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Les déboires de la SIVITA : la main du Premier ministre Gomou soupçonnée ?

Proto prise lors de la destruction des locaux de Sivita à Cosa

La Société Industrielle de Visite Technique d’Automobile (SIVITA) reprendra-t-elle ses activités? Pas très sûr. Et pour cause. Ses installations à Cosa, Conakry  et à Kamsar, Boké, sont démolies sous le regard, dit-on, complice du Premier ministre, Bernard Goumou qui, pourtant, a lui-même transmis le dossier aux ministres concernés pour l’exécution de la décision judiciaire afin que cette société reprenne effectivement ses activités.

Que s’est-il passé entre-temps pour que, si cela est vrai, le Premier ministre puisse faire «  volte-face » jusqu’à assister à la pose de la première pierre  d’un centre réservé aux jeunes de Bambeto, sur les espaces qui seraient octroyés à SIVITA par l’Etat guinéen ? Pour quel intérêt Bernard Goumou se jetterait-il dans un vieux dossier comme celui de la SIVITA ?

Après 20 ans de perturbations dans les activités de leur société, les responsables de la SIVITA s’interrogent sur la présence du chef du Gouvernement sur les lieux lors de la pose de la première pierre d’un centre réservé aux jeunes de Bambéto. Bernard Gomou accepterait-il de pactiser avec le diable alors que tous ses prédécesseurs, voire même les gouvernements successifs et celui du CRND, dont il est le chef, ont reconnu  à SIVITA ses droits?

Les patrons de la SIVITA disent ne  pas comprendre l’attitude du chef de Gouvernement qui « assiste impuissant à la démolition des installations de leur société à Cosa et à Kamsar ». Eux qui pensaient avoir atteint le bout du tunnel, quand le ministre de la Justice et des Droits de l’Homme, Alphonse Charles Wright, avait fait un courrier le 13 janvier dernier, à l’attention du Premier ministre lui demandant « l’appui à l’exécution de décisions de justice impliquant l’Etat et passées en force de chose jugée », en faveur de la SIVITA. Depuis près de trois décennies, Dr Balla Moussa Kéita et ses partenaires pensent que « la SIVITA est victime d’une  injustice ».  Une société, qui pour eux, est d’une importance capitale pour les populations guinéennes.

Selon les documents reçus, suite à la conférence de presse animée par les avocats, la SIVITA, « est à l’image des autres sociétés des pays africains en particulier ceux de la CEDEAO, qui d’ailleurs sont unies en institution technique. Elle est régie par une exclusivité comme règle primordiale de par sa spécificité de préservation des vies humaines dans chaque pays de cette organisation régionale et sous-régionale » qui  malheureusement depuis des années, des activités ont été arrêtées par l’Etat par la faute de certains cadres.

Le courrier des avocats de SIVITA et celui du ministre Charles Wright au Premier ministre

Par ailleurs, dans un courrier adressé au Premier ministre Goumou, les avocats de SIVITA lui apprendront que :« Toutes les procédures judiciaires qui ont opposé SIVITA à l’Etat guinéen, des Tribunaux de Première Instance à la Cour Suprême, ont abouti à la condamnation de l’Etat guinéen…Certaines de ces décisions ont annulé les actes administratifs pris contre SIVITA, et d’autres ont condamné l’Etat guinéen à la réparation des préjudices subis par SIVITA… (Mais hélas ! Celles-ci Ndlr) sont demeurées non exécutées jusqu’à l’avènement de CNRD… » 

La SIVITA espérait alors sur le CNRD pour l’exécution de ces décisions de Justice en vue de lui permettre de reprendre ses activités de prévention des accidents de circulation routière qui continuent d’endeuiller de nombreuses familles en Guinée.

