Il s’agit d’un partenariat public-privé qui vise à former les personnels du transporteur à l’effet de maitriser tout départ de feu pouvant survenir dans ses installations et au-delà, notamment lors des opérations de chargement-déchargement ou pendant la circulation des camions-citernes.
A la différence des autres domaines de transport, celui du carburant présente un éventail de risques multiples et élevés: déversement de produit, pollution de l’environnement, incendie et/ou explosion.
Autant de situations potentiellement dangereuses qui guettent, non seulement ceux qui interviennent dans ce secteur, mais également ceux qui vivent ou circulent dans leur environnement immédiat.
La Direction Nationale de la Protection Civile entretient un partenariat suivi avec BTO Transports et Logistique, un transporteur agréé de produits pétroliers, en vue d’assurer une formation continue de ses chauffeurs de camions citerne et personnels techniques.
Des exercices de simulation d’alerte au feu sont ainsi périodiquement organisés pour booster le niveau des personnels, dans leur réaction face au danger. La dernière simulation en date s’est déroulée au siège de l’entreprise, à Kountia -sud.
C’est le service Incendie et Secours de Matoto qui était à la manœuvre. Son intervention consistait à éteindre dans les délais requis, un départ de feu constaté sur un camion citerne.
Pour être précis, il s’agit d’une démonstration qui part d’un fait délibérément provoqué, entraînant inéluctablement des conséquences connues d’avance, qu’il faut gérer au mieux, comme en situation réelle.
C’est un chiffon imbibé d’hydrocarbure qui a servi à l’exercice. Il a été, comme cela arrive quelquefois dans les ateliers d’entretien ou de réparation, « abandonné par mégarde » sur le collecteur d’échappement du camion-test. Aussitôt que celui-ci a entrepris les manœuvres pour sortir du parc, le principe immuable du triangle de feu, bien connu des pétroliers, s’est vérifié. Le chiffon imbibé de liquide inflammable est le combustible auquel s’ajoute le comburant qui est l’air ambiant. Pour finir, la chaleur intense du collecteur d’échappement complète le triangle. C’est le point chaud ou la source d’énergie. La combinaison de ces trois éléments donne toujours naissance au feu. Ce qui n’a pas manqué de se produire!
Aussitôt, l’alerte a été lancée. Le tracteur, rapidement désolidarisé de la citerne, a été éloigné. Le départ de feu a été vite maitrisé, grâce à la promptitude du personnel de service qui a rapidement fait usage des extincteurs.
Pendant ce temps, le service Incendie et Secours de Matoto, dont c’est la zone d’intervention, s’était immédiatement mis en route avec les moyens appropriés. Il a fallu 30 mn pour qu’il arrive sur les lieux, distants de 12 km de sa base. Un temps jugé par tous, absolument long pour réussir une quelconque intervention, face à un incendie d’hydrocarbures, connu pour sa rapidité de propagation et son caractère terriblement destructeur. Il est dit dans le jargon des sapeurs pompiers : « une minute, un verre d’eau, deux minutes, un seau d’eau». Au-delà, il faut faire appel à eux.
C’est dire donc que si rien n’avait été entrepris au sein du parc pour combattre le départ de feu, un incendie se serait forcément déclaré qui aurait tout consumé, avant l’arrivée des secours. Avec, en plus, vu les quantités de carburant disponibles sur les lieux à bord des camions en rotation constante, les dégâts collatéraux possibles sur les habitations voisines.
Pour faire face à cette éventualité, BTO envisage un renforcement de ses équipements à l’interne en se dotant de camion d’incendie avec accessoires complets et en aménageant un point d’eau au sein du parc.
Le responsable de l’unité d’intervention du service Incendie et Secours de Matoto dira que leur retard, malgré l’appui marqué de la sécurité routière, tient surtout à l’encombrement quasi permanent des routes et au mauvais comportement des usagers qui font peu cas de la présence des sapeurs pompiers dans la circulation.
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A leur arrivée sur le site, ils ont néanmoins assuré la prise en charge des « blessés » et la protection de la citerne qui a été longuement aspergée d’eau avec additif pour la refroidir et inhiber tout risque d’incendie ou d’explosion.
