Un an jour pour jour, la république de Guinée vit dans une transition politique. Le 5 septembre 2021, les Forces spéciales ont déposé l’ancien président Alpha Condé. L’annonce a été faite par le patron desdites forces, le colonel Mamady Doumbouya. Depuis ce jour, beaucoup d’eau a coulé sous les ponts. Mais que retiennent les populations guinéennes de l’an du Comité national du rassemblement pour le développement (Cnrd) au pouvoir ?
Pour Abdoul Razzack Diallo, entrepreneur de son état : « Comme tout pouvoir à l’arrivée, on essaie de convaincre l’opinion à adhérer au programme du Cnrd. C’est ce que le CNRD a fait. Il nous a fait adhérer à ce Coup d’Etat. On était soulagé. Tout le monde était satisfait. C’était un grand espoir pour tout le monde. Il y a eu beaucoup d’actions fortes notamment allant de le sens de la réconciliation, de la libération des Guinéens injustement arrêtés par l’ancien régime. On espérait aussi de la justice parce que quand on parle de réconciliation, il faut la justice. Très malheureusement, le système a encore ressurgi et a pris le dessus sur les militaires. (…)
La justice n’a vraiment pas été la boussole. On a ignoré la justice. Le pouvoir des militaires si il y a beaucoup qui aiment ça, nous les entrepreneurs, cela ne nous arrange pas parce que le climat des affaires n’est pas aussi bon. Il n’y a pas tellement d’activités. Les choses sont au ralenti. On a vu le président demander aux sociétés minières de présenter leur plan de construction d’usine de transformation de la bauxite mais on voit que tout ceci c’était des choses pour convaincre encore les guinéens parce que ce n’était pas réaliste« .
Pour sa part, Cécé Balamou quant à lui affirme que malgré les petits problème et difficultés, le résultat est satisfaisant : « je pense que le CNRD est sur la bonne voie. Il a beaucoup fait comme la récupération des biens de l’État et tant de bonnes actions. Pour moi, le problème c’est nous, la population. On veut tout gagner aujourd’hui et tout de suite. Le changement vient au fil du temps. Le CNRD a beaucoup fait pendant les 12 mois là. Il a fait son mieux pour gérer ce pays qui souffrait déjà de plusieurs maux. Trois ans, ce n’est pas trop. Aujourd’hui, nous sommes à un an. Il ne reste plus beaucoup de temps. Nous devons plutôt encourager le CNRD dans ce qu’il fait. Les bonnes actions qu’il pose aujourd’hui y va dans l’intérêt de chacun« .
Au marché, les femmes sont partagées entre satisfactions et déceptions. Si certaines félicitent le CNRD, d’autres par contre, sont déçues. Celles-ci mettent en exergue le non allègement du panier de la ménagère. Pour elles, aucun changement malgré la dénonciation et ce, depuis le 08 mars dernier, disent-elles.
« Tout le monde était content le jour où Doumbouya est venu au pouvoir. Nous avons cru que tout allait enfin aller. Mais je ne pense pas s’il y aura un président qui pourra lutter contre la cherté du marché. Parce que nous c’est ce qui nous préoccupe. Chaque président qui vient dit que ça va aller mais rien ne va. C’est de voir ce niveau essayer d’appuyer ceux qui s’occupent de ça. Nous avons des terres ici, les gens cultivent bien mais on dirait les légumes que nous mangeons ici ne viennent pas de chez nous. C’est vrai que tout ne peut pas être géré à la fois mais depuis qu’il est là nous les femmes, on ne nous regarde pas.
J’apprends qu’on a récupéré la maison de tel ou tel. C’est bien mais pendant un an là est-ce que Doumbouya a parlé avec les femmes ? Les femmes qui sont à côté de lui ne font que descendre et monter. Elles ne défendent pas notre cause. Pourtant nous partons toutes au marché, on voit la réalité. Peut-être que c’est dans son programme mais le mieux c’est qu’il regarde ce niveau. Nous allons donc continuer à dénoncer« , a martelé Toran Camara, vendeuse au marché de Matoto.
De son côté, Sidiki Diané « recommande au CNRD et à son président de laisser leur histoire de refondation des rectifications institutionnelles qui sont des termes floues qui ne définissent rien de tout. Qu’ils passent aux choses sérieuses comme la nomination d’un Premier ministre consensuel avec les forces vives de la nation, les partis politiques et la société civile et refonder aussi leur CNT parce que tout le monde a vu dans quelles conditions, il a été mis en place avec le népotisme qu’il y a eu dedans. Donc, il n’est pas objectif.
Ensuite former un gouvernement d’union nationale et discuter réellement de la transition allant dans le sens d’un retour à l’ordre constitutionnel permettant à la Guinée de relancer son développement économique et surtout sa stabilité politique. On a vu que la CEDEAO est venue discuter, ils se sont entendus sur quelque chose mais dès que le président est parti, ils n’ont pas respecté ce qu’ils se sont dit et ils sont restés muets là-dessus. Jusque-là rien du tout« .