Du 4 au 5 avril, Moscou, la capitale de la Fédération de Russie a accueilli la VIIème Conférence sur la Sécurité Internationale. Avec plus de 850 participants, venus d’environ 95 pays, ce sommet a été une tribune pour le ministre Mohamed Diané de réaffirmer, au nom du président Alpha Condé, l’engagement de la Guinée à dynamiser sa coopération militaire et sécuritaire avec tous les partenaires en vue de créer un nouvel ordre mondial de sécurité plus sûr et solidaire contre le terrorisme et toutes les formes de criminalité qui menacent dangereusement la civilisation humaine.
Par ailleurs, il a également profité de cette visite pour présenter, au nom du président de la République et du peuple de Guinée, ses condoléances attristées au président de la Fédération de Russie, à son peuple ainsi qu’aux familles éplorées suite au terrible incendie survenu en Sibérie le dimanche 25 mars 2018. Un drame dans lequel ont péri soixante-quatre personnes. Lisez plutôt l’intégralité du discours qu’il a prononcé à cette VIIème Conférence sur la Sécurité internationale à Moscou :
Excellence Monsieur le Ministre de la Défense de la Fédération de Russie;
Excellence Messieurs les Ministres ;
Excellences Messieurs les Ambassadeurs et représentants des organisations internationales ;
Distingués invités, à vos rangs, grades, tout protocole observé ;
Mesdames, Mesdemoiselles et Messieurs ;
Avant d’entamer ce modeste discours, je voudrais transmettre les condoléances attristées du Président de la République Professeur Alpha CONDE et les miennes à son frère et ami le Président de la Fédération de Russie, à son peuple ainsi qu’aux familles éplorées suite auterrible incendie survenu en Sibérie le dimanche 25 mars 2018, ayant causé la mort de soixante-quatre citoyens de la Fédération. Que la terre de cette héroïque Russie leur soit légère. Nous partageons votre grande douleur !
C’est un grand honneur pour mon pays et pour moi de prendre part à la VIIème conférence de Moscou sur la sécurité internationale qui se déroule dans votre grand et beau pays.
Cet honneur est d’autant plus grand que le privilège m’a été accordé de prendre la parole devant cette auguste assemblée.
En remerciant cordialement Monsieur le Ministre de la Défense de la Fédération de Russie pour l’invitation qu’il a bien voulu m’adresser de participer à cette rencontre et pour l’accueil digne de la grande hospitalité Russe qui m’a été accordée ainsi qu’à la délégation qui m’accompagne, je voudrais dès ici, m’acquitter d’un devoir fraternel.
Celui de transmettre, à travers vous Monsieur le Monsieur de la Défense, les très hautes et fraternelles salutations, mais aussi les vives félicitations de Son Excellence Professeur Alpha CONDÉ Président de la République de Guinée, à son Frère et ami Son Excellence Monsieur Vladimir POUTINE, pour sa brillante réélection en qualité de Président de la Fédération de Russie.
Ce renouvèlement de la confiance du peuple est le témoignage le plus éloquent de son adhésion aux idéaux prônés par le Président POUTINE.
C’est aussi sa reconnaissance de l’inestimable contribution de cet illustre chef d’État à la paix et à la sécurité en Russie et dans le monde, au progrès de son peuple et à la stabilité interne et internationale dans un monde de remous aux causes diverses.
Mesdames, Mesdemoiselles et Messieurs les participants ;
De plus en plus, la question de sécurité représente une préoccupation d’enjeu majeur pour le monde entier, tant on observe aujourd’hui l’accroissement et la diversité des conflits découlant des phénomènes politiques, économiques et sociaux dans la plus part des États. Ceci interpelle la communauté internationale, d’où l’importance de cette conférence sur la sécurité internationale.
En Afrique ces dernières décennies, la stabilité a été mise à rude épreuve par les guerres, les crises et conflits internes, les agressions armées ou des rebellions qui ont eu lieu au Libéria, en Sierra-Leone, en Guinée Bissau, en Casamance au Sénégal, en Côte d’Ivoire, au Rwanda, au Burundi, en RDC, au Soudan, en Somalie, au Burkina-Faso…Leurs conséquences désastreuses sur le développement socio-politique et économique de nos États ont été sans précédent.
Le terrorisme et le crime organisé comme le banditisme transfrontalier, la piraterie maritime, le trafic de stupéfiants et d’êtres humains, la circulation illicite des armes légères…qui ont fait irruption en Somalie, au Nigéria et tout récemment au Mali et dans toute la bande Sahélo-Saharienne suite aux évènements qui ont entraîné la chute du régime libyen, sont de nos jours les nouvelles menaces qui constituent un véritable défi sécuritaire auquel notre continent est durement confronté à l’image des autres continents.
