Au niveau de la Cour Suprême, Kassory Fofana a été reçu par le Premier président de l’institution, Mamadou Sylla «Syma». Lors de cet entretien, il lui a dit combien de fois il est préoccupé par le climat des affaires en Guinée.
« La bonne ou la mauvaise décision détermine la qualité de bonne destination ou non du pays. C’est extrêmement important. Lorsqu’une décision incorrecte est donnée au nom des principes judiciaires, que souvent j’ai du mal à comprendre, l’impact sur le pays peut être dramatique. Un investisseur mal traité est un mauvais signal à l’ensemble de ses partenaires de son pays, de sa corporation, parfois de son secteur. L’intérêt donc du gouvernement que je dirige est que nous essaierons, tout en préservant votre indépendance d’action et d’opération, de tenter souvent de vous approcher, de communiquer, de dialoguer avec vous pour que ces aspects liés au retard dans la procédure, je ne dirai pas mauvaises décisions, mais quelques éléments qui puissent impacter négativement la bonne décision [soient corrigés]», a expliqué Ibrahima Kassory Fofana.
Plus loin, il prévient le Premier président de la Cour Suprême qu’il va souvent interpeller son institution sur certaines situations : «Sans chercher à interférer dans les affaires judiciaires, nous essaierons souvent de vous interpeller, de vous donner notre point de vue sur les sujets de manière à vous faciliter les prises de décision les plus correctes au sens de l’intérêt de la Guinée, de l’intérêt des partenaires avec lesquels nous travaillons. Cet aspect est très important pour nous parce que nous nous fixons pour objectif d’arriver à prendre, franchement, le leadership économique en termes de croissance de la région. Nous pouvons le faire si on a un climat des affaires favorable. Et le climat des affaires favorable suppose une justice solide, une justice responsable et une justice qui rassure les justiciables. Sur cet aspect là, je vous pris d’accepter que je vous dérange souvent pour que nous puissions, ensemble, pousser l’agenda du gouvernement sur l’amélioration du climat des affaires. Ce n’est pas regarder qui fait quoi, mais c’est y compris les conditions qui vous permettent de mieux travailler, la formation de vos agents, la facilitation de l’accès à l’information, l’équipement de votre institution. »
Dans son intervention, le président de la Cour suprême a tenu à prévenir le Premier ministre de certaines habitudes : « Quelqu’un qui vient vous voir pour donner sa version ne vous donnera jamais les explications au terme desquelles vous allez lui dire qu’il a tort. »
Mamadou Sylla a demandé à Kassory d’aider l’Agent judiciaire de l’Etat à payer les honoraires des avocats qui le représentent dans les audiences : « je vous rassure que l’Agent judiciaire de l’Etat est toujours appelé, à travers ses avocats, à participer à tous les procès. Souvent, il y a des problèmes entre lui et les avocats notamment pour le paiement des honoraires. Là aussi, peut-être si vous donnez un coup de main à l’Agent judiciaire de l’Etat pour que ses avocats soient contents de lui cela peut aider la justice. Parce que l’absence des avocats de l’Agent judiciaire de l’Etat pose parfois des problèmes. »
Ces problèmes, selon le ministre de Justice, Me Cheick Sako, ont fait que la Guinée a été récemment condamnée à la CEDEAO : « il faut que l’Agent judiciaire de l’Etat soit présent par le biais des avocats. L’agent judiciaire a souvent été absent des procès. Donc l’Etat se faisait condamner par les magistrats et c’est aux magistrats qu’on jetait la pierre. Et puis, nos collègues des finances avaient du mal à décaisser quelques fois des demandes à minima qu’on faisait pour payer les avocats de l’Etat. Un avocat de l’Etat qui n’est pas payé ne va pas à l’audience. Tout récemment, on a été condamné par la CEDEAO à Abuja parce que tout simplement l’avocat n’a pas pu aller à Abuja, parce qu’il n’a pas reçu ses honoraires. Et ça ce n’est pas acceptable. »
Voilà des situations auxquelles le nouveau Premier ministre devra faire face.