Pour soulager le panier de la ménagère alors que le mois de ramadan se pointe à l’horizon, le Gouvernement de la transition a décidé en début de ce mois de mars, de suspendre l’exportation des denrées de première nécessité dont entre autres le piment, l’aubergine, le fonio, la tomate fraiche, le gombo, la farine de manioc, pour ne citer que celles-ci. Une initiative qui ne fait pas que des heureux à N’Zérékoré. Si elle est salutaire pour les ménagères, c’est le contraire chez les commerçantes maraichères rencontrées au marché central de la ville, ce mercredi 15 mars 2023.
« Si le Gouvernement interdit l’exportation de nos marchandises vers l’extérieur ça va jouer sur notre économie. C’est le piment que je vends et c’est abondant chez nous ici. Donc, il faut envoiyer d’autres à l’extérieur pour que nous puissions avoir les bénéfices. Et c’est d’ailleurs ce qui va encourager les planteurs. C’est ce que nous faisons. Nous ne sommes pas du tout satisfaites de cette décision du Gouvernement. Si nos marchandises restent ici, ça risque de se gâter. Je demande aux autorités de revenir sur cette décision pour nous aider. Nous avons aussi des familles à nourrir », a plaidé Juliette Haba, vendeuse de piment.
Même cri de cœur chez Rosaline Théa, vendeuse d’aubergine : « Ce que le gouvernement fait là ne nous arrange pas du tout. Si nous exportons vers Libéria, nous aurons nos bénéfices. Mais le prix n’est pas bien avec ceux de Conakry et de Siguiri. Nos clients du Libéria peuvent prendre un sac de 600 mille jusqu’à 800 mille. Si les clients de Conakry payent, ça ne dépasse pas 500 mille. Par fois même c’est à 350 mille ils prennent. On ne peut pas tout payer ici et si ça dure avec nous alors qu’on n’a pas de moyens adéquats pour la conservation de nos marchandises, ils risquent de pourrir avec nous. Je demande au Gouvernement de nous aider ».
Cependant, l’interdiction d’exportation des denrées de première nécessité pour une période de trois mois est une bouffée d’oxygène pour les ménagères qui apprécient d’ailleurs l’initiative.
« Je penses que c’est une bonne décision que le Gouvernement a prise pour soulager la population. Les commerçants aussi doivent comprendre que c’est le fait d’exporter dans les autres pays qui fait qu’il y a souvent une augmentation des prix de nos denrées alimentaires. Et nous qui venons acheter souffrons avec cette situation. Il faut chaque fois augmenter la popote avec cette conjoncture actuelle, ce n’est pas facile. Si l’argent qu’on envoie au marché n’est pas suffisant ça nous fatigue vraiment », s’est réjouie Pauline Loua.
« Le marché est très cher actuellement. Sur tout avec ce mois de carême et le ramadan qui arrive, c’est compliqué. Je suis venu avec 20 000 GNF mais je ne sais quoi acheter. Tout est cher. Il faut que les commerçants respectent cette décision du Gouvernement pour nous soulager tous », a déclaré Kole Guilavogui.
Le président de la chambre régionale du commerce étant l’interface entre les commerçants et l’Etat tape du poing sur la table avant de rassurer les consommateurs.« C’est une décision du Gouvernement et c’est pour seulement trois mois. Et cette décision a été prise au bon moment. Si nous laissons sortir les denrées alimentaires alors que nous sommes à l’approche du ramadan, qu’est ce que la population va dire ? C’est souvent le moment où tout le monde pleure. Donc si les femmes disent qu’elles ne sont pas d’accord avec cette décision, c’est qu’elles ne sont plus avec moi. Ce sont ces condiments qu’on a besoin.
Ce sont ces commerçantes-là qui se lamentent chaque fois soi-disant qu’elles n’ont pas de bénéfices. Nous les commerçants, devons avoir pitié de la population surtout en ces mois de pénitence. C’est pareil chez les autres commerçants aussi. Pas que les vendeuses de condiments. Au cas contraire, ils seront tous poursuivi. Je puis vous rassurer que les prix ne vont pas augmenter. Le prix qui a été fixé avant le carême qui va continuer jusqu’à la date limite de cette décision », a martelé Makan Camara, président de la chambre régionale du commerce, de l’industrie et des PME.