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Procès du 28 septembre : Me. DS Bah demande 2 milliards pour chacune des 137 victimes de viol

L’audience criminelle dans l’affaire des événements du 28 septembre 2009 a repris ce 14 mai 2024 au tribunal de première instance de Dixinn délocalisé à la Cour d’Appel de Conakry. Me Alpha Amadou DS Bah est le premier avocat à prendre la parole au compte de cette 2e journée de l’étape des plaidoiries et réquisitions.

Dès le début de ses propos, Me Alpha Amadou DS Bah a souligné le maintien en fonction des colonels Moussa Tiegboro Camara et Claude Pivi jusqu’au 5 septembre 2021, jour de renversement du régime d’Alpha Condé. Selon lui, pendant 13 ans, les victimes ont été confrontées à l’impunité de ces deux colonels, qui ont continué à exercer des responsabilités importantes au sein de l’administration politique et militaire. « Cette situation a profondément entamé la confiance des victimes envers la justice, alimentant le doute quant à la possibilité même de tenir un procès », a-t-il affirmé.

L’avocat a également insisté sur le fait que les accusés, dont Moussa Dadis Camara, Aboubacar Toumba Diakité et Moussa Tiegboro Camara, n’ont montré aucun remord, ni reconnu les faits qui leur sont reprochés. Pour lui, ces accusés ne méritent aucune circonstance atténuante et « doivent répondre pleinement de leurs actes devant la justice. »

Me DS Bah a accusé le président Dadis d’avoir organisé sa propre évasion en complicité avec Claude Pivi, les colonels Tiegboro et Blaise Goumou. Il a également souligné le rôle central de Moussa Dadis Camara dans la planification du massacre du 28 septembre, affirmant que celui-ci était le véritable instigateur des événements tragiques de cette journée.

« Le président Dadis, en complicité avec le fugitif Claude Pivi, les Colonels Tiegboro et Blaise Goumou, ont organisé leur propre évasion. Vous avez les images. Comment ce commando lourdement armé a-t-il pu pénétrer la Maison centrale et les exfiltrer ? Monsieur le président, Moussa Dadis Camara a tenté de se soustraire à sa responsabilité en tant que père. Il y a un qualificatif que j’aurais pu employer, mais je me réserve. Les arguments avancés par la défense sont que ces accusés ont été forcés de quitter la Maison centrale. Sur 11 accusés, pourquoi seulement quatre ont-ils fui ? Marcel, Cécé Raphaël Haba, Paul Mansa Guilavogui, Dr Chérif Diaby et le Colonel Kalonzo sont restés. Pourquoi les autres ont-ils fui ? Monsieur le président, c’est parce qu’ils se sont rendu compte que leur plan a échoué et les trois se sont retournés en prison. Ce fait démontre que le président Dadis est le planificateur du massacre du 28 septembre. Il a commis des crimes contre l’humanité par la responsabilité de la chaîne de commandement, car ceux qui ont agi étaient directement sous son commandement », a-t-il indiqué.

Concernant le colonel Moussa Tiegboro Camara, l’avocat a déclaré qu’il était l’un des principaux responsables de ce massacre, participant à toutes les étapes, de la conception à la dissimulation des preuves. Me Amadou DS Bah a également insisté sur le nombre important de témoignages accablants contre le colonel Tiegboro, soulignant son omniprésence lors des événements du 28 septembre : « L’un des planificateurs de ce massacre. Il a participé à toutes les étapes, de la conception à la réalisation, ainsi qu’à la dissimulation des preuves. Il est dit que parmi les parties civiles, 67 parlent de lui. C’est inédit. Il était omniprésent et insaisissable. La veille, il était d’abord au camp. Le jour même, à 6 heures, il est venu au stade. Le soir, pour tirer les leçons, il était de retour au camp. Il était aux côtés du président Dadis, comme il l’a déclaré à RFI. Il ne savait peut-être pas qu’il était enregistré, ou c’est le destin qui l’a poussé à le dire. Il a dit : « Quand le président Dadis appelait, j’étais sur place’’. »

En conclusion, l’avocat a demandé au tribunal de condamner solidairement les 11 accusés et de garantir des réparations aux victimes : « Monsieur le Président, les victimes vous regardent ; elles vous demandent de vous souvenir de leurs témoignages à la barre. L’image de notre justice est en jeu, et je suis convaincu que vous saurez restaurer sa crédibilité à travers votre décision. Nous vous prions instamment de retenir les accusés dans les liens de la culpabilité des crimes contre l’humanité pour les infractions commises lors des événements du 28 septembre et des jours qui ont suivi. »

Il a réclamé des montants significatifs pour les ayants droit des morts et des disparus, les femmes victimes de viols, les victimes de coups et blessures, de torture et de pillages. De plus, il a demandé que ces montants soient garantis par l’État, tenant celui-ci pour partie responsable des événements du 28 septembre : « Pour les ayants droit des morts et des disparus, au nombre de 87, nous demandons 3 milliards par groupe. Pour les femmes victimes de viols, au nombre de 137 recensées, nous demandons 2 milliards par victime. Les victimes de coups et blessures volontaires, au nombre de 500, nous demandons 1 milliard 500 millions chacune. Les victimes de torture, au nombre de 5, nous demandons 2 milliards par personne. Pour les victimes de pillages, au nombre de 13, nous demandons 1 milliard par personne. En plus de cette demande, Monsieur le Président, nous voudrions que ce montant soit garanti par l’État, puisqu’il serait également tenu responsable du fait que ceux qui ont agi l’ont fait sous couvert de l’État. »

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