Nous sommes le lundi 13 janvier 2020, aux environs de 10 heures à Lélouma. Suite à l’appel du front national pour la défense de la constitution (FNDC), des opposants à un troisième mandat du président Alpha Conté investissent la place des martyrs. Le ton à la désobéissance civile est lancé.
Les activités sont complètement paralysées. Le marché est fermé. Les boutiques et magasins sont cadenassés.
Suite à des informations faisant état de l’ouverture du bloc administratif, des délégations ont été formées pour aller demander l’arrêt immédiat des activités et la fermeture du bloc administratif. Les tentatives de négociations sont restées sans succès face à l’autorité préfectorale, droit dans ses bottes.
Vers la soirée, les manifestants sont informés de l’arrivée imminente des renforts venus de Labé. Les rentrées de la ville sont vite ceinturées par les manifestants pour leur barrer la route.
A Diountou et Korbé, les renforts sont freinés par la foule et des barrages érigés sur le tronçon.
Aux environs de 19 heures, les renforts sont stoppés par des jeunes à la rentrée de la commune urbaine. Après quelques résistances, les renforts sont parvenus, en contournant les barrages par des raccourcis, à entrer dans la ville.
Avec la forte mobilisation des jeunes, des accrochages avec les forces de l’ordre sont signalés. Aux jets de pierres, les manifestants répondent par des tirs de sommation, jusque tard dans la nuit.
Un mardi de haute tension à Lélouma
Tôt le mardi matin, la ville est investie par des jeunes surexcités, voulant en finir avec le renfort déployé la veille. Ils exigent leur départ immédiat. Des barrages sont érigés partout dans le centre-ville. Des pneus sont brûlés. Les commerces sont fermés. La tension est montée d’un cran.
On assiste à des accrochages entre manifestants et forces de l’ordre. Les jets de pierres et coups de lance-pierres s’enchaînent. Les forces de l’ordre ripostent par des tirs. Un jeu de cache-cache est engagé entre les deux camps.
Le désordre est total dans la ville. Tout le monde est débordé. C’est dans ces circonstances que le commandant de la gendarmerie et le commissaire de police de Lélouma ont reçu des coups de pierres et sont vite admis à l’hôpital préfectoral.
Un agent de la police locale est blessé aussi au pied par balle et évacué d’urgence à l’hôpital.
Aux environs de 18 heures, sous la pression, le préfet prend la poudre d’escampette. Les renforts déployés ayant enregistré un nombre important de blessés, aussi remballent. La résidence du préfet est à la merci de la foule en colère.
Prise d’assaut, elle a été vidée de son contenu. Les véhicules administratifs des secrétaires généraux sont vandalisés. Celui appartenant au chargé des affaires administratives a été complètement calciné par les flammes.
La résidence du préfet échappe de justesse à l’incendie. Quelques minutes plus tard la foule se disperse dans la nuit qui tombe.
Un mercredi relativement calme
Le maire de la commune urbaine, pour éviter le pire, appelle à une réunion d’urgence pour apaiser la situation. Aux environs de 17 heures, toutes les parties concernées se retrouvent au siège de la maire pour appeler au calme et à la retenue, afin que la paix et la quiétude règnent dans la cité.
Chacune des parties y compris le renfort a promis de respecter la promesse faite avant qu’un peu plus tard dans la soirée ne tombe le communiqué du FNDC suspendant les manifestations.