Située en région forestière à environ 180 kilomètres de la capitale régionale N’zérékoré et à plus 800 kilomètres de Conakry, la préfecture de Macenta où vivent près de 7 mille âmes est l’un des greniers du pays.
A vocation essentiellement agro-pastorale, cette ville, de part sa position géographique stratégique, en frontière avec le Libéria, aurait pu être un grand centre d’affaires. Aux dernières élections locales, la mairie est revenue à l’UFDG, principale formation politique de l’opposition.
Cependant, cette localité stratégique est enclavée. La route Guékédou – Kondembadou est un véritable calvaire pour les usagers. Le réseau routier de la Commune urbaine est défectueux. L’électricité est une denrée rare. L’accès à l’eau potable dans certains quartiers est un véritable casse -tête. La localité se heurte aussi à un manque d’infrastructures sanitaires et scolaires. Tels sont les tristes réalités de Macenta.
Comment inverser cette tendance? Quels sont les moyens dont dispose l’équipe communale pour faire face à ces énormes défis ? Quelles sont les sources de revenus et quelle stratégie adopte la mairie dans le recouvrement des recettes? Pour passer au peigne fin la situation, le nouveau maire, très détendu derrière son bureau au premier étage du siège de la mairie, a accepté volontiers de répondre aux questions de Guineenews©. Entretien !
Guineenews© : vous êtes officiellement le maire de la commune urbaine de Macenta depuis plusieurs mois. De quelle situation avez-vous héritée?
Gnenego Guilavogui : je tiens tout d’abord à signaler que notre installation n’a pas du tout été facile. Il y avait eu beaucoup d’acrobatie, assez de tiraillements mais finalement nous avons pu être installé. Revenant sur votre question, nous avons hérité d’une situation vraiment très alarmante au niveau de notre commune urbaine. Nous n’avons trouvé que 106 000 GNF dans la caisse de la commune avec deux comptes bancaires. Dans le premier compte, il y avait une dette de près de 35 000 GNF et une autre dette de 600 000 FG dans le deuxième compte. En plus de ça, trois mois d’arriérés de salaire pour les travailleurs de la commune.
Guineenews© : sur le volet financier, vous avez hérité d’une dette. Qu’en est-il sur le plan infrastructurel?
Gnenego Guilavogui : En ce qui concerne notre siège, ça va. C’est un bâtiment neuf. Mais sur d’autres aspects, l’héritage laisse à désirer. L’infrastructure routière est défectueuse. Les routes sont complètement dégradées. Nous sommes en train de chercher des bailleurs pour faire ne serait-ce que quelques coups de pelles sur certains axes pour que les populations de la commune urbaine soient à l’aise. Les infrastructures scolaires et sanitaires existent mais n’arrivent pas à couvrir le besoin. La déserte aussi en eau potable et en électricité connait des problèmes.
Guineenews© : Comment se porte aujourd’hui le système éducatif au niveau de la commune urbaine de Macenta ?
Gnenego Guilavogui : la commune urbaine possède 42 écoles primaires et 10 collèges. Mais ces écoles sont insuffisantes. Nous en avons toujours besoin. Et c’est le lieu pour moi de lancer un appel au gouvernement et aux partenaires au développement pour nous aider dans ce sens-là. La plupart des enfants qui se trouvent vers Hermakono parcourent plusieurs kilomètres pour atteindre la plus proche école. C’est regrettable. Avec ces distances, les enfants sont tentés à faire l’école buissonnière. Et dans ces écoles, les effectifs sont pléthoriques. Vous pouvez même trouver cinq élèves par table-banc. Il y en a même certains qui s’essayent sur les fenêtres pour suivre les cours. Chose qui n’est pas su tout agréable à voir.
Guineenews© : sur le plan éducatif tout n’est donc pas rose. Vous l’avez dit. Et sur le plan sanitaire, comment se présente la situation par rapport à l’accès aux soins de santé ?
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Gnenego Guilavogui : sur cette question de l’accès aux soins de santé, je m’en vais vous dire que la commune urbaine possède quatre centres de santé et l’hôpital préfectoral où des travaux d’extension sont en train d’être réalisés. Ces infrastructures sont insuffisantes et ne couvrent pas du tout notre besoin vu que la population est d’environ 65 755 habitants répartis dans 18 quartiers. Vous voyez ce que ça fait ? Actuellement, nous sommes en train de voir avec la subvention, si nous pourrons construire un centre de santé dans l’une de nos localités où il est nécessaire.
