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Le comédien « Vieux Koumi », aujourd’hui invalide, lance un appel à l’aide pour se soigner

 ‘’… Je tombe à tout moment et j’ai une pile d’ordonnances si chère que je ne parviens pas à m’en procurer. Comment voulez-vous que quelqu’un qui ne trouve pas à manger, parvienne à faire face à ses problèmes d’ordonnance…’’ 

Né en 1954 à Boké, Aboubacar Camara très reconnu sous le nom de ‘’Vieux Koumi’’, est acteur, comédien, metteur en scène.  Fils de feu Abdoulaye et de feue Adama Conté, il est marié à une femme et père de huit enfants.

Aboubacar Camara alias ‘’Vieux Koumi’’ a fait ses études primaires à Tombo et celles secondaires jusqu’en 11ème année à l’école de Coronthie.  Faute de soutien, puisque son oncle arrêté et incarcéré au camp Boiro après l’agression du 22 novembre, il n’a pas pu continuer et achever ses études.

C’est ainsi qu’il s’est lancé à l’aventure pour une première étape durant 20 ans en Sierra Léone où il apprit le métier de carreleur. Prenant gout à l’exil et dans l’objectif de voir la Tour Eiffel, les champs Elysées ou l’Arc de triomphe, il connaitra le pays du feu Président Siaka Stevens (Sierra Léone) pour une durée de 6 ans et celui de feu Daouda Kaïraba Diawara(Gambie), d’où cette péripétie ou ce rêve de fouler un jour le sol de l’Europe s’estompera.

Avant de se faire coller le pseudonyme de ‘’Vieux Koumi’’ dans le théâtre, à cause d’un vélo qu’il s’était fait acheter par son oncle, le surnom ‘’Santana’’ fut le plus prédominant. ‘’Santana’’ était un des champions du cyclisme en Guinée avec Bah Bella et autres. Jusqu’ici, ce sobriquet ‘’Santana’’ reste coller sur les lèvres des hommes de sa génération.

Membre et doyen de la Coordination Nationale des Comédiens de Guinée (CNCG), aujourd’hui malade, invalide, le célèbre ‘’Vieux Koumi ‘’ rencontré par la rédaction de Guineenews.org à son domicile au quartier Gomboya mosquée (Préfecture de Coyah), lance un appel pressant aux autorités du pays et de toute les personnes de bonne volonté afin de se faire soigner.

Guinéenews : comment êtes-vous venu dans le monde du théâtre ?

Vieux Koumi : je ne dansais pas mal et je maitrisais les rythmes des danses de la Basse Côte (le Yankadi, le Makrou et autres). D’ailleurs, à chaque cérémonie ou fête de la Guinée, vivant en Sierra Léone, l’Ambassadeur invitait tous les ressortissants guinéens. J’avoue que je me faisais distinguer en matière de danses. Donc, la passion était déjà là pour la culture en générale, sans oublier que j’étais un bon comédien qui savait raconter et faire rire tout un public.

Arrivée en Guinée après la mort du feu président Sékou Touré, j’ai été contacté par feu Hawa Barry qui avait découvert plutôt mes talents et qui du coup me proposera de venir dans l’arène du théâtre.

En ce moment, les troupes de théâtre ‘’Pèssè’’,’’Léwru Dyèrè’’, ‘’Benso Sodia’’, ‘’Nil Palawu’’… dominaient sur la lucarne joyeuse de la RTG.

Je me rappelle encore des prises de bec entre le chef de quartier d’antan de Simbaya Ecole et notre troupe. Il avait voulu nous utiliser pour rendre des hommages à son grand frère qui était membre du gouvernement d’alors. A cause de notre refus, il avait juré de bloquer toute notre progression dans le domaine théâtral.

Laissez-moi rendre hommage à feu Elhadj Alkhaly Mohamed Kéita, qui défiant ce chef de quartier, est venu nous secourir. Avec trois cadreurs, il viendra assurer le tournage de notre numéro intitulé ‘’Ginè mu kolonma’’ de la troupe ‘’Simbaya Munafanyi’’ et qui sera diffusé sur le petit écran de la RTG. Un film dans lequel j’ai joué le rôle d’acteur principal.

Riche de mes qualités de metteur en scène et toujours sur le plan théâtral, j’ai produit plusieurs numéros notamment : ‘’les cinq gbéfényi ’’, ‘’Saga des Togues’’, ‘’Conakry Bandiya’’, ‘’Kumi koromikhi’’, ‘’N’dé gbé dira’’ et tant d’autres…

Après la ‘’Troupe Simbaya munafanyi’’, j’ai créé ma propre troupe qui s’appelle ‘’ Espoir Vieux Koumi’’.

Aujourd’hui malade, j’essaye tant bien que mal d’assister les jeunes pour leur épanouissement dans le métier.

Guinéenews : dites-nous comment est venu le surnom ‘’Vieux Koumi’’ qui vous a rendu si célèbre ?