Pour le commandant Moustapha Diallo, cet exercice de simulation, malgré les imperfections constatées, concrétise la qualité du partenariat avec BTO Transports dont le personnel a acquis, au fil du temps, un niveau d’expertise lui permettant de réagir de manière autonome face au danger du feu d’hydrocarbures. Il encourage les autres transporteurs de produits pétroliers à s’inscrire dans la même dynamique de formation pour dominer toute situation identique pouvant survenir dans l’exercice de leur activité.
Un débriefing a été organisé qui a réuni les équipes des deux partenaires. Ce fut l’occasion de discuter de quelques réglages techniques à effectuer pour améliorer les équipements et les prestations.
M Bah Thierno Oury, par ailleurs vice-président de l’Union Nationale des Transporteurs d’Hydrocarbures et Produits Assimilés dira, à l’occasion, toute sa reconnaissance à l’endroit de la Direction Nationale de la Protection Civile pour l’accompagnement efficace qu’elle lui a toujours apporté. Il a apprécié l’effet positif qui en découle à partir des indices de performance croissants de son personnel, dans la protection contre les risques d’incendie. Pour conclure, il dira son engagement à tout mettre en œuvre pour rendre pérenne ce partenariat, à ses yeux, exemplaire.
Les autorités ont toujours cité en exemple les miniers et les transporteurs d’hydrocarbures pour la qualité de leur organisation et leur comportement exemplaire dans la circulation. Il est indéniable que dans ce genre d’activités et en raison des risques encourus, le professionnalisme soit absolument requis et reste la condition essentielle pour garantir une marge de sécurité suffisante. L’amateurisme et l’improvisation n’y sont pas permis.
Avec le développement progressif du pays, il est à craindre que nous soyons confrontés, au quotidien, à des risques de plus en plus grands. Des catastrophes naturelles majeures, aux incidents domestiques les plus anodins, il y aura toujours de quoi constituer une préoccupation pour les populations d’abord, mais aussi pour les pouvoirs publics. Les Etats à travers le monde ont un impératif régalien commun qui est de protéger les citoyens et leurs biens, mais aussi leur territoire contre les cataclysmes et agressions de toute nature.
Parmi ces risques inhérents à la vie en société, il y a l’incendie qui tient une bonne place et pourrait même être l’un des évènements les plus fréquents à se manifester.
Le feu reste sans doute, l’une des merveilleuses découvertes de l’homme. Il lui a permis de vaincre les ténèbres, de se protéger du froid, de fabriquer des outils, de cuire ses aliments, de chasser et se défendre, de se retrouver et veiller en famille et de construire une vie sociale harmonieuse.
Pour autant, l’homme aura beau s’émerveiller de cette découverte fantastique, voire sublime, si elle n’est pas sous contrôle, elle pourra toujours lui porter la plus grande nuisance.
Les exemples de feux dévastateurs ne manquent pas pour nous rappeler à notre devoir de prévention. Des forêts entières, des tankers, des dépôts, des cuves, des citernes prennent feu de temps à autre, à travers le monde. Cela reste toujours spectaculaire et dévastateur, malgré la préparation assidue des personnels de la protection civile et les moyens d’intervention immenses dont disposent les pays européens, américains ou asiatiques qui en sont victimes.
Pendant que nous sommes l’antithèse de la réalité de ces pays développés, en termes de moyens, nous n’avons pas le droit d’attendre que le feu survienne ici ou là, chez nous, pour apprendre à réagir efficacement. Il faut le penser et le faire dès maintenant, avec tout le sérieux et tous les moyens qu’il faut. C’est urgent, il n’y a aucun fatalisme à évoquer. Ça peut arriver partout et à n’importe quel moment.
Il y a longtemps déjà, à Gbikili, dans la préfecture de Kindia, un incendie de camion citerne siphonné par les populations avait entrainé la mort de dizaines de personnes.
Ces derniers temps, d’autres incendies ont marqué les esprits, de par leur ampleur et gravité: le cas d’un immeuble à la minière, d’une maison d’habitation à Coza et d’un important périmètre du marché de Madina.
N’attendons pas plus pour réagir !