Depuis un certain temps, rien ne va plus entre les célèbres chimpanzés de Bossou et certains habitants du village qui cultivent sur les flancs de la colline de Gban. Cette colline surplombe la commune rurale de Bossou.
Si les chimpanzés sont considérés comme une réincarnation des ancêtres et adorés dans la localité, la donne a désormais changé.
Pour parler de ce divorce entre chimpanzés et populations de Bossou, le Dr Paul Lamah, directeur de l’Institut Environnemental de Bossou (IREB), spécialiste de la faune et enseignant-chercheur à l’Université de N’Zérékoré, que nous avons interrogé, affirme que « les causes sont profondes. Vous savez que Bossou est une zone côtière à la République du Liberia, une sous-préfecture frontalière. Au moment où il y avait la société minière qu’on appelait Lamco située à quelques kilomètres de Bossou, bien avant la guerre du Liberia, presque tous les bras valides de Bossou et de Yalenzou étaient à Lamco. Ils travaillaient là-bas. Je parle de tous ceux qui avaient l’âge de travailler. Quand tu venais à Bossou, tu ne voyais que des personnes âgées qui n’ont plus la force d’agir sur la nature. Les dépenses, les besoins et la nourriture venaient de la société, à travers leurs enfants qui travaillaient là-bas. Quand il y a eu la guerre au Libéria en 1989 et 1990, la guerre a gagné la région du Nimba. La société a été chassée, les installations vandalisées. Les jeunes de Bossou plus leurs parents libériens, qui étaient en nombre important dans la société, sont venus à Bossou. Quand les gens sont venus à Bossou, la population a été multipliée par cinq », rappelle le chercheur.
Il ajoute : « Ils sont venus sans corps de métier, sans diplôme, sans salaire. Il y a eu une forte emprise sur les habitats des chimpanzés. Il y a eu le morcellement de l’habitat et les chimpanzés ont été isolés. La différence entre l’homme et les chimpanzés n’est pas grande sur le plan génétique. La science dit que c’est 3%. Quand il y a eu l’afflux des réfugiés et des autochtones de Bossou, il y a eu une contamination et la grippe a éclaté au sein du groupe de chimpanzés, dont sept sont morts. On a retrouvé le corps de trois chimpanzés qu’on a enterrés à la suite de cette épidémie, d’autres ont fui vers le Liberia. Ce fut le début du déclin des chimpanzés de Bossou.
Il y a le phénomène de fragmentation de privations des forêts, les chimpanzés ne peuvent plus maintenant trouver les ressources nécessaires échelonnées pour l’année. Ils sont obligés de traverser d’aller vers le Liberia », révèle notre interlocuteur.
En parlant des causes actuelles du conflit entre les chimpanzés et les habitants, il affirme que « dans la localité de Bossou, beaucoup ont adhéré aux idéaux de conservation de la nature. Mais il y a quelques familles qui se proclament propriétaires de toute la zone. Elles affirment être hors-la-loi et considèrent maladroitement que c’est à cause des chimpanzés dans la forêt que l’État les a expropriés de leurs terres de culture. Elles s’attaquent aux chimpanzés en brousse et livrent la guerre aux chimpanzés en brousse. Cela crée une certaine méfiance de ces espèces envers nous. La dernière crise en date, il y a quatre mois, tous les chimpanzés de Bossou ont quitté la colline de Gban où Soua Bossou et sa femme les ont attaqués. Un combat intense s’en est suivi et la femme a été cruellement mordue par les chimpanzés. À la suite de cela, les chimpanzés ont fui pour aller passer un mois au Liberia. Il a fallu mettre en place des stratégies et des techniques, grâce à la contribution des guides et de mes collègues travailleurs, pour les ramener. Comme vous le savez, pour aller chercher des animaux sur d’autres territoires, cela nécessite des moyens, des démarches et parfois un protocole d’accord au sein des corps qui conservent les chimpanzés au Liberia. Nous avons réussi à les ramener, mais depuis qu’ils sont revenus, ils sont sur une position de revanche. Les attaques, surtout entre femmes et chimpanzés ainsi qu’entre enfants et chimpanzés, se multiplient. Depuis ce temps, j’ai enregistré quatre attaques de chimpanzés. Les gens sont cruellement mordus par les chimpanzés, et la priorité est au sang qui est versé. Lorsque ces blessés viennent nous voir, nous les prenons en charge et les emmenons à l’hôpital où ils bénéficient de tous les soins nécessaires. Cela nous coûte extrêmement cher. Nous sommes donc en train de mener des politiques de sensibilisation pour que les gens comprennent qu’ils doivent cesser de menacer et d’attaquer les animaux », a-t-il prêché.