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Les confidences de Rokia Kaba, cette sinistrée qui a vu ses 6 boutiques  cramées dans l’incendie du grand marché de Conakry 

Dans la soirée du mardi 4 avril dernier, au Grand marché de Conakry, sis à Dabondy, dans la commune de Matoto, un violent incendie, dont les origines ne sont pas encore identifiées, a reduit en cendres plusieurs objets de valeurs, ainsi que des produits destinés à la consommation.

Mme Rokiatou Kaba, Directrice de la société Kimus Sarl, est l’une des victimes de cet incendie. A elle seule, elle a perdu le contenu de six magasins, totalement consumé par les flammes.

Rencontrée sur les lieux du sinistre ce jeudi 6 avril 2023, Mme Kaba dit ignorer jusque-là les circonstances de la survenance de cet incendie. Et d’ailleurs, ceci est survenu alors qu’elle était en mission à l’intérieur du pays.

« (…). C’est de là qu’on m’a appelée pour m’informer que les boutiques ont pris feu. Directement, je suis rentrée. Et vu que je suis sous le choc, je n’ai pas la force pour faire des enquêtes pour savoir ce qui a provoqué cet incendie. Il y a des informations qui courent, mais vu qu’elles ne sont pas officielles, je ne peux pas les donner », nous a-t-elle confié dans une interview exclusive.

Au regard du nombre de magasins dont le contenu lui appartenait, Rokiatou Kaba est présentée comme la ou l’une des principale(s) victimes. Une qualification qu’elle n’entend pas d’une bonne oreille. Parce que de l’avis de notre interlocutrice, une victime ne saurait être différenciée d’une autre victime.

« Celui qui a perdu un œuf et celui qui a perdu un bœuf éprouvent la même douleur. Donc, j’ai des collègues qui ont perdu,  eux aussi, leurs magasins. Quelle que soit la quantité qu’ils ont, ils ont perdu. En termes de quantité, nous avons perdu beaucoup, mais perte égale à perte. Et moi, je ne donne pas de chiffres. Depuis hier, je le dis », a-t-elle recadré.

Toutefois, dame Rokiatou Kaba a rappelé qu’il y avait le contenu d’une vingtaine de conteneurs dans ses six magasins qui ont brûlé. Et que tous ces magasins étaient remplis du sol jusqu’au plafond. Aussi, du sol de la mésanine jusqu’au plafond.

« Ce n’étaient pas des magasins de vente. C’étaient des magasins de stockage où on avait déconnecté toute l’électricité. C’était fermé et on n’ouvrait que le matin », nous a confié la patronne de Kimus Sarl.

« Il y avait des machines d’emballage, parce qu’on avait commencé un projet de conditionnement des produits locaux. C’est moi qui ai créé la marque Batèya. Donc, on avait commencé à acheter des machines pour faire une unité semi industrielle. Il y avait aussi nos équipements de bureau. Il y avait l’huile de tourne-dol (90%), les jus (5%), les pâtes, les champignons, les tomates, les huiles d’olive. Mais ce n’est pas un chiffre qui va justifier ma peine. Ce que je traverse est plus dur que donner un chiffre », a-t-elle poursuivi.

Avec son entreprise qui a des  succursales à l’intérieur du pays, notamment à Siguiri et à Kamsar, Mme Rokiatou Kaba est importatrice et représentante de plusieurs marques.

« Nous avons l’exclusivité sur ces marques-là. On a trois marques en alimentation, dont les jus et deux marques d’huile. Nous avons aussi des pièces de rechange, parce que nous sommes représentant de certaines sociétés commerciales italiennes et d’une société allemande dont la filiale Afrique se trouve en Inde. Moi, je suis la représentante dans la sous-région. D9nc, il y avait aussi des pièces qu’on devrait livrer à la SAG où nous avons un contrat de livraison avec cette société ».

Aux dires de notre interlocutrice, depuis la survenue de ce drame, si les visites et les appels avaient le pouvoir de changer le mal, il serait changé depuis hier, avec la mobilisation massive pour partager sa peine. Chose qui l’a soulagée à plus d’un titre, selon ses mots.

« J’ai reçu la visite des gens, je ne savais même pas qu’ils le connaissaient. Et d’ailleurs, ils n’avaient même pas besoin de me connaître pour venir. Tout le monde était là : les grandes personnalités, les membres du gouvernement, les amis, les sympathisants. Vraiment, j’ai été très soutenue. Et je remercie tout le monde », a-t-elle exprimé.

Un investissement de plusieurs années parti en fumée

Selon Rokia Kaba, Kimus était une personne physique en 2011 avant d’être érigée en personne morale en 2013, intervenant notamment dans le domaine du transport.

« Avec la demande des clients (les sociétés minières), nous avons commencé l’importation des produits alimentaires. Cela a commencé en 2018 ».

Doléances de la victime 

Déjà sous le choc, Mme Rokiatou Kaba trouve les messages de certains compatriotes irritants. Loin de céder à ces agissements, elle en appelle à l’esprit de discernement en ces termes :

« Les gens n’ont qu’à aller doucement avec moi. Je souffre déjà. Et certains commentaires ne font qu’augmenter ma souffrance. Quand je dis que je dispose de 10 millions de dollars, c’est moi qui connais ce dont je dispose. Quand je dis que je ne dispose pas d’un franc guinéen, c’est moi qui sais je n’en dispose pas. ils n’ont qu’à aller doucement avec moi. Si ce n’est pas cet incident, je ne suis pas connue. Je n’aime pas m’afficher, pour ma sécurité et la sécurité de mes enfants. Ma famille même n’accepte pas que je m’expose. Donc, je n’ai pas besoin de donner un chiffre pour justifier ma peine. Il y a des pères de famille aujourd’hui qui ne travaillent pas parce que mes magasins ont pris feu. On a tout perdu : six magasins remplis, vingt et quelques conteneurs, douze employés directs et plusieurs autres employés indirects ».

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