Ils sont de plus en plus nombreux, ces anciens apparatchiks de la deuxième république, à profiter de l’amnésie des Guinéens, pour revêtir les oripeaux de démocrates, donneurs de leçons au pouvoir d’Alpha Condé. C’est le cas de Moussa Solano, ancien ministre de l’Administration du territoire, reconverti en politicien, qui multiplie des sorties dans les médias depuis un certain temps, avec un discours compassé.
Ayant bénéficié d’une retraite aux petits oignons, grâce à la libéralité de Lansana Conté, Moussa Solano, fait partie des apparatchiks de l’ancien régime, qui se battent pour la survie de l’ancien parti au pouvoir, le Parti de l’unité et du progrès (Pup). Même si le passif de la deuxième république est un peu lourd, pour charmer d’éventuels nostalgiques.
Nous n’allons pas ressasser ici toutes les violations des droits humains commises sous l’ère Conté. Contentons-nous juste de rappeler la répression des élèves en juin 2006, qui s’était soldée par de dizaines de victimes. A cela, il faut greffer les convulsions sociopolitiques de janvier et février 2007. Auxquelles le régime avait répliqué par des tueries de manifestants. On a encore en mémoire le cas des personnes tombées entre le cimetière de Cameroun et le pont du 8 novembre.
A ce jour, aucune lumière n’a été faite sur ces répressions, au grand dam des victimes et des défenseurs des droits humains. Qui ont tout documenté, à la suite d’enquêtes minutieuses.
Ces crimes ne doivent pas être passés par pertes et profits, au nom d’une quelconque réconciliation.
Avec le recul, et vu l’impasse dans laquelle se trouve encore le pays, près de deux décennies après, bien des gens pensent que c’est le maintien de Conté au pouvoir, au-delà du temps admis qui en serait la cause. A travers bien entendu le tripatouillage constitutionnel de 2001, qui supprimait la limitation des mandats présidentiels et l’âge limite de candidature.
Comme l’a dit Jacques Foccart : « en politique, ceux qui qui sont à l’origine des problèmes n’en gèrent presque jamais les conséquences».
Aujourd’hui Conté n’est plus. Et tous ceux qui sont perçus à tort ou à raison comme étant les grands acteurs de cette manœuvre, et de toutes ces graves violations des droits humains se la coulent douce. Soit dans les bonnes grâces de l’actuel locataire du palais, soit retranchés dans des villas cossues, en véritables prébendiers.
Et quand il leur vient de prendre la parole, c’est comme s’ils essayaient de réécrire l’histoire, en peignant tout en blanc. On ne devait pourtant pas remuer la cendre par ces temps qui courent. Car si Alpha Condé s’est gardé d’apurer le passé, un jour viendra où l’on saura réellement qui a fait quoi dans cette Guinée, depuis 1958.
Moussa Solano qui s’est exprimé chez nos confrères de radio espace ce mardi, a défendu sans convaincre ce qui aurait motivé le 3ème mandat de Conté. Qu’il fallait le général, pour ses hauts faits d’armes, pour tenir la barque, dans une sous-région qui était en proie à l’instabilité. Oubliant que cette instabilité dans ces pays voisins avait pour origine en partie, la mauvaise gouvernance de ces états.
L’ancien ministre de l’Administration du territoire a profité pour plaindre le sort de l’opposition sous cette troisième république. Déplorant l’étroitesse de la marge de manœuvre des opposants, qui auraient du mal à exprimer leur ressentiment comme le leur garantit la loi.
C’est bien beau toutes ces condamnations. Mais sous Conté, ce n’était pas non plus reluisant. On était loin du monde des Bisounours.
Il est temps pour toutes ces personnalités d’arrêter leurs louvoiements et de mouiller la chemise, en montant au filet, comme le fait Cellou Dalein Diallo. Qui assume certes l’héritage du régime Conté, en tant qu’ancien Premier, mais qui depuis 2005, a sauté le pas, pour devenir opposant.
Cela vaut mieux que de nager entre deux eaux.