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Justice-Magistrature : les Tounkara, la fratrie qui fait des émules

 L’aîné est président du tribunal de première instance de Kaloum. Alors que le cadet préside celui de Dixinn. Dans le milieu judiciaire, les frères Ibrahima Sory Tounkara font forte impression. Lancé par Me Cheick Sako, alors ministre de la Justice d’Alpha Condé, ils ont su marquer les esprits de par leur capacité d’écoute, leur esprit d’analyse et surtout leur connaissance de la loi. « Ce que je retiens de lui (Ibrahima Sory I Tounkara), c’est que c’est un homme de conviction, un magistrat imperturbable. Nous sommes dans le système judiciaire guinéen où des pressions sont souvent exercées sur les magistrats, mais lui il s’est toujours démarqué des pressions politiques, il est très indépendant dans sa tête », témoigne Me Morlus Sylla, membre du conseil de l’ordre des avocats de Guinée. Et d’enchaîner : « quant à son jeune frère, l’actuel président du tribunal de première instance de Dixinn, c’est un jeune qui a une très bonne probité, quelqu’un de très serein ».

Des produits de l’école guinéenne

Ce qui impressionne surtout l’avocat, comme d’ailleurs la plupart de ceux qui les ont pratiqués, c’est que les deux frères n’ont pas eu besoin de sortir de très grandes écoles de magistrature pour se démarquer. « Certes ils ont bénéficié de formation dans certains domaines précis, mais la base a été acquise ici. Cela démontre qu’on n’a pas à banaliser tout ce qu’on reçoit ici comme formation », souligne Me Sylla qui croit qu’on peut naître, grandir et étudier en Guinée et réussir dans ce que l’on fait.

La nomination du cadet, le 11 septembre dernier, comme président du tribunal de première instance de Dixinn – en prélude à l’ouverture du procès sur les tueries, viols, pillages et séquestrations du 28 septembre 2009 – pouvait être considérée comme une consécration.

Nommé pour présider le procès dit du 28 Septembre, Ibrahima Sory 2 Tounkara honore le choix de Charles Wright. Serein, le jeune juge impose le respect et s’est montré à la hauteur de l’évènement. En tout cas jusque-là. Même si chez les avocats de Dadis, on a parfois constaté des tentatives de musèlement de sa part.

Avant le tribunal de Dixinn, Ibrahima Sory 2 Tounkara a été président de la section correctionnelle du tribunal de première instance de Mafanco, puis, successivement, président des tribunaux de première de Macenta, Mamou et Coyah.

Inspiré par son grand-frère 

Le parcours de cet enfant de Kaloum (il est né et a grandi à Kaloum comme son frère) commence en 2007 au Centre de formation et de perfectionnement judiciaire dont il est de la première promotion. Tout comme son grand frère Ibrahima Sory 1 Tounkara. Les deux ont passé le concours d’admission à la magistrature la même année avant d’intégrer le CFJ. Cependant, c’est bien le grand frère qui a été le premier à étudier le droit à l’université. Issu de la 35ème promotion de l’Université Gamal Abdel Nasser de Conakry, Ibrahima Sory 1 Tounkara a fait quatre ans de stage informel dans les tribunaux guinéens avant d’intégrer la magistrature par voie de concours. Une ténacité qui prouve son amour pour la magistrature. Et il ne regrettera pas son choix. Sa carrière sera véritablement lancée par Cheik Sako, qui après avoir détecté son talent, le nomma président de la section correctionnelle du tribunal de première instance de Kaloum. Il sera ensuite nommé président du tribunal de première instance de Dubréka avant de revenir comme président du tribunal de Kaloum le 29 décembre 2021.

Avant le très médiatisé procès du 28 septembre, c’est bien Ibrahima Sory I Tounkara qui était le mieux connu de la fratrie. En fait, c’est lui qui a géré quelques dossiers plus ou moins médiatisés comme l’affaire Coton dans laquelle étaient impliqués les anciens ministres Ousmane Doré et Mahmoud Camara, l’affaire Sékouba Konaté et Roda Fawaz contre  Bouna Keita  ou encore l’affaire Orabank contre MTN Areeba.

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