Après deux jours de violences ayant causé des dizaines de morts, dit-on, le calme est revenu dans la ville de N’Zérékoré suite à l’instauration d’un couvre-feu. On parle de disparition de corps de victimes et dénonce des arrestations arbitraires. Ce qui suscite des réactions de part et d’autre.
S’exprimant sur cette crise au micro de Guinéenews@, Jacques Gbonimy, le président de l’Union pour le progrès de la Guinée (UPG) et originaire de la région de N’Zérékoré, déplore non seulement ces violences, mais il dénonce des arrestations arbitraires et estime que les Colonels Pivi et Tiégbro, tous fils de la région, ne sont pas qualifiés pour un maintien d’ordre dans la région.
D’entrée de jeu, le président de l’UPG est revenu sur l’origine de ces violences qui ont conduit à des incendies lieux de culte : « On a organisé des élections le 22 mars, mais avant ces élections, il y a eu des cas de violences un peu partout sur l’entendue du territoire national. Et ce qui est arrivé le jour du vote à Conakry et dans d’autres villes s’est poursuivi à N’Zérékoré. Parce que le mot d’ordre du FNDC était d’empêcher le vote. C’est vrai qu’à N’Zérékoré, par endroits, des bureaux de vote ont été empêchés, mais dans l’après-midi du 22 mars, c’est un bureau de vote qui a été empêché au quartier Bellevue et qui a occasionné des échauffourées entre pros et anti-constitution.
A N’Zérékoré déjà, les autochtones avaient dit que si Dadis ne venait pas, ils ne vont pas voter. C’est ainsi que ces échauffourées ont conduit à la blessure d’un vieux Konianké qui a été transporté à l’hôpital et qui a succombé à ses blessures. Et, ces proches se sont finalement lancé dans la bataille en brûlant d’abord l’hôtel Amazone situé tout près du bureau de vote où il y a eu les échauffourées.
Par la suite, ils se sont attaqués aux maisons et aux personnes. Ça s’est poursuivi toute la soirée. Et c’est dans la soirée du 22 mars qu’une Eglise a été brûlée à Horoyah et la grande Eglise protestante de Dorota par la suite », a-t-il rappelé avant de s’interroger sur le motif qui pouvait amener à s’attaquer à des Eglises pour une question électorale.
Poursuivant sa narration, Jacques Gbonimy explique que le lendemain du vote, les violences ont continué. Il déplore que des dispositions n’aient pas été prises dès le départ pour épargner les vies humaines. Puisqu’il a fallu, dit-il, attendre que les villages voisins entrent dans la danse le 23 mars dans la soirée pour instaurer le couvre-feu et commencé les arrestations.
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Plus loin, le leader de l’UPG désapprouve l’implication des Colonels Pivi et Tiégbro dans le règlement des conflits à N’Zérékoré: « On a aussi appris que le Col Pivi, qui était en campagne du RPG à N’Zérékoré, a été rappelé le même 22 mars pour rejoindre Conakry, on ne sait pour quel motif. En tant que Colonel, on ne sait pas comment un militaire peut se retrouver dans la campagne d’un parti politique. Donc Pivi rappelé, on apprend aussi que c’est le colonel Tiégbro qui est allé pour le maintien d’ordre.
Vous vous rappelez qu’en 2013, les mêmes élections législatives ont été émaillées de violences à N’Zérékoré et ce sont étendues. Finalement, c’est Pivi et Tiégbro qui étaient allés pour la mission de maintien d’ordre. Et vue que les deux communautés qui s’affrontent sont les Guèrzés et les Koniankés, Pivi est lié aux Guèrzés et Tiégbro est lui-même Konianké.
Donc pour nous, les deux sont disqualifiés pour faire un maintien d’ordre à N’2erékoré parce que c’est entre leurs parents. Et 2013, ils se sont quittés à queue de poisson. On ne comprend pas pourquoi maintenant on prend encore le même Tiégbro pour aller faire le maintien à N’Zérékoré. Je pense que les deux colonels sont disqualifiés pour une mission de paix à N’Zérékoré parce qu’ils sont des parties prenantes au conflit qui est à N’Zérékoré », estime M. Gbonimy.
Si le calme est revenu dans la cité, Jacques Gbonimy dénonce des arrestations arbitraires. Selon lui, toute personne habillée en tenue traditionnelle Guèzée et portant des amulettes est arrêtée alors que tel ne serait pas le cas chez les Dozos, ajoute-t-il.
Le président de l’UPG prône une justice équitable. « Ceux qui ont cassé les concessions et qui ont tué des gens, qu’ils soient pro ou anti-constitution, doivent être arrêtés et traduits en justice pour être jugés. Donc nous voulons une justice pour tous », a-t-il souligné.
Aux autorités de N’Zérékoré, il demande de prendre leur responsabilité pour mette fin à ces violences perpétuelles dans la zone.
Et pour cela, Jacques Gbonimy estime que les fils de N’Zérékoré, qu’ils soient de la mouvance ou de l’opposition, doivent se retrouver et se parler franchement. Même s’il faut mettre en place un système de vérité et réconciliation afin que la paix revienne dans la région. « Parce qu’aujourd’hui on ne peut pas séparer Guèrzés et Koniankés. C’est vrai que les deux ethnies sont affichées, mais à côté, il y a des Manons, des Konons et autres qui sont tués. Donc tout le monde est concerné par ces tueries et par ces casses. Dans une Eglise, il n’y a pas que les Guèrzés qui prient, c’est tout le monde », a conclu le président de l’UPG tout en insistant sur un dialogue franc entre les fils de N’Zérékoré pour un règlement définitif du conflit.