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Interdiction des filets monofilaments : la décision diversement appréciée par les acteurs

Dans un décret publié, le 03 janvier dernier, le gouvernement guinéen a interdit, sur toute l’étendue du territoire national, l’utilisation, l’importation, la fabrication et la vente de filets de pêche monofilaments en nylon.  Pourtant, c’est l’un des types de filets les plus utilisés par les pêcheurs artisanaux.
Au port de pêche de Boulbinet, les pêcheurs ont des avis partagés sur cette décision. C’est le cas d’Alhassane Daffé, pêcheur au dit port. “Cette décision (décret) du gouvernement est plus ou moins bonne parce que de nos jours beaucoup de personnes se nourrissent de la pêche. Il y a deux choses pour appliquer cette décision. Ils peuvent dire que ces filets ne sont pas bons et dire les conditions dans lesquelles cette décision peut être appliquée.
Mais pour le moment, ça ne peut s’arrêter d’un seul coup. Ils peuvent dire qu’il y a de ces poissons qui sont petits et ne peuvent pas être attrapés, ou dire qu’ils ont interdit les petits filets. Parce qu’il y a des filets à 4 bracelets ou trois. Ils peuvent dire que les filets portant plus de deux ne doivent pas être utilisés. J’ai été dans les pays étrangers. Ceux ci n’utilisent que les filets à deux bracelets. Donc, ils peuvent le faire également ici ou interdire l’utilisation. Mais qu’ils nous cherchent des filets qui feront qu’on ait d’autres filets. Pour l’instant, cette décision ne peut être appliquée”, dit-il.
De son côté, un autre pêcheur et armateur du port de Boulbinet, Oumar Seck, estime que cette décision jouera non seulement sur les pêcheurs mais également sur la population guinéenne.
La quantité de poissons que ces filets monofilaments en nylon pêchent est plus que les autres filets. Aujourd’hui, de Kamsar à Conakry, ce filet nourrit à 100% la population guinéenne. Donc, la pêche industrielle ne peut pas faire cela. Si on arrête l’utilisation de ces filets, tout le monde sera impacté. Il n’y a pas de pêcheurs en Guinée. Les pêcheurs professionnels qui sont là sont des étrangers (sénégalais, Léonais et autres).  Les trois mois de préavis peuvent marcher mais si ça arrive, l’Etat même verra que la pêche ne sera plus rentable puisque  tous les ports en Guinée travaillent avec ces filets”, explique-t-il.
Contrairement aux pêcheurs. Sékouba Conté, le vice-président de l’Union nationale des pêcheurs de Guinée salue cette décision après plusieurs tentatives pour interdire ces filets.
Ce dernier pense qu’enfin, cette décision du gouvernement sera appliquée avec l’installation d’une Direction.  “La décision est salutaire et elle est la bienvenue pour nous pêcheurs artisans de Guinée parce que nous savons combien de problèmes ces filets nous ont posé. C’est un filet non approprié dans le domaine de la pêche. Nous avons tout fait pour que ces filets soient interdits mais sans succès.
C’est la réglementation qui manque dans ce domaine. Il nous faut une Direction nationale de la pêche nationale parce que tant qu’il y a fusion entre la pêche artisanle et la pêche industrielle, la première sera laissée pour compte”, déplore-t-il.
Il faut rappeler que l’interdiction de l’utilisation, de l’importation, de la fabrication et de la vente de ces filets de pêche monofilament en nylon n’entreront en vigueur qu’à partir du mois d’avril prochain.
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