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Mondial de Russie : les leçons politiques de l’élimination de l’Afrique en matches de poule

La sortie dès les matches de poule de tous les représentants africains et arabes a été commentée de différentes manières. Si tous les cinq pays arabes ont été sortis en même temps que tous les cinq représentants africains, on n’a pas entendu les Arabes prendre sur eux l’élimination de l’Arabie, de l’Egypte, de l’Iran, du Maroc et de la Tunisie. Il n’en est pas de même des Africains de l’élimination du Nigéria et du Sénégal, que les foules au sud du Sahara ont supportés comme jamais pour être affectées de leur élimination  comme de leur propre porte-étendard national.

 Sensibilité ou sensiblerie des foules, la question se pose, d’autant que lors des éliminations comptant pour ce Mondial de Russie, des empoignades avaient été rudes. Certaines ont même frôlé des mécontentements et rancœurs entre les jeunesses des pays. Est-ce que le Burkina Faso avait vu la qualification du Sénégal d’un bon œil ? En tout cas, le match à rejouer entre Sénégalais et Sud-africains avait été très critiqué à Ouagadougou. Il n’y a pas que ça, on a vu certains matches entre Ivoiriens et Ghanéens tourner à l’affrontement. Les Guinéens de Côte d’Ivoire ont été aussi pris à partie après le match ASEC d’Abidjan-Hafia de Conakry, en 1973. Des exemples de ce genre autour du football ne finissent pas.

La solidarité manifestée en faveur du Nigéria et du Sénégal au cours de ce Mondial de Russie, si elle était sincère pour se transposer en solidarité politique, on n’en demanderait pas mieux pour que l’Afrique parle d’une même voix à l’ONU, hélas ! Rien que pour un siège au Conseil de Sécurité, il y a tiraillement entre les Pays. Ceux qui se tiraillent sont-ils unanimes que l’élimination d’un autre pays africain au Mondial de football les concerne ? Des conflits frontaliers ne manquent pas. Certains Etats soutiennent la déstabilisation d’autres ou les regardent se débattre avec le terrorisme, sans manifester aucune solidarité.  Hormis les pays frontaliers du Mali, quel autre pays au sud du Sahara se soucie véritablement de ce qui s’y passe ? N’y a-t-il pas une hypocrisie dans cette solidarité de façade et dans ce chauvinisme régionaliste artificieux et factice dans le sport ? Si non, si cette solidarité est réelle, il est temps de transformer et traduire ces sentiments sur le terrain politique. C’est d’une vraie et solide solidarité politique dont l’Afrique a besoin, pas de cette solidarité sportive, qui n’est pas une priorité pour son devenir. Le continent est en passe de devenir un grand champ de bataille entre les grandes puissances, à cause de ses ressources minières et agricoles. Au vu du bouleversement de l’ordre mondial en cours, un resserrement des rangs est indispensable, le plus vite serait le mieux.

 La balle est dans le camp de la jeunesse africaine pour inverser les choses. Pourra-t-elle changer de mentalité ?

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