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L’An 1 du CNRD à Mamou : de l’espoir à la désillusion?

Au lendemain de la prise du pouvoir par le Comité national du rassemblement pour le développement le 5 septembre 2021, un ouf de soulagement a envahi les citoyens de la ville carrefour. Le changement à la tête de l’administration locale a suscité un engouement chez les populations pour l’amélioration des conditions de vie. Mais après quelques mois, le rêve s’est transformé en cauchemar chez certains habitants.

Les actions salutaires à l’actif du CNRD

Le président de la Transition, colonel Mamady Doumbouya, a accordé 500 millions de francs guinéens à 10 groupements et coopératives de femmes de la préfecture de Mamou pour le développement de leurs activités. Ce montant est « un fonds d’appui non remboursable » qui s’inscrit dans le cadre de l’initiative présidentielle du programme d’appui aux activités économiques de 300 groupements féminins (PAAEF) à travers la Guinée. Il vise à promouvoir l’autonomisation des femmes.

Dans le cadre de l’immersion gouvernementale à l’intérieur du pays, le ministre des Transports et son homologue de l’enseignement supérieur ont lancé en juin dernier des panneaux lumineux de signalisation pour réguler le trafic routier à Mamou. Une prouesse des étudiants du département instrumentation et mesures physiques de l’Institut supérieur de technologie. Ces panneaux sont installés au grand carrefour de Luna, au cœur de la ville.

Le ministre des Infrastructures et des Transports, Yaya Sow avait salué l’initiative avant de faire des promesses aux inventeurs en ces termes : « c’est un dispositif qui va permettre de réguler le trafic entre les piétons et les véhicules. Nous allons accompagner les concepteurs en passant des commandes pour d’autres villes.

De son côté, Dr Diaka Sidibé, la ministre de l’Enseignement supérieur, très dithyrambique envers l’inventeur, ses étudiants et son institut, s’est réjouie des résultats déjà engrangés : « nous sommes très honorés de voir aujourd’hui que notre pool technologique qui est l’IST de Mamou est en train de faire de belles innovations avec l’appui des enseignants et des étudiants. Il faut dire que l’innovation est au cœur des programmes et projets que nous engageons dans nos Institutions. »

Après l’installation des membres du CNT (Conseil national de la transition), une délégation de l’Institution a conféré avec les citoyens de Mamou, au mois de mars dernier, sur leurs attentes à la transition et à la nouvelle Constitution. Sorel Kéita, membre du CNT, avait planté le décor de cette mission à l’intérieur du pays en ces termes « Nous avons estimé qu’il était important d’écouter les envies, les rêves et les critiques de chacun des enfants de ce pays. En réalité, d’abord les populations locales. Pour que la Guinée réussisse, il faut la participation de tous».

Prenant la parole, à tour de rôle, des responsables, personnalités et des citoyens anonymes ont exprimé leurs attentes et projet de loi pour la nouvelle Constitution.

Des doutes sur les ambitions du CNRD concernant la durée de la transition ont plané lorsque le commandant de gendarmerie, Jean-Balla Onivogui, sous-préfet de Ourékaba, a été convoqué par sa hiérarchie pour avoir proposé une période transitoire de deux ans.

Quand la popularité du CNRD baisse

Le côte de popularité des nouvelles autorités ont baissé lorsque, le 20 avril, la campagne de récupération des domaines du patrimoine bâti et non bâti de l’État fut lancée à Mamou. Pour la première journée, l’opération a consisté à l’identification et au marquage des différents sites.

Les occupants de la zone des chemins de fer (entre la route nationale et le marigot de Kimbely) d’où sont construits des boutiques, kiosques, restaurants ont été sommés de quitter les lieux dans les 48 heures qui suivent.

Lancée en toute pompe sans état d’âme, la rentrée en action de la pelle mécanique a créé de vives émotions chez la population de Mamou. Des citoyens ont observé leur boutique rasée ou une partie de leur maison décapitée. Plusieurs boutiques, situées le long de la route nationale, du quartier Madina Scierie au quartier Pétel sur une distance de 8 kilomètres étaient concernées par la démolition.

