Avec des moyens rudimentaires et sans appui financier, la production et la vente du beurre de karité et du soumbara, restent toujours une corvée
Depuis 30 ans, N’Nakanny Diallo est dans l’extraction artisanale et la commercialisation du beurre de karité. À l’image de cette habitante de Soumankoï, elles sont nombreuses ces femmes qui soutiennent leurs familles à travers la production et la vente du soumbara et du beurre de karité.
« Il faut être vaillante pour pouvoir évoluer dans la production artisanale du beurre de karité. Car le ramassage des noix en brousse, le transport sur la tête, la cuisson et le broyage nécessitent de l’endurance. Il faut surtout compter sur ses efforts physiques », explique-t-elle.
Si Kany Diallo s’accroche à ce travail « pénible », c’est parce qu’elle doit soutenir son mari au chômage et ses huit enfants.
À Balandou, les mêmes raisons familiales amènent plein d’autres femmes à l’image de Sira Diallo, Aïssa Fadima et de Nantenin à produire du soumbara. Cette activité est tout aussi pénible que la production du beurre de karité.
Tout le monde ne peut pas aller à Bamako pour vendre ses produits. Et, à cause de l’absence d’un réseau de commercialisation fiable, les productrices sont parfois contraintes de vendre aux moins-disants. Par manque de clients, les femmes du groupement Fasso Dèmèn (Aide à la nation, en maninka), qui produisent plus de 3 tonnes de beurre de karité par an, vendent parfois le kilo du beurre entre 5 000 GNF et 10 000 GNF.
Sans aucun soutien, les femmes de Balandou et de Soumankoï n’ont rien à envier des autres femmes
En dépit de toutes les difficultés liées à leurs activités, il faut souligner que certaines femmes de Soumankoï et de Balandou ont réussi à réaliser des maisons en dur et à acheter des engins roulants (motos) pour leurs époux et/ou enfants. D’autres, organisées en groupements ou associations, ont pu, à travers certains partenaires occidentaux (ONG), installer des plateformes multifonctionnelles qui réduisent ainsi la pénibilité de leurs activités. Mais, elles attendent toujours de l’aide du gouvernement. « Il faut que le gouvernement pense à nous en termes d’aide financière et en renforcement de capacité. Car, la plupart du temps, nous livrons nos produits à nos clients à crédit. C’est lorsqu’ils finissent d’écouler les marchandises, qu’ils envoient notre argent. Ce qui signifie qu’il faut attendre toujours le paiement pour entreprendre une nouvelle production. Alors que si nous disposions de fonds suffisants, on peut travailler en continu », affirme Aïssa Fadima Diallo.