : Quel est votre point de vue actuel sur la pratique du tennis de table en Guinée ?

Mme Lucrèce Camara : Je sais que le tennis de table se pratique un peu partout dans les foyers. Je ne suis pas assez imprégnée de cette situation.

Guinéenews : Quels conseils pouvez-vous léguer à cette jeune génération pour la pratique de ce sport ?

Mme Lucrèce Camara : Je pense tout d’abord que c’est l’Etat qui doit aider. J’ai vécu cette expérience en Chine en 1971 et j’ai été frappée par ce type de pratique. Les enfants de bas âge en Chine, sont initiés dans les parcs, dans les écoles et partout. Il faudrait que l’on essaye de développer ce sport là en Guinée, bien que cela demande des investissements. Il faut créer le sport à la base, au niveau de tous les cycles scolaires et encourager l’organisation des compétitions pour progressivement détecter les talents. J’espère qu’on pourrait avec toutes ces mesures, parvenir à de très bons résultats.0

Entretien réalisé par LY Abdoul pour Guinéenews. 

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