Linsan Saran est une sous-préfecture située à 120 kilomètres de la commune urbaine. Enclavée, elle souffre d’un manque criard d’infrastructures de base. C’est pourquoi, pour combattre son enclavement et sa pauvreté, des femmes et des hommes ont décidé d’unir leur force et leur travail à travers des associations et groupements au sein desquels elles exercent diverses activités génératrices de revenus.
De la production du piment à celle du riz ou du fonio ou encore du miel à la culture de l’anacarde en passant par la saponification à celle des jardins potagers, ces braves femmes sont déterminées à lutter contre la malnutrition et pour le développement local.
On dénombre au centre de la sous-préfecture une dizaine de groupements agricoles dans lesquels évoluent des centaines de femmes et un nombre limité d’hommes, a constaté sur place la rédaction locale de Guinéenews©.
Hadja Kadé Nimaga, sexagénaire, est la présidente du groupement de femmes dénommé « Badengna », qui veut dire en Sarakolé (langue locale) « entre aide », draine derrière elle 140 femmes. Elle revient ici sur les motivations qui animent ces femmes : « dans le cadre du développement et de l’épanouissement des femmes de notre localité, nous nous sommes retrouvées pour mettre en place après concertation ce groupement « Badengna ». On a compris qu’un seul doigt ne peut soulever une pierre. Du coup, on a décidé d’unir nos forces pour travailler et nous évoluons en saison des pluies dans la production du fonio. Aujourd’hui, nous sommes 140 femmes à travailler ensemble. Le résultat est encourageant. Cette année, on a cultivé le fonio sur plusieurs hectares et la récolte a été appréciable. Mais, nous sollicitons de l’aide pour la pérennisation de cette activité car c’est un travail vraiment délicat. Le président de la République lors de son passage ici à l’occasion des journées de l’éleveur, nous avait promis une machine à cet effet et nous sommes encore à l’attente ».
Dans la même lancée et dans le même souci d’avoir un bien-être social et le développement de Linsan Saran, cet autre groupement évolue dans la culture et la production du maïs.
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« L’objectif de notre association s’inscrit dans le cadre de la lutte contre la famine et pour le développement de notre communauté ici à Linsan. Voilà maintenant six ans que notre groupement est sur le terrain et se concentre essentiellement sur la production du maïs. C’est le seul moyen pour nous d’assurer une vie meilleure. Avec l’agriculture faite au sérieux, on peut facilement assurer l’autosuffisance alimentaire. Ça pourrait nous éviter d’aller ailleurs chercher ce qu’on peut nous même produire. Malheureusement, on manque de moyens mais le peu que nous avons, on arrive à nous en sortir. Avec des moyens mis dans le secteur, on peut faire encore mieux mais hélas », déplore en langue du terroir Mamadou Alpha Barry, responsable dudit groupement.
Pour cette autre femme également leader d’un autre groupement agricole évoluant dans la production du petit piment, travailler avec ses semblables pour les mêmes objectifs est quelque chose de très salutaire. Djiwo Sow du groupement « Haldi fotti » langue du terroir « Être ensemble » : « il y a près d’un an depuis que nous avons mis en place cette association. Mais, franchement, nous avons vite compris qu’on avait pris du retard pour sa mise en place. Tout le monde a vite pris du goût pour le travail en commun. En plus, entre les membres règne une parfaite harmonie. Le souci de l’un est le souci de tout le monde », se réjouit-elle.
Par ailleurs, d’autres femmes sous les auspices de Mohamed Dansoko ont, quant à elles, choisi de faire des plantations d’anacardiers sur plusieurs hectares. Ils sont à leur deuxième année. Elles comptent à travers cette activité se lancer sur le marché de l’anacarde dont la culture est très prisée ces dernières années.
Ainsi, comme le voit, si certains groupement se spécialisent dans la production agricole, d’autres encore se sont lancés dans l’achat et de la revente de ces mêmes produits. C’est le cas du groupement dénommé « Nafa ».
« Dans notre groupement, nous sommes au nombre de 27 dont 19 femmes. On achète et on revend du piment et du « soumbara ». On peut dire que ça marche petit à petit. Nous demandons vraiment de l’aide », témoigne en langue du terroir Fatoumata Binta Bobo Diallo.
Au vu de toutes ces activités à travers ces groupement ou associations, on pourrait dire sans risque de se tromper que ces communautés à la base ont compris aujourd’hui que le développement des localités passe forcément par ces genres d’initiatives. Mais seulement, elles se trouvent être confrontées à des difficultés liées au manque de moyens et de formations. Unanimement, ces acteurs de la filière agricole de Linsan sollicitent l’apport de l’État pour atteindre leurs objectifs.