En lutte contre les mutilations génitales féminines depuis 1983, Dr Morissanda Kouyaté vient de recevoir le prix Nelson Rolihlahla Mandela des Nations unies. A Conakry, cette récompense a été officialisée ce mercredi par le coordinateur résident du système des Nations unies, Vincent Martin. Presqu’au même moment, le comité de sélection officialisait le même prix aux Etats-Unis.
Comme en 2015, le prix Nelson Rolihlahla Mandela a été décerné cette année à deux personnes (un homme et une femme). La co-lauréate de Morissanda Kouyaté est la Grecque Marianna Vardinoyannis, militante mondiale et militante pour les droits de l’homme et la protection de la santé et du bien-être des enfants.
En procédant à l’officialisation du prix de Dr Morissanda Kouyaté à Conakry, le coordinateur résident du système des Nations unies a parlé d’un prix prestigieux décerné chaque cinq ans à des personnes dont l’activité à un porté humanitaire, ceux dont le service est guidé par les buts et principes des Nations unies, qui promeuvent la paix, la stabilité, le développement communautaire… « Aujourd’hui est un jour spécial (en étant avec la presse et Dr Kouyaté)… Je suis très honoré d’être avec vous », a-t-il exprimé.
De Tougué à New York
En recevant ce prix, Dr Morissanda a d’abord salué le travail de la presse (locale et internationale) qui l’a accompagné tout au long de ses 36 ans de combat contre les mutilations génitales. « Ce prix, c’est aussi grâce à vous », a-t-il dit citant notamment Abou Bakr du Lynx et Mouctar Diallo de RFI.
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Dr Morissanda a par la suite rendu grâce à Dieu et à ses parents. Il a remercié les femmes de Conakry et certaines préfectures de la Guinée comme Kouroussa, Kissidougou, Dabola,Labé, Conakry, qui ont été les premières à accepter de déposer les couteaux de l’excision.
Il a aussi remercié les gouvernements successifs de la Guinée, qui, depuis 1985, soutiennent son combat contre les mutilations génitales féminines. Bien sûr, il n’a pas oublié le Comité interafricain sur les pratiques traditionnelles néfastes qu’il a dirigé pendant plus d’une vingtaine d’années.
Dr Kouyaté a surtout dédié son prix à Hassanatou et Housseinatou, des jumelles de Tougué, dont la mort suite à une excision en 1983 a été l’élément déclencheur de son engagement contre les mutilations génitales. « Jeune médecin à l’époque, je venais d’être nommé directeur de l’hôpital de Tougué…Quand j’ai reçu c’est deux filles qui saignaient abondamment suite à l’excision, j’ai mobilisé tout le monde pour pouvoir les sauver. Mais on n’a pas pu les sauver », a-t-il raconté. A la suite de ce drame, il publie un pamphlet qui sera repéré par l’OMS…
Un stimulant
Ce titre honorifique vient sanctionner 36 ans d’engagement contre les mutilations génitales féminines. Cependant, la lutte n’est pas terminée pour Dr Kouyaté. Il considère ce titre comme un stimulant qui va lui permettre de poursuivre sa lutte en faveur de la santé des femmes et des jeunes filles. Il a surtout à cœur de prouver qu’il mérite ce prix. « Porter le nom de Mandela, c’est trop lourd. Mais avec le soutien de tous, nous allons réussir à mériter ce grand nom en parvenant à libérer les femmes de ce fardeau… », espère-t-il.