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Mauvaise gestion des ordures à Conakry : tout le monde est coupable !

La ville de Conakry produit des milliers de tonnes d’ordures par jour, composées en majorité de déchets ménagers. La quantité totale ramassée mensuellement par les entreprises commises à cette tâche, est évaluée, selon les estimations, à environ 10.000 à 15.000 tonnes…Ce sont ces ordures qui ne sont pas enlevées depuis quelques jours.

 Dans les différents quartiers, elles continuent de s’amonceler. Le lixiviat qu’elles libèrent chaque jour, abîme progressivement le bitume. Les ordures «colonisent», chaque jour un peu plus l’espace.

A ce jour, certaines rues sont transformées en de véritables décharges. Au point que même lorsque celles-ci sont ramassées, les automobilistes, pour avoir perdu l’habitude d’y rouler, ne passent plus par-là. La gestion des ordures à Conakry n’est donc toujours pas maîtrisée. Les habitants des quartiers se plaignent, sans succès, de ces dépotoirs en pleine agglomération urbaine. Outre les odeurs nauséabondes qu’ils sont contraints de respirer chaque jour, il y a aussi ces moustiques et autres rats d’égouts qui prolifèrent en ces lieux pour ensuite élire domicile dans les habitations.

Nous sommes tous responsables

La gestion des déchets est un problème crucial dans le monde entier. Dans les pays occidentaux, la question se pose en termes d’efficacité des méthodes d’élimination de déchets existantes, alors qu’en Afrique peu de pays s’intéressent véritablement aux modes de gestion existante. Ainsi, dans les grandes villes africaines, on assiste à une prolifération de dépôts sauvages d’ordures ménagères sur les voies et espaces publics, le long des cours d’eau et près des habitations.

A Conakry, suite à notre enquête dans les quartiers, la majorité de la population stocke les ordures ménagères solides dans une poubelle ou dans un sachet. Cependant, il y a des difficultés pour les évacuer. Beaucoup de ménages jettent les ordures solides dans les rues, caniveaux, canaux et « gros trous ».

En revanche, certaines des ménages interrogées affirment évacuer les ordures dans les bacs à ordures.  D’autres ont recours à des pré-collecteurs. Tout comme pour l’évacuation des ordures solides, les principaux lieux d’évacuation des eaux usées dans les quartiers sont les rues, les caniveaux, les ravins et les arrière-cours d’habitations.

Plusieurs autres ménages déclarent déverser les eaux usées dans les endroits précités, contre ceux qui évacuent les eaux usées respectivement dans des fosses septiques et dans la cour.

Des déchets enfouis sous la pourriture de nos ordures, que nous n’arrêtons pas de nous plaindre, et d’accuser nos dirigeants de continuer à nous enfoncer dans les immondices. Empruntons les voies et les rues de Conakry. Partout, il y a des amoncellements de ces montagnes d’ordures qui dégagent des odeurs à vous faire rendre. Ne pouvant pas faire autrement, nous traversons des rues en nous bouchant les narines tant l’air est pollué.

Mais d’où viennent donc tous ces déchets, ces tonnes d’ordures, ces tas d’immondices?

Ils ne tombent certainement pas du ciel. Ils ne sortent pas de terre. Ils proviennent donc de nous. Faut-il croire que nous avons délibérément choisi de paver notre vie de déchets et d’immondices? En tout cas, nous semblons aimer vivre dans les ordures. La preuve?

Nous jetons naturellement tout dans les rues, devant nos maisons, dans les cours de nos écoles, au sein de nos entreprises. A bord de nos grosses cylindrées et souvent à l’abri de nos vitres teintées, nous n’hésitons pas à jeter par-dessus bord les emballages de nos croissants ou les peaux de banane douce, les sachets d’eau et des jus que nous buvons, les serviettes en papier qui nous servent à éponger nos visages et aisselles.

A Conakry, tout se jette partout. Sans état d’âme. Sans gêne. C’est même normal de tout jeter partout, sauf dans la poubelle. Nous aimons vivre dans la gadoue. Nous aimons nous goinfrer dans la bouse.

Si nous ne départissions pas de cette mauvaise habitude que nous avons de souiller nos lieux de vie, si nous continuons à nous complaire dans notre insalubrité mentale, pourquoi nous plaignons-nous de notre environnement ?

Selon les spécialistes, environ 73 % du poids de ces déchets soit 5 millions de tonnes d’emballage proviennent de la seule consommation alimentaire, tandis que la consommation non alimentaire est responsable des 27 % restants, c’est-à-dire d’environ 2 millions de tonnes.

Le terme « déchet ménager » fait référence aux déchets générés par les activités quotidiennes des ménages. Il englobe une variété de matériaux et de substances résultant des routines domestiques, notamment les restes de cuisine, les emballages, les produits jetables, et d’autres déchets courants produits dans le cadre de la vie quotidienne.

 

Aux dires d’un ancien directeur du défunt Service Public de Transfert des Déchets , les défaillances du système de gestion des matières résiduelles se résument à l’insuffisance des poubelles, l’inégale répartition et les longues distances d’accès aux conteneurs à ordures ainsi qu’au nombre élevé des  dépôts sauvages dans les quartiers et en bordure de la baie lagunaire. Cette situation inhibe la collecte des matières résiduelles et conduit certains pré-collecteurs et ménages à les déverser dans la baie lagunaire.

Toutes les méthodes, jusqu’ici utilisées, n’ont pas encore donné la satisfaction escomptée. « Si le système des pré-collecteurs tel que préconisé par les autorités en charge de la salubrité, permet aujourd’hui à bon nombre de ménages de se débarrasser quotidiennement de leurs ordures, il reste que les sociétés de ramassage passent encore plusieurs mois sans être payées. D’où l’impossibilité pour elles d’assurer régulièrement et avec toutes les convenances requises, l’enlèvement quotidien des ordures », dira cet ancien responsable du SPTD.

Si les ordures ont donc refait surface, il y a quelques jours, c’est parce que les entreprises de collecte commises à l’enlèvement de celles-ci sont confrontées à un grave problème de trésorerie.  Il va falloir créer un fonds de soutien aux programmes de salubrité urbaine. Ce fonds permettra de payer les sociétés commises à la tâche.

N’oublions pas que la population de Conakry augmente à un rythme plus rapide que celle des autres villes du pays. La production de déchets dans la capitale est alimentée par la croissance démographique, l’urbanisation rapide, l’augmentation de la classe moyenne, l’évolution des habitudes de consommation et des modes de production, ainsi que le commerce.

La gestion des ordures ménagères est un problème universel qui concerne chaque habitant. Parce que les riverains des dépotoirs sont les plus vulnérables. Et ils en payent souvent le plus lourd tribut. La preuve. On assiste régulièrement à l’effondrement de la décharge du quartier Concasseur, qui ensevelit sous les ordures des maisons de fortune et les habitants de la zone. Ces gens qui vivent à proximité de cet immense dépotoir vivent de la récupération des déchets.

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