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Mariage précoce à Kindia : un phénomène social qui prend de l’ampleur

Le mariage précoce est une pratique néfaste qui affecte dangereusement la santé sexuelle de nombreuses jeunes filles. A Kindia, ce phénomène est devenu plus que jamais préoccupant pour les autorités de la ville des agrumes. Elles sont nombreuses ces familles qui donnent leurs filles de moins de 18 ans en mariage dans l’ignorance des conséquences négatives qu’il peut avoir. Pourtant, cette pratique est condamnée dans le code pénal guinéen. Image d’archives.

Beaucoup de jeunes filles sont aujourd’hui données en mariage avant l’âge requis. Dans la région au cours de l’année 2018, il y a eu 15 cas de mariages précoces.

Cette pratique qui est devenue monnaie courante chez certains parents, a des conséquences graves  sur l’état de santé de la jeune fille. Bien que n’ayant pas vécu l’expérience comme les autres, mais la présidente du club des jeunes filles leaders de Kindia semble avoir une idée sur les conséquences du phénomène.

«Aujourd’hui nombreuses sont des jeunes filles qui sont dans cet état qui traversent un moment critique lié à leur état de santé. Il suffit de faire un tour des centres de santé, vous vous rendrez compte que les filles sont victimes de cette pratique qui continue malheureusement de compromettre l’avenir des jeunes filles», a déclaré Rouguiatou Kaba.

Parmi les problèmes de santé qui affectent dangereusement aujourd’hui la santé sexuelle des adolescents et jeunes, se trouve le mariage précoce. Dans cette ville de Kindia, ce phénomène commence à prendre une proportion inquiétante ces derniers  temps. Les jeunes filles dont les âges varient entre 15 et 17 ans, sont donnez en mariage précoce avec la complicité de leurs parents sans leur consentement. Et souvent dans leurs foyers, nombreuses parmi elles se trouvent confrontées à un sérieux problème de santé.

Sur les causes de la recrudescence du phénomène  à Kindia, la directrice régionale de l’action sociale de la promotion féminine et de l’enfance, après avoir dressé le bilan de l’année 2018, a accusé les religieux d’en être les principaux promoteurs.

«Au courant de l’année 2018, nous avons enregistré 15 cas de mariages précoces dans la région. Ces genres de mariages sont célébrés dans les lieux de culte. Ce qui est inadmissible. On parle de mariage précoce, c’est lorsqu’il y a un lien de mariage entre deux personnes et l’un n’a pas légalement l’âge requis de se marier. Ainsi fait, le conjoint qui subira une relation sexuelle précoce a déjà des organes immatures. Et ça c’est sur le plan physiologique et anatomique. Pour remédier à ce fléau, il faut la partition des autorités sanitaires, religieuses et administratives. Vous verrez dans les mosquées, on célèbre le mariage devant toutes les parties concernées sans aucune réaction.  Il y en a qui change même la date de naissance de leur fille. On est à chaque moment sur le terrain pour sensibiliser sur l’abandon du mariage d’enfant. Parce qu’il y a assez de conséquences et il est devenu récurrent à Kindia», s’est alarmée Aïcha Bah, la directrice préfectorale de l’Action Sociale.

A Kindia, il n’y a pas seulement que les jeunes filles et les responsables en charge qui s’inquiètent de la situation, le personnel médical qui est généralement consulté pour des cas d’urgence portant sur ces violences basées sur le genre en est aussi préoccupé surtout par rapport à la courbe d’évolution du phénomène et ses effets néfastes.

«Le mariage précoce n’est pas du tout bon. C’est une pratique  que nous devons tous combattre. On a beaucoup conseillé les familles de long en large. Mais il n’y a les résultats escomptés ne sont pas encore au rendez-vous. C’est sur des organes immatures que cela se passe. Nous sommes consultés ici par nombreuses jeunes filles données en mariage avant l’âge requis et ces filles sont aujourd’hui malades. N’ayant pas l’âge requis pour faire des enfants, on enregistre souvent des complications pendant l’accouchement», a expliqué Dr Kadiatou Sow, chef service (CETEPI) à l’hôpital régional de Kindia.

Parlant des sanctions qui répriment cette pratique,  Mory Fodé Bangoura, juriste etchargé du point focal au niveau du tribunal de première instance de Kindia donne des précisions.

«Lorsque vous regardez dans le code pénal guinéen notamment dans ses articles 319, 320, 321, 322, le mariage précoce est non seulement défini, interdit et des sanctions sont prises à l’encontre. Pour freiner ce fléau, il faut que les gens soient sanctionnés. Pour qu’ils soient sanctionnés, il faut qu’ils soient aussi dénoncés. Mais aujourd’hui, ce n’est pas le cas malheureusement», a-t-il fait savoir.

Hormis le mariage forcé, les autres violences basées sur le genre, prennent aussi une proportion inquiétante dans la région de Kindia. Au total, au cours  de l’année 2018, la direction régionale de l’action sociale de Kindia a enregistré 15 cas de mariages forcés et précoces, 20 cas de viols, 3 cas de maltraitances et 2 cas de grossesses non-désirés déclarés.

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