Site icon Guinéenews©

Mohamed Soumah: «il faudrait refuser toute rencontre qui ne s’inscrirait pas autour de la Constitution »

Dans un entretien qu’il a accordé à Guineenews©, Fodé Mohamed Soumah, président du parti Génération Citoyenne (GéCi) aborde les sujets brûlants de l’actualité, notamment la rencontre entre le CNRD et les leaders politiques, la récupération des domaines de l’Etat, la situation de Kaporo-Rails.

Monsieur Soumah, on vous entend peu en ce moment alors que l’actualité est florissante ! Qu’est-ce qui explique ce silence ?

A force de prêcher dans le désert on finit par être aphone et non pas silencieux. Il ne suffit pas d’avoir raison trop tôt, mais c’est par dépit et en désespoir de cause. Le constat d’échec se matérialise depuis la Charte stricto-sensu du CNRD jusqu’à la situation du moment en passant par la clé de répartition du CNT.

Des leaders politiques ont été invités au camp Almamy Samory Touré le 22 février par le CNRD. En tant que leader politique, qu’est-ce vous en pensez ?

Ce n’est pas refaire le monde que de constater l’absence de stratégie de la classe politique qui s’enlise dans la diversion et la division, avec le dernier exemple en date relatif à la convocation téléphonique de certains leaders au camp Samory, en moins de 24 heures et sans un ordre du jour leur permettant de se préparer. C’est désespérant, décevant et inquiétant de constater que ces rencontres se font toujours avant la réception des délégations étrangères, afin de justifier que le dialogue se poursuit avec les politiques.

J’ai bien peur que ce ne soit dos au mur ou lorsque les dés seront pipés que les partis se mettront en réaction comme à l’accoutumée. Désormais, il faudrait refuser toute rencontre qui ne s’inscrirait pas autour de la Constitution, des listes électorales et des élections à venir. Sachant que l’autre pan de la transition sur la moralisation de la vie publique, la reddition des comptes, la concorde nationale… sont à l’initiative du gouvernement et du CNRD.

Il y a beaucoup de bruits par rapport à la récupération des biens de l’Etat et de la CRIEF. Quelle est votre lecture ?

Comme tout le monde et en bon citoyen, je dirais que c’est normal et salutaire, même si j’estime que les priorités de la transition sont ailleurs. Concomitamment à ce travail de salubrité publique, où en est-on avec le chronogramme du CNT et le calendrier devant aboutir au retour à l’ordre constitutionnel 6 mois après l’avènement du CNRD ? Il faudrait éviter les dérapages incontrôlés qui se multiplient, car un pays qui veut être attractif se doit de respecter scrupuleusement les textes en la matière. Je veux parler de la confrontation impérative des parties prenantes devant les tribunaux en cas de litiges. Le sacro-saint principe du secret de l’instruction. Les délais relatifs au préavis après jugement. La présomption d’innocence avant l’établissement de la culpabilité. Le parallélisme des formes, etc.

A la Génération Citoyenne, nous restons focus sur les questions qui concernent la classe politique, avec l’objectif d’une transition apaisée et le refus de la confusion des genres. Il faut éviter de se disperser et aller à l’essentiel. Le reste à l’avenant.

Je voudrais terminer par le spectacle désolant de la ferme de Kaporo. Récupérer les lieux ne se discute même pas. Mais la forme commande le fond dit-on ! Il y a des centaines de citoyens qui s’y débrouillaient : mécaniciens, électriciens, soudeurs, peintres, vendeurs en tous genres, restaurants…. A qui il a été donné 48 heures pour libérer l’espace où rien n’est prévu dans l’immédiat. Les risques de paupérisation, de violence, de dépravation s’ajoutent à l’insécurité grandissante. Où est l’urgence dans le cas d’espèce ? C’est le secteur informel qui ajoute à la quiétude sociale en attendant sa normalisation. On ne peut pas mettre toutes les situations au même niveau. Nous attendons un peu plus d’humanisme de la part des gouvernants, pour tout ce qui impacte des milliers de personnes et surtout les plus fragiles.

Quitter la version mobile