Les cireurs de chaussures restent invisibles dans la cité de Kissi Kaba Keita. Et pourtant, dans les temps encore pas lointains, des petits cireurs étaient visibles dans les cafés et autres bistrots, dans les bureaux administratifs, au bord des routes. Ce qui n’est plus le cas à Kissidougou en ce moment, a-t-on constaté sur place.
Laye Mamady Camara, fonctionnaire à la retraite déplore ce manque de cireurs dans la ville: »par rapport à la rareté des cireurs de chaussures à Kissidougou, le phénomène est inquiétant pour nous. On ne voit pas les cireurs présentement, nos chaussures sont sales à tout moment. Maintenant, on est obligé de chercher tout le matériel lié à ça, afin qu’on puisse cirer nos chaussures à la maison. »
Quant à Moussa Kamano, activiste de la société civile, il précise: « la rareté est visible. Mais, moi je comprends la cause. Avant, le taux d’analphabétisme était trop élevé, les enfants étaient obligés de cirer les chaussures parce qu’ils ne partaient pas à l’école. Maintenant, à l’heure où nous sommes, tout le monde envoi ses enfants à l’école« .
Enfin, Mamadou Barry, cireur de chaussures en même temps marchand ambulant, justifie cette pénurie de cireurs : « vraiment les cireurs sont invisibles ici. Moi, quand je suis arrivé à Kissidougou, je voulais être un charretier mais je trouvais que le travail là était dur. Donc, j’ai opté pour cirer les chaussures. J’ai pu avoir une petite économie. j’ai fait une table de vente de cigarettes. Maintenant, je suis là avec plusieurs articles. C’est ici que je gagne la dépense, parce que je suis marié et père de deux enfants. Et j’envoie de l’argent pour ma famille au village. Vraiment, les enfants d’aujourd’hui sont paresseux. Ils préfèrent aller perdre leur temps au damier, au niveau des kiosques de jeu de hasard. Moi, quand j’étais cireur, je gagnais par jour entre vingt mille et 50 mille. Donc je continue toujours à cirer les chaussures et j’en suis fier », s’est-il conclu.