Rien n’a été épargné. La cour de la mosquée de la conserverie, la cour de l’école primaire de la conserverie, la cour de l’EDG, la cour du siège de l’UFDG, les kiosques de la gare routière de la conserverie, bref tout a été mis à sac en présence des curieux. Au quartier Petel, une altercation a éclaté entre des jeunes opposés à la démolition et les agents des forces de l’ordre qui ont fait usage de gaz lacrymogène pour permettre à la machine d’avancer. Des interpellations ont été enregistrées. C’était là, le premier accrochage à l’ère CNRD à Mamou.

Ces boutiques démolies représentaient une source importante de recettes pour la mairie de Mamou. Chaque boutique payait par mois à la mairie la somme de 15000 gnf. Donc, c’est une importante manne financière pour la mairie qui s’est envolée.

Pour compenser cette perte, le conseil communal de Mamou, qui avait pris ses distances aux opérations de démolition, a procédé à la signature d’un contrat avec le bureau du syndicat CNTG des conducteurs de mototaxi pour que dorénavant chaque taxi-motard paie mensuellement à la mairie la somme de 15000 gnf. Ainsi, le bureau de la CNTG qui dispose de beaucoup plus de membres, va verser chaque mois 3 millions. Quant au bureau de l’USTG, il doit payer un montant mensuel de 1 million 500 mille francs.

Dans un décret lu à la télévision nationale dans la nuit du 27 août 2022, plusieurs conseils communaux du pays ont été dissous pour mauvaise gestion et détournement des deniers publics. A Mamou, c’est la commune urbaine, la commune rurale de Konkouré et celle de Ourekaba qui sont concernées.

Les mis en cause disent ne se reprocher de rien.

A la mairie de Mamou, Elhadj Amadou Tidjane Diallo, le maire de la commune, déçu informe «depuis deux ans, nous n’avons reçu aucune mission d’inspection. Ce dont nous sommes accusés ne se justifie pas».

Dans le même décret, il est demandé au ministère de l’Administration du territoire et de la Décentralisation d’y installer des délégations spéciales.

Des résultats catastrophiques des examens scolaires

A l’instar des autres préfectures du pays, Mamou a enregistré aussi un taux d’échec sans précédent aux différents examens nationaux. CEE 347 admis sur 6474 inscrits. BEPC 197 admis sur 2463. BAC 60 admis sur 695 inscrits pour toutes options confondues.

La colère dans la rue pour le retour à l’ordre constitutionnel

Plusieurs jeunes ont été interpellés suite à une spontanée manifestation nocturne du jeudi 4 août dans les quartiers Horé-Fello et Pétel. Les manifestants affirmaient répondre à un appel à manifester du FNDC, tout en ignorant que la dite manifestation avait été reportée par la coordination nationale du FNDC, qui, suite à la sollicitation du président Bissau-guinéen et président de la CEDEAO, Umaro Sissoco Embalo, avait accepté de suspendre, pour une durée d’une semaine, les manifestations de rue et sur les places publiques afin de donner une chance à la médiation de la CEDEAO menée par l’ex-président Boni Yayi.

Le procès des jeunes interpellés a ouvert le 10 août au tribunal de première instance de Mamou. Ils étaient poursuivis pour participation délictueuse à un attroupement, coups et blessures volontaires, destruction de biens privés, trouble à l’ordre public. A la barre, tous les prévenus ont rejeté les faits portés contre eux.

Dans sa décision, Oumar Diallo, le président du tribunal, a déclaré trois personnes non coupables des faits mis à leur charge et les a renvoyé des fins de la poursuite pour délits non imputables.

Par contre le président du tribunal a déclaré, quatre autres coupables de participation délictueuse à un attroupement à eux reprochés et les a condamnés à 6 mois d’emprisonnement dont deux mois ferme et 4 mois de sursis et au paiement de 200 000 francs d’amende chacun. Le président a condamné deux autres à 3 mois d’emprisonnement ferme et à 300 000 d’amende chacun. Et un dernier à 6 mois d’emprisonnement ferme et à 400 000 francs d’amende.

La défense s’est dite soulagée de la décision du président du tribunal. Par conséquent, elle ne va pas interjeter appel.

De l’insécurité, on en parle toujours

En dépit des dispositions prises afin de rendre nos routes plus sûres pour les usagers, les braquages sont toujours récurrents à Mamou. Des attaques sont perpétrées nuit et jour faisant de pertes en vie humaine, des blessés et de fortes sommes d’argent emportées.

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