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Pénurie d’eau à Conakry : les populations sommées de prendre leur mal en patience

Qualifiée de château d’eau de l’Afrique de l’Ouest, la République de Guinée peine toujours  à offrir suffisamment d’eau potable à sa population. Les robinets sont à sec depuis plus de 15 ans dans certains quartiers de la capitale.

Une triste réalité qui a emmené le ministre de l’Energie et de l’Hydraulique à effectuer une visite sur certains sites de pompage d’eau, notamment à Kakimbo dans la commune de Ratoma. Il s’agit de cette première station qui renforçait la production d’eau à partir de Yessoulou, située dans la commune de Coyah, d’où provient l’essentiel de la desserte en eau potable de la ville de Conakry.

Là, le Dr Cheick Taliby Sylla a justifié sa présence pour toucher du doigt les réalités sur le terrain afin de s’apercevoir comment fonctionne cette station au regard du besoin sans cesse croissant en termes de fourniture d’eau à travers la ville de Conakry.

« Il est de notre devoir de venir visiter ce site et savoir qu’est-ce qu’on peut faire pour remonter ces informations et essayer de corriger ce qui est en train d’être fait ici. Puisque la production d’eau ici varie entre 8.000 à 10.000 mètres cubes. Et je me rappelle, dans les années 95, c’était aussi autour de 10.000 capacités installées. Malgré le nombre de forages qui a augmenté, la capacité reste donc statique. Cela est dû très certainement aux activités anthropiques de nos populations sur l’écosystème de Kakimbo. Et je pense qu’il est indispensable de sauver cet écosystème », a indiqué le ministre de l’Energie et de l’Hydraulique.

Pour mémoire, le Dr Sylla rappelle que Kakimbo faisait 25 hectares de forêt classée et qu’aujourd’hui, cette superficie n’existe quasiment plus. « Même la source d’eau de Kakimbo qui se trouve à la hauteur de Koloma là-bas n’existe plus. Aujourd’hui, vous voyez que le filet d’eau qui coule n’est plus exploitable. Alors, on doit se déployer pour pouvoir sauver ce qui se trouve ici », martèle-t-il.

Des comptes à la Direction générale de la SEG

Vu cette malheureuse situation de pénurie d’eau à Conakry, en dépit de l’appui du gouvernement et des partenaires au développement à la Société des Eaux des Guinée (SEG), Cheick Taliby Sylla a déclaré que ce constat devrait interpeller cette entreprise en charge de la gestion de l’or bleu pour qu’elle fasse des efforts de recouvrement afin de se doter des moyens qu’il faut pour acheter le carburant et alimenter ces groupes électrogènes pour fournir de l’eau aux populations.

« Quand je prends l’aide que le gouvernement a fait à travers le Budget national de développement, pour l’année 2018 seulement, 90 milliards de francs guinéens ont été envoyés à la SEG pour faire face justement à ces problèmes d’exploitation. Parce que l’achat du carburant, c’est un problème d’exploitation. Il faut que très rapidement, nous nous attelons à cela pour qu’on puisse pomper la quantité d’eau disponible pour alimenter les populations en attendant que les projets qui sont en cours puissent arriver afin de sortir Conakry du déficit criard qu’on connait aujourd’hui dans le domaine d’alimentation en eau potable », a soutenu M. Sylla.

La fin de la crise n’est pas pour demain

Aux populations de Conakry, Cheick Taliby Sylla demande de garder le mal en patience. Car, sans prendre le risque de s’aventurer dans des dates, il a indiqué que son ministère est à pied d’œuvre pour pouvoir développer très certainement la phase d’urgence du Quatrième Projet Eau et produire en dix mois, 50.000 mètres cubes d’eau pour la ville de Conakry afin de soulager ces populations.

« Je dirai aussi qu’avec la Banque Mondiale, nous avons déjà un financement de 30 millions de dollars pour  mettre en place  le Projet eau urbaine de Conakry. Avec la coopération chinoise, nous avons aussi 72 millions de dollars toujours dans le cadre du renforcement de la capacité de production d’eau potable dans la ville de Conakry. Egalement avec l’AFD qui octroie 30 millions d’euros pour sécuriser et mieux gérer la quantité d’eau distribuée dans la commune de Ratoma, dans le cadre du Projet d’amélioration des critères technico-commerciaux dans cette commune. C’est une première phase. Elle va continuer. Mais l’essentiel pour nous, c’est de faire apporter de l’eau au plus vite, que déjà les stations qui existent où il y a de l’eau, il faut organiser de telle sorte que cette eau soit pompée et mise à la disposition des populations », a-t-il conclu.

A cela, il faut ajouter l’appui sans cesse croissant de l’Agence Japonaise de Coopération Internationale (JICA) pour améliorer la desserte en eau potable dans la ville de Conakry.

En définitive, nul n’ignore que de nombreux fleuves prennent leurs sources en Guinée. C’est le cas du fleuve Niger, du fleuve Sénégal et du fleuve Gambie, pour ne citer que ceux-ci. Cependant, le constat est qu’ils servent plus d’autres pays sous régionaux que la Guinée. Dommage !

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