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Politique publique : comment sauver le système éducatif guinéen ?

Après plus de 20 ans de crises multiformes, nombreux sont les observateurs qui qualifient les enfants nés dans les années 2000 de « génération sacrifiée ». En effet, le système éducatif guinéen a été gravement perturbé entre 2006 et 2020, avec des grèves récurrentes empêchant les enfants d’aller à l’école. Les revendications politiques et sociales, notamment dans l’enseignement supérieur, ont conduit à plusieurs années d’interruptions presque totales. Cette instabilité a fortement ébranlé le système scolaire. (Image d’archives, le général Doumbouya avec des lauréats boursiers )

Aujourd’hui, avec le retour de la stabilité politique, des efforts considérables sont déployés pour restaurer le système éducatif. Des ressources budgétaires additionnelles ont été affectées au secteur, permettant la construction de nouvelles salles de classe au primaire et au secondaire, ainsi que le recrutement de nombreux enseignants. Ces efforts commencent à porter leurs fruits, avec une amélioration notable de la performance scolaire : les taux d’inscription et de réussite ont augmenté ces dernières années. Cependant, les progrès restent insuffisants ; la Guinée est toujours en retrait par rapport à la moyenne africaine et très éloignée des résultats des pays émergents. Les adolescents fréquentent peu l’école secondaire, avec des taux d’abandon et de redoublement élevés, et de nombreux élèves ont encore des difficultés de lecture et de calcul à la fin de l’école primaire. De plus, même lorsqu’ils vont à l’école, beaucoup d’étudiants ne sont pas préparés aux besoins du marché du travail.

Les causes du faible rendement

Le système éducatif guinéen souffre principalement d’une faiblesse dans la planification, la programmation et l’évaluation. La création d’écoles en Guinée n’a pas toujours répondu aux besoins réels, notamment en ce qui concerne les ressources humaines. Les possibilités budgétaires de l’État n’ont pas été suffisamment prises en compte. Le secteur éducatif a donc évolué en marge des objectifs clairement définis et des finalités qui lui ont été assignées. Un déséquilibre entre l’offre et la demande persiste.

Malgré plus de quatre décennies d’efforts en faveur de l’éducation, l’incapacité à combler l’écart entre la demande et les capacités d’accueil du système éducatif est évidente. Les infrastructures manquent à tous les niveaux : primaire, secondaire et supérieur. Ce déficit est encore accentué par le manque de matériel pédagogique et didactique. Le poids important des dépenses de personnel constitue également un obstacle majeur, empêchant le système éducatif guinéen de répondre aux attentes de la population.

Ainsi, malgré de nombreux efforts pour garantir à chaque enfant une éducation de qualité, les résultats restent en deçà des attentes.

La persistance de cette « crise des apprentissages » sur plusieurs décennies soulève des questions légitimes : comprenons-nous véritablement les enjeux qui minent le système éducatif et affectent la qualité de l’éducation ? Qu’est-ce qui n’a pas fonctionné dans les décisions passées pour améliorer cette qualité ?

Quelles actions entreprendre ?

Le gouvernement n’est pas resté inactif. Beaucoup estiment qu’il faut du temps pour améliorer les résultats scolaires, car ces progrès nécessitent une démarche de longue haleine. Les autorités actuelles ont décidé de redoubler d’efforts dans leur plan national de développement et leur politique sectorielle de l’éducation. Plusieurs réformes sont prévues pour améliorer l’efficacité du système éducatif dans les prochaines années. Les efforts sont concentrés sur l’amélioration du contenu de l’enseignement, le recrutement de nouveaux enseignants, et la construction de nouvelles écoles, ce qui est encourageant.

Cependant, pour atteindre les résultats scolaires escomptés, les réformes doivent cibler les principales catégories de dépenses de l’État : les salaires des enseignants, les dépenses administratives et les équipements. Il est crucial de privilégier la performance des enseignants, souvent considérée comme le principal déterminant de la réussite scolaire. Cette performance, tributaire de nombreux facteurs, est généralement associée à la politique de ressources humaines en termes de rémunération, d’évaluation et de développement professionnel. Or, ces aspects pourraient être améliorés en Guinée.

Au cœur de ces réformes doit se trouver le besoin de promouvoir l’efficience de la dépense publique, en améliorant la performance des enseignants et en augmentant les dépenses en équipements, tout en réduisant les frais administratifs. Une étape indispensable est de mettre en place un nouveau contrat social impliquant toutes les parties prenantes dans la réussite scolaire de chaque enfant en Guinée.

Il est également important de se rapprocher des acteurs chargés de la mise en œuvre des politiques éducatives pour observer et comprendre leurs actions concrètes sur le terrain. Il faut analyser la pertinence, la coordination et l’orientation de leurs actions vers l’amélioration de la qualité de l’éducation, identifier les difficultés rencontrées et les leviers pour améliorer l’efficacité de leurs actions.

Le développement d’un pays dépend de son système éducatif

On dit souvent que quand l’école va, tout va. Les pays les plus prospères sont ceux qui ont réussi leur diversification grâce à une main-d’œuvre compétente, capable d’incorporer et de diffuser le progrès technologique au fil du temps. Le défi majeur de la Guinée est donc de promouvoir de nouvelles compétences, ce qui passe nécessairement par un système éducatif et d’apprentissage efficient. Si l’acquisition de compétences dépend de nombreux facteurs économiques et sociopolitiques, il est généralement admis que la performance du système éducatif et d’apprentissage est un facteur déterminant. Celui-ci doit non seulement offrir des opportunités pour que le maximum d’enfants et de jeunes puissent aller à l’école, mais aussi leur permettre d’acquérir les connaissances nécessaires pour leur vie adulte, notamment sur le marché du travail.

Pour cela, l’accent doit être mis sur les réformes visant à améliorer l’efficience de la dépense publique, en optimisant l’impact de chaque franc injecté dans le système éducatif sur l’espérance moyenne de vie scolaire.

 

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