Le gouvernement malien dans la dynamique de la promotion des langues nationales entend valoriser les caractères inventés par les Africains. L’objectif est donc de promouvoir et d’enseigner les treize langues nationales maliennes à travers les systèmes d’écriture africains.
C’est dans ce cadre que le ministre malien de la refondation de l’État a conféré mardi avec les promoteurs de l’alphabet ADLaM venus de différents pays pour comprendre les spécificités de cet alphabet et son niveau d’évolution.
Cet alphabet a été inventé par deux guinéens vivant aux États-Unis il y a plus de trente ans.
Prenant la parole, Abdoulaye Barry, l’un des co-inventaires est revenu sur les spécificités et les avancées de cet alphabet: « Le caractère ADLaM comprend 28 lettres (23 consonnes et 5 voyelles) et six autres lettres ajoutées pour les autres langues africaines. Il est aujourd’hui intégré dans tous les systèmes d’opérations des grandes compagnies informatiques (Android et Chrome de Google, Windows et Office de Microsoft, iOS et MacOS d’Apple). Plusieurs autres progrès ont été réalisés dans d’autres domaines tel que le Java et le Photoshop d’Adobe. Donc il y a aujourd’hui la possibilité d’utiliser les caractères dans la programmation informatique. Aujourd’hui, tout ce qu’on peut faire les autres alphabets, on peut le faire aussi avec ADLaM » , souligne t-il.
Ibrahima Barry, le binôme, a ajouté : « Au-delà des supports. Grâce à ces caractères, nous participons aux grandes conférences internationales où d’habitude des Africains ne sont pas conviés ou représentés. On ne peut pas maîtriser les caractères latins ou arabes jusqu’à ce qu’on nous invite à participer et parler du latin ou de l’arabe à la place d’un Européen ou d’un Arabe. Nous avons ainsi participé à plusieurs conférences internationales. Par exemple aux conférences de l’UNICODE qui est l’organe chargé de codifier les écritures pour leur numérisation. Il y a aussi les conférences internationales de calligraphie. Ces conférences nous ouvrent d’autres horizons et nous permettent d’exposer nos réalités afin qu’elles soient prises en compte« .
Ibrahima Ikassa Maïga, le ministre malien de la refondation de l’État dans sa réponse, salue cette prouesse. « Je suis émerveillé par cette démarche révolutionnaire. Quelqu’un qui veut se développer, il faut le faire en soi-même. Nous (les Africains) avions opté pour la paresse. Et ça ne marche pas. Après 60 ans d’indépendance, on ne va nulle part. Tout ceux qui ont accepté d’intégrer une démarche endogène ont pu s’en sortir. On perd notre énergie en apprenant la langue des autres. Nous avons des choses à transmettre et il faut le faire dans notre langue en ce moment, notre culture va s’imposer au reste du monde. Le travail sur ADLaM est extraordinaire, nous allons l’exploiter surtout que maintenant ça été pris dans les codes internationaux« , promet-il.
Une équipe de Microsoft est attendue ce mois à Conakry pour réaliser une étude sur ces nouveaux caractères d’écriture.