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Pataquès électoral du 22 mars : Ça branle dans le manche de l’exécutif

C’est un Alpha Condé, quasiment seul contre tous qui appelle ses compatriotes à voter ce dimanche, dans un double scrutin non inclusif et sans aucun gage de transparence. Dans ce contexte crisogène, où le Front national pour la défense de la constitution (FNDC) menace de s’opposer à ce pataquès électoral, l’Union européenne  et la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (Cédéao) tournent le dos au pouvoir de Conakry.

Alpha Condé, figure tutélaire de l’opposition, devenu président, est aujourd’hui méconnaissable, aux yeux de maints observateurs. Face à son refus de descendre de sa tour d’ivoire, pour entendre raison.

Mis sur un piédestal par un entourage à l’esprit revêche, le président a fermé la porte au dialogue avec son opposition. Pour lui, seule la tenue de ce double scrutin ce 22 mars importe désormais. Alea jacta est.

Et comme il fallait s’y attendre en pareils cas, à mesure qu’on approche du jour J, le vide se crée autour du pouvoir de Conakry. C’est le moins qu’on puisse affirmer, avec les positions de plus en plus  tranchées, exprimées par les partenaires de la Guinée, contre ces élections controversées.

C’est le cas de l’Union Européenne  qui s’est fendue d’un communiqué à quelques heures de ces joutes électorales sans enjeu, pour dénoncer le caractère exclusif de ce double scrutin.

L’UE relève dans la foulée que ‘’les conditions d’organisation d’un scrutin sérieux et apaisé, dont le résultat puisse être accepté par tous ne sont actuellement pas réunies.’’ 

Elle n’a pas manqué de  réaffirmer son soutien à la Cédéao et à l’OIF, bien que celles-ci n’aient pu tordre le bras à Alpha Condé, afin qu’il accepte  d’ouvrir le jeu électoral  à ses adversaires les plus irréductibles.

La Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (Cédéao) n’a pas non plus fléchi d’un iota. Elle a ainsi rejeté la demande du gouvernement guinéen relative à l’envoi d’une mission d’observateurs sur place.

Jean Claude Kassi Brou, le président de la Commission de l’organisation sous régionale a exprimé dans des termes assez clairs ce refus, dans une correspondance adressée au chef de la diplomatie guinéenne, Mamady Touré.

Brou a rappelé dans sa missive, que son institution avait souhaité que ses recommandations portant sur l’ouverture d’un dialogue inclusive, censé mener à des élections apaisées soient prises en compte.

Malheureusement que cela n’a pas été le cas. La Cédéao regrette donc que le report du scrutin qui était censé se tenir le 1er mars au 22, n’ait pas été une occasion  de ‘’renforcer la confiance entre tous les acteurs et  de permettre la tenue  d’un scrutin apaisé et inclusif.’’

En l’état actuel, l’organisation s’abstient de déployer des observateurs pour la supervision d’élections non inclusives.

Presqu’au même moment, les coordinations régionales réunies au grand complet autour du Kountigui de la Basse Guinée, Elhadj Sekhouna Soumah ne sont pas allées elles aussi, du dos de la cuillère pour dénoncer les travers du régime. Elles ont saisi l’occasion pour appeler les populations au boycott des élections.

La mouvance présidentielle qui veut aller au casse-pipe, contre vents et marées, mise sur la mythification des foules par des apparatchiks  comme Damaro Camara, chargé de propagande, pour réussir son double scrutin.

Sans oublier le concours des FDS dans la dissuasion des opposants, et l’épouvantail judiciaire. Une justice qui penche plus du côté du manche, comme toujours.

C’est dans cet imbroglio, qu’une mutinerie a éclaté au sein du camp Alpha  Yaya Diallo, dans la matinée de ce vendredi, dans la banlieue de Conakry. Avant d’être vite étouffée, selon le ministère de la Défense.

Dans cette atmosphère de grisaille politique, ce samedi, le Fndc appelle ses partisans à ouvrir les hostilités contre la tenue des élections. Des manifestations qui devront se poursuivre le lendemain, jour du vote. Chez les deux protagonistes, c’est la passion qui semble l’emporter dorénavant sur la raison. Et le pouvoir dans son forcing, et le Front opposé  à cette manœuvre, chaque camp oublie qu’on est en période de crise sanitaire.

Une situation qui interpelle les ONG de défense des droits humains qui ont leurs projecteurs tournés vers la Guinée, bien que le coronavirus monopolise en ce moment les médias internationaux. Et ce samedi, veille du double-scrutin, Amnesty International a sonné l’alerte à travers un communiqué alarmiste intitulé (Guinée) : « Disparitions forcées et arrestations d’opposants avant un scrutin contesté ».

L’ONG sur la base de témoignages et de recoupements, y met  sérieusement en cause le pouvoir, en citant des cas de ‘’rafles aveugles opérées dans des quartiers contestataires de Conakry  et la disparition des jeunes depuis leur arrestation’’, entre autres.

Il y a de quoi halluciner.

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