Ce n’est un secret pour personne. L’élevage est l’un des secteurs clés du développement économique particulièrement dans la région du Fouta. Cependant, sa pratique demeure toujours traditionnelle. Et les éleveurs peinent à produire les résultats escomptés.
Aujourd’hui comme hier, l’élevage est confronté à des problèmes liés au manque de pâturages dû par endroit aux feux de brousse, à la rareté de l’eau pendant la saison sèche, aux maladies bovines et aux vols récurrents.
A Lélouma, préfecture située à une soixantaine de kilomètres de la région administrative de Labé, les populations sont essentiellement à vocation agropastorale. Dans cette localité, il n’est pas rare de voir des pâturages.
Dans ce reportage, la réaction locale de Guineenews© vous plonge au cœur de Daraaya, l’une des pâtures les plus exceptionnelles et les plus convoitées de la localité.
Cette vallée perdue entre les énormes chaines de montagnes à la limite entre la préfecture de Gaoual et celle de Lélouma se situe à plus de trois heures de marche du centre-ville. Relevant de Sanama, un quartier périurbain enfui dans les contre-bas, à une quinzaine de kilomètres, Daraaya est l’une des zones les plus propices à l’élevage.
« Je tiens de cette terre et de ces animaux là de mes parents qui, quant à eux, les avaient reçus de leurs parents. Dans ma famille, l’élevage est quelque chose d’inné. C’est notre héritage. Nos grands parents se sont établis ici il y a environ trois siècles maintenant. Pour nous, l’élevage reste et demeure une culture. C’est tout ce qu’on fait depuis plusieurs décennies. », se félicite Mamadou Benté Dinkan qui possède ses troupeaux sur ces lieux.
A en croire notre interlocuteur, ce nom « Daraaya » ne serait pas tiré d‘un simple hasard. En langue du terroir, ça veut dire « daro yaraa » qui signifie « arrête-toi pour boire ». Et donc boire quoi ? Selon toujours Mamadou Benté, soit de l’eau ou du lait.
A la question de savoir pourquoi avoir choisi cette zone pour pratiquer l’élevage, cet autre éleveur de vaches qui a préféré garder l’anonymat explique : « comme vous avez certainement pu le constater, l’endroit est extrêmement enclavé. Pour y accéder, il faut soit passer par les échelles de Djinkan ou celle de Singandé ou encore escalader la montagne sur cette partie un peu apaisée. Le lieu est calme et à l’abri des regards. Ici, les prairies sont abondantes et les animaux peuvent librement pâturer. Il n y a pas de plastiques et des vieux tissus jetés ça et là comme dans la ville. C’est en quelque sorte l’endroit idéal pour pratiquer sans être trop inquiété notre élevage », précise t il.
Sur ces prairies de plusieurs dizaines de Kilomètres carrés, les troupeaux de vaches surtout, de chèvres et de moutons ne se comptent du bout des doigts. Le bétail de la zone se trouve à l’endroit idéal. Des dizaines d’éleveurs s’affairent çà et là à entretenir leurs bêtes. « Je suis en train de sortir les veaux en attendant les vaches pour le traire. Pendant cette saison, nous ne manquons pas de lait frais ou caillé. C’est le moment ou généralement les animaux mettent pas », nous lance une femme visiblement occupée. Et qui tire deux de ses veaux avant d’ajouter : « pour faire et réussir l’élevage, c’est obligatoire que l’intéressé abandonne tout le confort de la ville ou du village pour être en brousse ici avec les animaux. S’occuper des vaches, des chèvres ou des moutons, les surveiller matin et soir. Car, parfois l’endroit est risqué pour le bétail. Il y a beaucoup d’éleveurs par là qui ne fréquentent pas régulièrement leurs troupeaux. Ils sont confrontés souvent à des problèmes de pertes, de disparation ou de mort des animaux », conseille cette femme d‘une cinquantaine d’années.
Malgré l’immensité et l’abondance des pâtures ou l’importante croissance des troupeaux dans la zone, quelques problèmes persistent et inquiètent les éleveurs.
« A Daraaya ici et dans les zones environnantes, c’est le manque d‘eau pendant la saison sèche qui fatiguent nos animaux. La quasi-totalité des points d’eau tarissent. Et les animaux, pour s’abreuver doivent parcourir des grandes distances jusqu’à la rivière Wesseguelé à la limite avec la préfecture de Gaoual. C’est dans ça qu’on perde certains animaux. A cela, il faut ajouter certaines maladies ou encore le vol de bétail. Parfois aussi, les troupeaux sont la proie des animaux sauvages comme les gros serpents et autres carnivores », regrette Mamadou Benté Djinkan.
Revenant sur les rapports entre les autorités préfectorales de l’élevage et ces éleveurs, ces derniers se disent être abandonnés avant de dire qu’ils sollicitent des appuis pour hisser très haut ce secteur.