Le choc psychologique du terrorisme et ses ravages sont tels que la préoccupation n’est plus de savoir aujourd’hui quel pays est concerné ou n’est pas concerné par sa menace, mais de savoir quand, où et comment il peut être frappé et par conséquent, comment il faut s’en prévenir.
Bien entendu, pour faire face aux défis sécuritaires depuis la recrudescence des déstabilisations, l’Union Africaine a institué une architecture de paix et de sécurité, qui comporte la force en attente.
C’est dans ce cadre que la Communauté Économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) a mis en place un mécanisme de prévention, de gestion et de règlement des conflits qui offre un exemple à suivre.
Ce mécanisme a largement contribué à mettre fin ou à limiter les conflits qui perduraient dans cette sous-région.
En matière d’intervention d’urgence, l’ECOMOG qui est le bras armé de la CEDEAO a fait ses preuves au Libéria, en Sierra-Leone, en Guinée Bissau et en Côte d’Ivoire avant le déploiement des forces onusiennes de maintien de la paix dans ces pays. Il en a été de même au Mali où la Guinée et d’autre pays amis sont intervenus à travers la MISMA avant le déploiement de la MINUSMA.
Dans la même perspective, il faut évoquer avec fierté l’élan de gestion collective que les pays membres de la Commission du Bassin du Lac Tchad ont eu pour prendre leur destin en main en mettant en place la Force Multinationale Mixte (FMM) en vue d’endiguer la menace de Boko Haram. La pertinence de cette initiative a conduit à la création du G-5 Sahel qui, avec l’appui de la communauté internationale, va constituer une bonne expérience de la réalité qui veut que les africains trouvent les solutions à leurs propres problèmes.
Bien entendu, les difficultés d’adaptation des sociétés démocratique safricaines à la menace terroriste sont représentées par le coût du terrorisme qui est un fardeau pesant pour leurs économies en pleine mutation, la difficulté de mise en place de nouveaux systèmes anti-terroristes plus adaptés et les problèmes de conformité avec les droits de l’homme.
Ces difficultés et l’ampleur des nouvelles menaces que colporte le terrorisme international exigent plus que jamais des dirigeants du monde, la mutualisation des efforts dans le noble but d’assurer la sécurité des citoyens et leurs biens dans tous les États, afin d’accélérer les processus de développement durable, capables de tirer de la pauvreté la majorité des populations qui croupissent encore sous la misère, devenue la cause principale de la migration clandestine qui est, elle aussi, un autre sujet de préoccupation internationale.
La question de sécurité est plus que jamais transversale ; elle concerne tous les États et tous les acteurs. Dans ce nouveau contexte géopolitique international marqué par la mondialisation des menaces, aucun État, aucun Département, aucune institution ne peut seul prétendre faire face à ses défis sécuritaires de plus en plus protéiformes et transnationaux.
Cette réalité implique le renforcement du système d’exploitation et de partage du renseignement, l’équipement des forces de défense et de sécurité, l’intégration des approches de renforcement des capacités structurelles, institutionnelles et stratégiques.
Dans cette perspective, la République de Guinée, qui a une longue et riche expérience d’implication dans la recherche, la préservation de la paix et de la sécurité en Afrique, après avoir retrouvé sa place d’antan sur la scène internationale à la faveur de la Réforme du Secteur de sécurité, a bénéficié de l’appui de ses partenaires pour la formation de quatre bataillons successifs de l’armée qui ont été déployés en République du Mali dans le cadre de la Mission multidimensionnelle intégrée pour la stabilisation au Mali. Il faut également noter le déploiement de plusieurs observateurs dans les missions de paix des Nations Unies à travers le monde.
Dans le cadre de la lutte contre l’extrémisme religieux, la République de Guinée a obtenu un accord avec le Royaume du Maroc pour la formation de cinq cents Imans et prédicateurs d’un islam tolérant pour prévenir la radicalisation des jeunes dans les milieux défavorisés.
Mesdames, Mesdemoiselles et Messieurs,
En terminant mon intervention, je voudrais humblement m’adresser aux puissances économiques et militaires en disant : vous avez les moyens, nous avons les hommes et la détermination, mettons en commun nos ressources. « Ensemble nous pouvons ».
Pour sa part, la République de Guinée par ma voix, au nom du Président de la République, réaffirme à la communauté internationale son engagement à dynamiser sa coopération militaire et sécuritaire avec tous les partenaires en vue de créer un nouvel ordre mondial de sécurité plus sûr et solidaire contre le terrorisme et toutes les formes de criminalité qui menacent dangereusement la civilisation humaine.
Vive la coopération internationale ;
Vive la paix et la sécurité pour le développement humain ;
Vive l’amitié entre la Fédération de Russie et la République de Guinée.
Je vous remercie pour votre attention.