Guineenews© : venons-en à la desserte en eau potable et en électricité. Qu’en est-il du cas de votre ville ?
Gnenego Guilavogui : la desserte en eau au niveau de la commune urbaine présente des couacs. Les populations sont servies par la Société des Eaux de Guinée (SEG) par tour. C’est-à-dire, si vous avez aujourd’hui l’eau dans votre quartier, demain c’est un autre groupe et ainsi de suite. Dans certains endroits, les tuyaux sont complètement exposés et ne sont pas enfuis dans le sol. Certains de ces tuyaux cèdent lors du passage des camions. Certains quartiers comme le mien qui se trouve vers la route du Libéria n’a pas d’eau depuis plusieurs mois. Pour ce qui est de l’électricité, ça n’allait pas avant. Mais avec l’arrivée des nouveaux groupes qu’une société a installés, il y a eu quelques améliorations. Mais là aussi, nous sommes confrontés à un problème suite à l’extension de la ville. Ce n’est pas tous les quartiers qui sont couverts par le réseau. Nous recevons chaque jour des demandes émanant des quartiers mais il n’y a pas de poteaux pour ça. Nous aussi, on a informé le directeur de l’EDG sur ce besoin. Actuellement, nous avons le courant de 19 à 23 heures.
Guineenews© : Vous venez donc d’héritier d’une situation critique. Aujourd’hui, quels sont les objectifs que vous vous êtes assignés et quels sont vos moyens pour y arriver ?
Gnenego Guilavogui : nous avons déjà fait notre cession budgétaire. Tous les points énumérés ont été notés. Avec l’appui de l’ANAFIC (Agence Nationale de Financement des Collectivités), Macenta doit bénéficier d’un peu plus de deux milliards de nos francs que nous comptons investir à travers trois projets essentiels. A savoir la construction de la gare routière à Zimodou. On nous a également octroyé dix dallos et ensuite la construction d’un poste de santé à Zimomoridou.
Guineenews© : Au-delà de cette subvention, quelles sont les sources de revenus dont dispose la commune et comment comptez-vous procéder à leurs recouvrements et sur quoi les investir ?
Gnenego Guilavogui : Pour ce qui est de nos sources de revenus, nous avons le marché. Les différentes commissions sont déjà mises en place et celle des finances travaille au niveau du marché. Elle recense les boutiques, les conteneurs pour pouvoir mobiliser des fonds. Quand on prend aussi des services comme l’environnement, on peut tirer des revenus à partir de l’exploitation des carrières de granite ou de l’extraction du sable dans les cours d’eau. Il y a beaucoup d’autres activités qui vont nous permettre d’avoir de l’argent au niveau de la commune urbaine.
Mais seulement le recouvrement de ces recettes n’est pas facile.
Avec les fonds que la commune va mobiliser, nous envisageons dans la mesure du possible faire l’aménagement de la Zazazia ( cours d’eau,ndlr) qui avec la montée de la crue provoque chaque année des dégâts. Nous comptons également nous attaquer à la réhabilitation des artères au niveau de la commune urbaine pour faciliter le déplacement des personnes.
Guineenews© : Vous misez beaucoup sur le marché pour avoir des recettes. Cependant, ce marché est sale et les chaussées sont anarchiquement occupées. Avez-vous des projets dans ce sens?
Gnenego Guilavogui : il faut tenir compte de certains paramètres avant d’agir. Ce sont des activités que nous avons déjà planifiées. Pour rétablir l’ordre dans l’occupation de la chaussée, il nous faut des agents. C’est pourquoi, nous avons la ferme volonté de procéder au recrutement d’une police communale. Ces gens après une formation, font aider la commune dans le cadre de la stabilité dans la circulation et le recouvrement des taxes. Ces occupants de la chaussée vont être déguerpis bientôt.
Pour la gestion des ordures, c’est déjà une chance pour nous car la commune possède un camion benne. Nous passerons par tous les moyens pour dégager ces ordures. Nous sommes en train de voir comment trouver une décharge pour mieux gérer cette question d’ordures.
Entretien réalisé par Abdourahamane Barry