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La RTG en deuil : Mamadou Dia s’en est allé-Témoignages

Un appel du directeur de Horoya, ce dimanche 1er juillet, Allassane Souaré m’annonça le décès de « Kotö Dia », que j’ai entendu depuis l’adolescence sur les antennes de la Voix de la Révolution, dans les débuts des années 70. Il était avec Mohamed Lamine Chérif à présenter le journal parlé avec des voix nonchalantes et monocordes.

On s’est rencontré pour la première fois en 2008, à l’ambassade de Chine, pour nos formalités de voyage, à l’occasion du 5ème séminaire d’information à l’intention des officiels de la presse africaine. Je ne l’avais jamais vu et connu auparavant. « Moïse, ça va ? »  — ça va, et vous ? Vous êtes qui ? Mamadou Dia, de la RTG.— Vous êtes une voix célèbre—Et vous, vous être une célèbre plume »…

On ne s’est jamais quitté pendant 3 semaines remplies, durant tout notre séjour en Chine. Je le réveillais tous les matins pour descendre au restaurant, juste avant le départ pour les différentes randonnées, qui étaient, en réalité, des visites touristiques et d’agréments, pour découvrir ce pays merveilleux. Les autorités chinoises avaient tout ménagé pour nous éblouir en nous amenant sur des lieux les plus beaux.

Mon compagnon était aux anges et se mettait à chanter des vieilles chansons françaises, il en a une discothèque bien fournie. Ça beaucoup de Guinéens connaissent. Par contre, ce que pas beaucoup ne connaissent, Dia a la phobie des hauteurs : lors de la visite chez le Bouddha géant, une statue millénaire de plus de 70 mètres, creusée et sculptée dans la roche, il fallait descendre cette hauteur et la remonter par des escaliers creusés dans la montagne. Parmi la centaine de visiteurs de ce jour, Kotö Dia avait rampé, tellement il avait le vertige. Il acquit le sobriquet de « Panda rampant ». Lors de la visite de la haute tour de Shanghai, au centième étage, on voyait à travers le plancher en verre translucide des voitures comme des petites boites d’allumettes. Nos guides l’avaient foulé sans hésiter, pas nous. Un autre nous a dépassés en martelant de ses souliers le plancher et on a osé ; Dia marchait comme sur des œufs. Je vins derrière et lui secoua le bras en criant : Ya !, pour lui faire peur. Il a sursauté avec des yeux exorbités, mais n’a rien dit, s’en était accommodé sans se formaliser.

C’est pendant ce temps qu’il m’a parlé de la Révolution et  d’un certain Malick Condé, son meilleur ami. A la question de savoir qui était ce Malick Condé, il dit que c’est le jeune frère de Alpha Condé. Je saurai que Mamadou Dia est resté reconnaissant et fidèle à la Révolution, il parlait de Sékou Touré avec beaucoup de nostalgie. C’est le genre d’humain qui, une fois lié d’amitié avec un autre, cultive sans cesse les sentiments.

 Franc et sincère, il a formé beaucoup de jeunes au métier des médias et a acquis tout leur respect, tous l’appellent « Kotö Dia », même ceux qui ont l’âge de ses enfants, ou même certains qui lui sont plus âgés.

Mamadou Dia a gravi toutes les marches de sa profession, jusqu’à être directeur général de la RTG-Koloma, après son voyage en Chine. C’est un cadre intègre qui s’en est allé. Je suis content de l’avoir connu et d’avoir échangé beaucoup d’amitié avec l’homme et triste de le perdre.

Dors en paix, cher ami et grand frère !

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