A Kindia, on continue de donner en mariage les fillettes malgré les séries de campagnes de sensibilisation dans la région. Et cela, bien sûr, avec la complicité des parents. Face à cette réalité qui prend de l’ampleur, les autorités ne sont pas restées bras croisés…
Les jeunes filles dont l’âge varie entre 15 et 17 ans sont aujourd’hui victimes du mariage précoce sans leur consentement. Ce qui n’est pas fait pour laisser les autorités indifférentes… Pour la Directrice Régionale de l’Action Sociale, de la Promotion Féminine et de l’Enfance, ces genres de mariage sont fréquemment célébrés dans les lieux de culte.
«Je suis désolée de dire qu’actuellement dans nos différentes mosquées, on célèbre le mariage sans demander l’âge de la fille. Il y a certains parents qui changent même la date de naissance de leurs filles. Nous avons accentué ces derniers temps la sensibilisation dans ces lieux de cultes pour faire comprendre aux parents les conséquences néfastes sur nos filles », explique Aicha Bah, Directrice Régionale de l’Action Sociale.
Les professionnels de santé soutiennent de leur côté cet avis. «Chaque fois que nous recevons des adolescentes malades, nous sensibilisons nos parents d’éviter de donner les filles en mariage si elles n’ont pas l’âge. Si une fille n’a pas son organe en maturité, ça lui crée des problèmes quand elle commence à procréer », affirme Dr Maurice Béavogui, un médecin gynécologue.
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Et le code pénal guinéen n’est pas muet sur le sujet ! La loi condamne le mariage précoce. Mory Fodé Bangoura, juriste et point focal au niveau du Tribunal de Première Instance de Kindia donne des précisions: «lorsque vous regardez dans le code pénal guinéen, notamment les articles 319, 320, 321, 322, le mariage précoce est interdit et les sanctions sont prévues. Ces sanctions vont de 3 mois à 1 an de prison… Alors, il faut que cette loi soit appliquée pour dissuader les acteurs et freiner ce fléau. Il faut que les gens soient dénoncés et sanctionnés », préconise-t-il.
Quant à la Gouverneure de la région de Kindia, elle pense que l’implication de tous les acteurs, notamment les religieux, les professionnels de santé et ceux de l’administration publique est importante pour réduire le taux de mortalité maternelle. «Aujourd’hui, notre région est en avance dans la lutte contre le mariage précoce. Cela ne signifie pas qu’il n’y en a plus ! Les autorités administratives, sanitaires et religieuses doivent se donner la main afin d’inverser la tendance», dira Mme Sarangbé Camara, Gouverneure de Kindia.
«Nous voulons nous impliquer, et impliquer nos imams en prêchant dans les mosquées, sensibiliser dans les mariages et les cérémonies de baptême afin que nous œuvrons tous pour la santé de nos filles. La religion musulmane dit que la fille doit être mariée à l’âge de 18 ans et c’est la même chose qui est aussi prévue dans le code civil. Donc, nous sommes d’accord que cela soit appliqué», soutient M. Souleymane Yansané à l’Inspection Régionale de la Ligue Islamique de Kindia.