Dans le cadre de l’examen du projet de Loi de finances initiale exercice 2023, les Conseillers nationaux ont entamé ce lundi 19 décembre 2022, la série de plénières consacrées à la présentation par les Ministres, de la politique sectorielle de leurs départements respectifs.
Après les différentes présentations des Ministres Mory Condé, Seydouba Soumah et Moussa Magassouba, les Conseillers nationaux dans un langage franc mais courtois, ont fait de pertinentes observations et recommandations.
De la conception des politiques sectorielles, leur mécanisme opérationnel de mise en œuvre, les allocations budgétaires, les Conseillers nationaux, d’un œil de lynx et sans complaisance, se sont montrés méticuleux et pointilleux sur ces aspects. Le tout, en se mettant dans la peau du citoyen à la base puisque c’est le moment ou jamais de la refondation de l’État et de la rectification institutionnelle.
Pour 2023, le projet de budget du Ministère de l’Administration du territoire et de la décentralisation est de 1 667 milliards 247 millions GNF sur la Loi de finances initiale (LFI), contre 1 116 milliards 553 millions 229 mille francs guinéens en LFR 2022. Avec une augmentation de 550 milliards 693 millions 772 mille francs guinéens, soit un taux d’accroissement de 49,32%.
Nonobstant cette augmentation substantielle du budget du MATD, le Ministre a estimé que cette enveloppe reste insuffisante. Parmi les propos tenus par le locataire du MATD, les éléments suivants ont été abordés avec insistance :
– La faible allocation budgétaire destinée aux autorités déconcentrées ;
– Le processus de retour à l’ordre constitutionnel conditionné par la mise en œuvre de certaines activités dont le recensement général de la population et de l’habitat, le recensement administratif à vocation d’état civil, l’établissement du fichier électoral, le dialogue politique ;
– La rationalisation de la gestion de l’Agence nationale de financement des collectivités locales (ANAFIC), le Fonds de développement local (FODEL), le Fonds de développement des communes de Conakry (FODECON) qui sont tous des outils de financements pour un véritable développement à la base.
S’agissant des interrogations des Conseillers nationaux, des questions ont porté entre autres sur :
– La nécessité du dialogue inclusif ;
– La problématique de l’obtention des documents administratifs surtout l’extrait d’acte de naissance ;
– La floraison des partis politiques ;
– La foultitude d’organisations non gouvernementales (ONG) non agréées avec des sources de financements douteuses ;
– L’organisation des élections de la base au sommet ;
– L’assainissement de la capitale et de d’autres villes de l’intérieur du pays ;
– La subvention des communes rurales et urbaines ;
– Les relations entre le MATD et les coordinations régionales ;
– La vigueur des manifestations politiques dans certaines localités et les moyens déployés en termes de forces de défense et de sécurité ;
– La gestion et la sécurisation de nos frontières.
Pour sa part, le Ministère de l’Energie, de l’hydraulique et des hydrocarbures dispose pour l’exercice 2023 d’une allocation budgétaire de 3 892 milliards 982 millions 796 mille francs guinéens contre une dotation en LFR 2022 de 4 223 milliards 921 millions 898 mille 700 francs guinéens, soit une diminution de 330 milliards 939 millions 102 mille 700 francs guinéens (8%).
Le Ministre Seydouba SOUMAH dira que ce budget est bâti autour des projets et programmes visant à améliorer la desserte en électricité et de l’adduction en eau potable. Selon le chef de ce département, de gros efforts ont été consentis au cours de cette année avec une fourniture en électricité qui est passée de 25 à 46%. Parmi les projets phares du département prévus pour 2023 figurent en entre autres : la réalisation du quatrième projet eau du schéma directeur du grand Conakry, l’amélioration de la desserte en eau potable dans les régions de Kindia, Mamou, Labé, Faranah, Kankan, N’Nzérékoré et Boké.
Dans le domaine de l’électricité, les efforts seront consentis principalement sur la poursuite des travaux d’éclairage public à Conakry et les sept régions administratives du pays. À cela s’ajoute la finalisation et l’opérationnalisation du poste principal de Linsan, les postes associés et le raccordement des régions de la Haute Guinée, de la Moyenne Guinée et de la Guinée forestière.
Au titre des questions abordées par les Conseillers nationaux, il y a celles relatives à :
– L’accessibilité du gaz butane à la population pour minimiser voire stopper la déforestation ;
– La réalisation du quatrième projet eau ;
– La réglementation du secteur des forages ;
– La politique d’adduction d’eau à l’intérieur du pays et dans certains quartiers de Conakry ;
– Au non-paiement de factures d’eau et d’électricité par des départements ministériels ;
– La spéculation sur le prix du gaz butane par des commerçants ;
– La privatisation de la SEG ;
– L’effectivité du contrôle de qualité des câbles importés dans le but de remédier aux courts-circuits ;
– L’intérêt qu’accorde le Gouvernement à la récente découverte d’une substance apparentée au gasoil dans la préfecture de Mali.
Au ministère des Mines et de la géologie, le budget prévisionnel pour 2023 est de 112 milliards 760 millions 790 mille francs guinéens contre 86 milliards 734 millions 681 mille en LFR 2022. Dans son intervention, le Ministre des Mines a tenu à rappeler que 83% des exportations et 40% du PIB proviennent du secteur minier. Cela étant, il existait une forme d’anarchie dans le secteur avec plus de 840 permis miniers dont seulement 50 en phase de développement ou d’exploitation. Par comparaison, les États-Unis ne disposent que de 43 permis miniers et 66 en Australie (premier pays producteur de bauxite au monde) qui sont pourtant de grands pays miniers.
Les défis du ministère sont nombreux mais les plus urgents selon le ministre sont entre autres :
– L’assainissement du cadastre minier ;
– Le renforcement de capacités des cadres du ministère ;
– Le projet de rénovation, d’extension et d’équipement du laboratoire de Kankan pour l’analyse de l’or et des métaux de base ;
– Le projet de mise en place d’une base de données pour le renforcement du suivi des projets miniers.
De pertinentes questions ont été posées par les Conseillers nationaux en lien avec les aspirations légitimes des populations à la base. Ces questions ont été principalement articulées autour :
– Des éboulements récurrents dans les mines ;
– De la formalisation des entreprises évoluant dans le secteur minier ;
– De l’impact des sociétés minières sur l’environnement ;
– De la transformation de la bauxite en aluminium ;
– Du faible taux de décaissement des fonds dans le cadre de l’accord cadre Chine-Guinée (seulement 800 millions décaissés sur 20 milliards de dollars US) ;
– De la précarité et de l’instabilité dans le secteur minier ;
– De l’abandon scolaire dans les sociétés minières et de la dépravation de nos mœurs et coutumes (proxénétisme, drogue, déviance et d’autres travers aux alentours des sites d’exploitations minières) ;
– De l’exode rural vers les sociétés minières ;
– De la mise en place du bureau d’évaluation sur la quantité et la qualité des minerais ;
– Du contrôle des produits miniers sortants ;
– De la création d’une école d’excellence dans le domaine minier.
Cette plénière s’est déroulée dans un climat de sérénité sous la direction de Dr Dansa KOUROUMA, Président du Conseil national de la transition qui a assuré la police des débats avec dextérité et une parfaite maitrise des enjeux de l’heure.
La Cellule de communication du CNT.