Vieux Koumi : le surnom ‘’vieux Koumi’’ est venu à travers un des numéros d’un de nos films.  Dans ce film, je jouais le rôle d’un charlatan qui venait au secours de toutes les femmes en détresse. Notamment celles en proie aux difficultés de procréer, de celles qui sont à la recherche d’un foyer conjugal ou en situation de divorce…

Je me suis fait repérer à travers ce numéro qui me fait coller aujourd’hui ce surnom qui me procure une notoriété à la dimension de mes talents.

Guineenews : aussi célèbre que vous l’êtes, dites-nous quels sont vos sources de revenus et comment parvenez-vous à joindre les deux bouts ?

Vieux Koumi : je vis des revenus de mes prestations au niveau du théâtre. Je ne suis pas fonctionnaire de l’Etat et bien qu’étant membre du BGDA, je ne profite point de mes droits. Je tiens tant bien que mal grace aux personne de bonne volonté comme le maire de Matoto Mamadouba Tos Camara.

Le piratage en Guinée est un autre fléau qui joue considérablement sur nos revenus. En Guinée, ce n’est pas le piratage et nous pouvons considérer cela comme un moyen de décourager les artistes. Les producteurs, certes, en profitent au détriment de nous autres acteurs. Sinon, c’est une source de revenu qui pouvait amoindrir notre misère.

Actuellement malade et alité, j’ai du mal à trouver les moyens de subsistance de ma famille ainsi que les frais médicaux et pharmaceutiques.

Guinéenews : pouviez-vous nous décrire votre état de santé ?

Vieux Koumi : je vous dirai que le premier diagnostic a révélé le diabète. Par le concours d’un de mes frères vivant en Europe, je suis en train de traiter ce diabète tout en me conformant aux règles édictées par mon médecin traitant.

Présentement, ce n’est plus cette maladie qui me fatigue. J’ai des douleurs au niveau des pieds qui m’empêche tout déplacement. Je vous fais voir mes blessures qui sont dû aux vertiges qui me rattrapent pendant mes courses. Je tombe à tout moment et j’ai une pile d’ordonnances si coûteuse que je ne parviens pas à m’en procurer. Comment voulez-vous que quelqu’un qui ne trouve pas à manger, parvienne à faire face à ces nombreuses ordonnances.  A l’hôpital, on me parle d’un problème de nerfs et je suis même allé à l’indigénat pour des traitements. Je manque de moyens pour me soigner.

Guinéenews : dites-nous dans votre état actuel, est-ce vous aviez eu d’autre assistance ?

Vieux Koumi : Oui ! Le ministère des Sports, de la Culture et du Patrimoine Historique est venu à mon chevet au nom du Secrétaire général Isto Kéira. Le BGDA aussi par la voix de Lamine Bangoura s’est manifesté. Il y a un guérisseur du nom de ‘’Terre à terre’’ qui m’a beaucoup aidé financièrement et dans le domaine des plantes médicinales. Disons-nous la vérité, il y a eu de l’aide de part et d’autres. Sans ingratitude, je dirais que ces aides sont insuffisantes. Ma famille ne trouve pas à manger et je préfère continuer dans ma souffrance que de voir mes enfants affamés.

Guinéenews : aviez-vous des regrets aujourd’hui d’avoir exercé ce métier de comédien ?

Vieux Koumi : ah… ! J’ai vraiment le regret actuellement. Je me suis lancé corps et âme dans le théâtre pour apporter ma modeste contribution au développement de ce secteur. Je suis jusqu’à présent dans une maison où je paye et d’ailleurs difficilement les loyers. Plus de trente ans dans ce métier, je n’ai pas pu poser une brique et cela n’est certainement pas de ma faute. Et si j’étais fonctionnaire de l’Etat pendant tout ce temps mis, je serais aujourd’hui à la retraite.

Le seul réconfort moral que je ressens vient de ce public qui m’a connu et apprécié dans ce métier. Je ne taris pas d’éloges et de reconnaissance de la part de mes fans et des hommes de théâtre.

Guinéenews : aviez-vous un message à livrer à ce monde artistique ou à vos fans ?

Vieux Koumi : mon frère, il y a quelques temps, la RTG Koloma était à mon chevet pour parler de mon état de santé. Sur les projecteurs, j’ai été interviewé et télévisé et je crois que nous avions presque tout dit. Ils ont beaucoup fait pour moi et vous saviez que je ne voulais pas vous recevoir puisque d’autres m’ont escroqué à travers un numéro orange money qu’ils ont mis à contribution pour recueillir des fonds à mon actif. N’eut été votre bon sens que j’apprécie, je ne me serai pas prêté à vos questions. Donc que les Guinéens sachent que le travail que nous sommes en train de faire, on ne le fait pas pour notre père ou notre mère. C’est pour la nation et vouloir nous abandonner, serait un tort. Vous aviez vu ou vécu comment Yakhouba Pèssè a quitté ce monde. Il a souffert avant de mourir.  Nous sommes tous appelés à mourir. Mourons dignement et n’attendons pas la fin de personne pour manifester des faux regrets. C’est le moment indiqué ou jamais pour venir au secours de ceux qui s’investissent pour le pays.

Entretien réalisé par LY Abdoul

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