Nous revenons sur un sujet que nous avons déjà abordé et qui aura sa pleine adéquation en saison pluvieuse prochaine. C’est la période où les chemins vont être inondés et où on va rencontrer des zones immergées plus ou moins difficiles à franchir.
Un phénomène mal connu des automobilistes qu’on appelle communément le coup de bélier, se produit en cette période. Ses conséquences sur les véhicules sont très graves. Tout moteur qui en subit les effets est affecté au plus haut point. Le réparer ? Pas toujours évident. Surtout quand les dommages ont atteint un certain seuil. Autant en acheter un autre. Une vraie panne, on vous dit ! Au sens propre de l’expression, nous sommes bien d’accord que lorsqu’un bélier tape, c’est toujours fort, non ?
Nous avons peut-être vu des séquences cinématographiques portant sur des révoltes populaires contre des seigneurs féodaux de l’époque médiévale où des portes de châteaux forts sont défoncées à l’aide d’un gros pieu au bout duquel est fixée une tête de bélier. C’est l’analogie utilisée pour illustrer la gravité des dommages que subit le moteur quand il reçoit des coups que lui porte l’eau dans laquelle on le plonge en route.
Pour en parler, nous avions à l’époque, rencontré Elhadj Amadou Ndayla Barry alors formateur et chef de section moteur-injection au CEPERTAM (Centre de Perfectionnement aux Techniques Automobiles et Mécaniques).
Les années ont passé depuis, mais le sujet quant à lui est resté intangible, inaltérable. C’est ce que nous réaffirme d’ailleurs notre interlocuteur devenu aujourd’hui consultant indépendant en développement de programmes de formation selon l’approche par les compétences (APC). Une expertise dans le domaine de l’enseignement technique et de la formation professionnelle.
D’entrée de jeu, il nous alerte : « je vous le dis franchement et retenez-le pour vrai. On n’est pas prêts d’en finir avec le coup de bélier. C’est à nous de l’éviter soigneusement. Comme une épée de Damoclès, il sera toujours là à guetter les véhicules dont les conducteurs se hasardent à plonger dans l’eau, au-delà d’une certaine profondeur.
Mais, le problème c’est que les victimes de ce phénomène admettent difficilement avoir, dans certains cas, perdu le moteur de leur véhicule, surtout quand celui-ci est neuf. Et il faut bien les comprendre. Leur véhicule est bien entretenu. Il roule tranquillement et ils n’ont pas fait d’accident. Quant au moteur, il n’a subi aucun choc de quelque forme ou intensité que ce soit. Et voilà qu’on leur dit qu’il faut des frais énormes pour le réparer et parfois même qu’il faut le changer. » Bizarre non, tout ça ?
Mais, pas de panique. Elhadj Barry a les ‘’clés’’ bien en mains. Il nous explique : « vu que votre lectorat n’est pas exclusivement composé de mécaniciens, vous allez me permettre de schématiser et faire simple dans les explications. C’est ce qui va permettre au grand nombre de bien comprendre.
Pour qu’un moteur fonctionne il faut qu’il y ait un mélange d’air et de carburant qui explose dans les cylindres. L’air est aspiré par le filtre à air. Quand un véhicule en roulage rentre dans de l’eau qui atteint et submerge ce filtre, il y a un phénomène d’aspiration qui se produit et l’eau ainsi pompée va se loger dans la chambre de combustion qui est absolument étanche, hermétique. Dès lors, le moteur s’éteint. Hélas, les chauffeurs redémarrent. L’eau étant incompressible, ce sont les organes internes du moteur qui prennent le coup et se déforment. Les bielles se tordent, les pistons se fêlent, le bloc se fissure. Le moteur est gravement atteint, sinon mort. Schématiquement parlant, c’est ça le coup de bélier. »
Sur les moyens de s’en prémunir, Elhadj Barry de poursuivre : « quand le moteur s’éteint dans l’eau, évitez de le redémarrer aussitôt. Sortez d’abord le véhicule de l’eau en le poussant ou en le tractant. Déposez les bougies ou les injecteurs, selon qu’il s’agit de moteur à essence ou diesel ou selon qu’il soit de type classique ou à injection. Démarrez ensuite et toute l’eau emmagasinée s’évacue.
Essuyez ensuite, séchez, puis remontez les bougies ou les injecteurs et le moteur repart à nouveau. Sauvé du « coup de bélier »! »
Elhadj Ndayla Barry termine en affirmant que de nombreux moteurs de véhicules, souvent neufs, sont ainsi perdus chaque année. Dans ce lot, les 4X4 sont les plus concernés. Et cela entraîne de grosses dépenses pour les victimes, parmi lesquelles on retrouve les particuliers, les institutions, mais aussi l’Etat.
D’où la nécessité d’en dire au moins deux mots aux conducteurs. Pourquoi pas initier une formation destinée à tous les personnels exploitants du parc automobile national ?
Quoi de plus utile et souhaitable, que de voir, à quelque niveau que ce soit, un tel objectif inscrit dans un plan d’action !