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Migration : de retour en Guinée, Aminata reprend enfin une vie normale

Après avoir regagné son pays d’origine, la Guinée, Aminata et ses sœurs ont pu intégrer leur nouvel environnement grâce à l’aide des travailleurs sociaux appuyés par l’UNICEF

Aboubacar Sidiki DIALLO

Depuis 2013, la République Centrafricaine fait face à une crise politique qui a occasionné des déplacements massifs de sa population, en grande partie des femmes, des enfants et des personnes âgées.

Aminata Sidibé est née à Bangui, dans le quartier musulman de Km 5, son père Ousmane Sidibé, 72 ans, vendeur d’objets d’art est arrivé en Centrafrique il y a plus de 15 ans. Il y rencontre Amina Hassan, aujourd’hui 45 ans, Congolaise d’origine, qui devient son épouse. Ils auront 3 enfants.

Aminata avait 16 ans, vivait en harmonie avec sa famille et étudiait dans un collège moderne, ce passage lui donnera d’ailleurs la vocation de devenir plus tard avocate.

Tout basculeune nuit alors que tout le monde dormait « Il était 3 heures du matin lorsque les coups de feu ont commencé à retentir dans notre quartier. Très paniqués, nous sommes sortis en courant de la maison en rang dispersé. Moi je me suis dirigée directement vers la mosquée centrale de Bangui où je suis restée jusqu’au matin. Je ne savais pas où se trouvaient mes sœurs et ma maman », raconte Aminata non sans un brin de tristesse.

Grâce au projet de recherche et de réunification de la Mission des Nations Unies en Centrafrique (MUNISCA), Aminata et sa sœur Fatoumata Sidibé ont pu rester dans la mosquée centrale de Bangui pendant 6 mois, dans des conditions difficiles. « l’on avait perdu toute dignité, nous dormions à ciel ouvert, sans nourriture, sans toilettes propres. L’on était abandonnée à nous-mêmes », renchérit-elle.

Pendant les conflits, les conditions de vie ne sont pas favorables aux personnes déplacées. La seule prière d’Aminata était de partir vers une destination plus joyeuse, car en Centrafrique, la crise perdurait « un jour nous avons reçu une mission de l’OIM qui nous a posé des questions sur le conflit, notre pays d’origine. Ils nous ont fait signer des papiers, nous ont pris en photos et ils nous ont promis de nous revenir très vite. C’est ainsi que l’on a pu regagner la Guinée, plus précisément la ville de Kankan en 2018 », ajoute Aminata.

Une fois à Kankan, Aminata et ses parents furent hébergés chez son oncle Mamady Sidibé, cultivateur. L’intégration n’a pas été facile pour elle car le traumatisme vivait encore en elle.

« Nous avons fait presqu’une année sans nous retrouver en famille. L’on ne parlait que Sangho (langue locale en Centrafrique). Les cultures ne sont pas les mêmes, je n’avais pas d’amies, j’étais complètement perdue », se souvient Aminata.

Aujourd’hui avec l’aide des travailleurs sociaux appuyés par l’UNICEF, Aminata et ses sœurs sont bien intégrées dans leur quartier. Grâce à une prise en charge psycho-sociale et une assistance en fournitures scolaires, elles ont pu reprendre le chemin de l’école et continuer les études.

« Je suis très contente, je commence à avoir des amies dans le quartier, les souvenirs de la guerre disparaissent peu à peu. L’assistante sociale vient voir ma famille chaque semaine pour des entretiens. Cette année, j’ai eu mon brevet grâce aux fournitures et manuels scolaires que l’UNICEF m’a offerts. Je peux dire que je vais bien maintenant », se confie-t-elle.

Pour davantage l’aider à oublier son passé douloureux, la Direction régionale de l’action sociale de Kankan, en collaboration avec l’UNICEF et avec l’appui de DFID, a inscrit Aminata dans un centre d’apprentissage de couture où elle se rend tous les jours après les cours pour apprendre  les techniques de couture. Un métier qu’elle commence à aimer.

« Au début j’avais pris ce métier à la légère, c’était juste pour passer le temps à cause de ce que j’ai vécu. Mais au fur et à mesure que j’avance avec l’appui de ma maitresse je commence à prendre le goût à manier la machine à coudre et à réaliser des tenues. Enfin de compte je crois que je vais jumeler les études à la couture, cela me servira de tremplin d’ici au métier d’avocate », dit -elle confiante. L’UNICEF vient de doter l’atelier d’Aminata de machines à coudre pour renforcer les capacités d’apprentissage des apprenantes et aider Aminata à financer ses études.

L’UNICEF, avec le soutien de DFID, appuie le gouvernement guinéen à prendre en charge les enfants en situation de mobilité, interne ou internationale, et soutient leur réintégration.

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