Ce courrier des Avocats de la SIVITA sera suivi de celui du ministre de la Justice et des Droits de l’Homme, Alphonse Charles Wright  qui demandera « l’appui à l’exécution de décisions de justice impliquant l’Etat et passées en force de chose jugée ». Dans ce long courrier, Charles Wright a fait la genèse de la toute première société de visite technique en Guinée. « …Monsieur le Premier ministre au vu de tout ce qui précède et au demeurant force devant rester à la loi, surtout une décision ou arrêt de justice ne valant que par son exécution….nous vous proposons et de par la force de la loi d’encourager l’Etat guinéen à payer non seulement la créance de SIVITA… la supporter dans la pratique à la reprise de ses activités de prévention des multiples accidents de circulation qui nous endeuillent tous les jours et tous les ans en Guinée. Cette activité de préservation des vies humaines en Guinée à l’instar de tous les pays de la CEDEAO auxquels la Guinée est liée, à travers SIVITA par  l’organisme Union Africaine d’Inspection Technique Automobile, pour unicité de service communautaire ouest africain, du reste confirmé en conformité comme stipule les différents arrêts relatifs à SIVITA de la Cour Suprême de la République de Guinée »

Comme réponse à cette demande, le Premier ministre Bernard Goumou écrit aux ministres concernés pour l’exécution de la décision de justice afin que la SIVITA reprenne ses activités sur l’étendue du territoire. « Curieusement, contre toute attente, le chef du Gouvernement lui-même assiste à la pause de la première pierre d’un centre de jeunes sur le site de la SIVITA à Cosa », lâche un responsable de la société, avant de continuer « C’est avec stupéfaction et indignation que Dr Balla Moussa Kéita et ses collaborateurs constatent la destruction des installations de leur société. Pis, on les fait savoir que les espaces de SIVITA dégagés à Cosa et à Kamsar seraient octroyés à des sociétés étrangères qui frappent à la porte, dont le Premier ministre Goumou serait l’un des actionnaires.»

Du côté de la Primature, on nous apprend que le Premier ministre Bernard GoUmou n’a rien à avoir avec cette affaire de démolition des installations, dit-on de la SIVITA. « C’est sur l’invitation du ministre des Sports…Allez-vous renseigner auprès de la Mairie de Ratoma et aussi du chef de quartier de Cosa, si le domaine en question appartient à la SIVITA. Renseignez-vous aussi au ministère de l’Habitat. Pour ce qui est de Kamsar, nous n’en savons rien. non plus. Le Premier ministre n’est mêlé à rien. Il n’a rien à avoir avec ce dossier de SIVITA. Sa présence à la pose de première pierre à Cosa du centre dédié aux  jeunes, n’a rien à voir mais il y avait tout le monde ! Même le président du CNT y était ! L’affaire de cette société, le Premier ministre ne s’est pas mêlé », rassure le directeur de la cellule de communication de la Primature, que nous avons joint au téléphone après plusieurs tentatives infructueuses de joindre le Premier ministre.

Qu’est ce qui retarde alors l’exécution de la décision de justice pour permettre à SIVITA de reprendre ses activités ? C’est la question que l’on se pose aujourd’hui du côté de cette société vieille de plus de vingt ans. Et surtout au moment où les accidents sont légions sur les routes guinéennes.

Il faut noter que la Guinée enregistre chaque année des milliers de décès sur les routes. L’une des causes de ces accidents automobiles est le mauvais état des véhicules et surtout le vieillissement du parc automobile. Seulement 0,05% des véhicules sont suivis pour leur état technique. Plus de deux tiers des véhicules en circulation ne se soumettent pas au contrôle, à cause de l’inexistence d’un vrai service de visite technique dans le pays. Ainsi, la Guinée est l’un des pays africains qui détient le record absolu du taux de mortalité routière A ce terrible bilan humain, s’ajoutent des pertes économiques estimées à plusieurs milliards de nos francs.

Or, le contrôle technique vise à déceler toutes les défaillances techniques.  Par exemple, les anomalies causées par l’usure du véhicule mais également celles causées par des modifications apportées aux véhicules. Cela est courant. Les mesures effectuées sur les véhicules portent sur les points de sécurité et de respect de l’environnement.

On vérifie notamment l’état technique des freins, les suspensions, de la géométrie du véhicule, des phares, et les émissions polluantes émises par le véhicule. D’où la décision du Gouvernement guinéen de doter le pays d’un service de visite technique en 1991. Mais hélas ! La SIVITA, première société à signer la convention avec l’Etat guinéen en 1997,  n’a jamais fonctionné comme il se doit. Elle serait confrontée à des adversités et autres torpilles dans l’ombre.

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